Après le machinisme agricole, avec ses tracteurs et moissonneuses-batteuses, place à la robotique agricole et ses machines autonomes (sans chauffeur) ! De plus en plus sophistiqués, ces robots sont déjà dans les champs pour "réaliser des tâches répétitives et éviter de soumettre des personnes à des risques pour leur santé", assure Luc Valentin, consultant en gestion d'exploitations au sein du cabinet américain Labache Ag et intervenant au Forum International de la Robotique Agricole (FIRA), dont la deuxième édition s'est tenue les 29 et 30 novembre au Quai des Savoirs de Toulouse.

"A court terme, les tâches les plus pénibles et dangereuses seront accomplies par les robots : désherbage, pulvérisation de produit de biocontrôle, transport de matériel et assistance à la récolte", confirme Roland Lenain, directeur de recherche à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA).

Moins d'agriculteurs mais plus de sociétés spécialisées

Pour faire face à ces évolutions, qui "demanderont des connaissances différentes et un niveau technique plus élevé" selon Luc Valentin, les agriculteurs ou leurs sous-traiteurs devront désormais posséder des compétences en ingénierie. Par ailleurs, "moins de personnes devront travailler en agriculture ou travailleront sur des taches différentes". Conséquence ? S'ils ne représentaient en 2016 que 3,6% de la population active selon la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) - (soit 900 000 personnes contre 4 millions en 1963), les agriculteurs pourraient être encore moins nombreux dans les années à venir.

En revanche, les sociétés françaises spécialistes du secteur sont de plus en plus nombreuses. Créée en 2011, la start-up toulousaine Naio Technologies, à l'initiative du FIRA, commercialise aujourd'hui des robots autonomes de désherbage pour le maraîchage (appelés Oz et Dino), ainsi que pour les vignes (Ted).

Conséquences pour l'environnement et l'alimentation

Toujours en France, VitiRover commercialise un robot-tondeur qui remplace les désherbants chimiques dans les vignes. Outre la réduction de l'exposition aux risques pour les agriculteurs, ces machines nouvelle génération permettent donc aussi de réduire l'utilisation des produits à fort impact environnemental. Autant de changements qui ont également des répercussions positives sur l'alimentation.

Elle gagnera en "qualité et sécurité" mais aussi en quantité, d'après Roland Lenain : "les capacités de travail des robots permettront des passages plus fréquents pour obtenir des récoltes avec des stades de maturité optimales".

A l'international, de nombreuses entreprises spécialisées fleurissent aussi. "L'Allemand Fendt et l'Américain Case IH ont conçu des tracteurs autonomes. En Australie, l'Université de Nouvelle-Galle du Sud se penche sur le sujet. Le Japon travaille aussi sur l'automatisation d'enjeux agricoles", énumère Roland Lenain. Avant de réfléchir à des projets encore plus aboutis, qui pourraient doter ces robots d'intelligence artificielle leur permettant d'accomplir des tâches par eux-mêmes, "comme reconnaître les mauvaises herbes", prédit Luc Valentin.