L'exploitant de l'usine AZF et son ex-directeur condamnés en appel 11 ans après la catastrophe

La Cour d'appel de Toulouse vient de condamner, ce lundi 24 septembre, l'exploitant de l'usine AZF Grande Paroisse (groupe Total) ainsi que son ex-directeur Serge Biechlin pour homicides involontaires. Un soulagement pour les familles des 31 victimes de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse. L'avocat de la défense a déjà fait savoir qu'un pourvoi en cassation serait formé.
L'usine Grande Paroisse et son directeur ont été jugés coupables d'homicides involontaires

Dans le procès AZF, l'usine Grande Paroisse et son directeur ont été jugés coupables d'homicides involontaires. Serge Biechlin a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et 45.000 euros d'amende. La compagnie Grande Paroisse (Groupe Total) est condamnée, de son côté, à verser 225 000 euros d'amende.

Dès la fin de la lecture du délibéré, Me Daniel Soulez Larivière, avocat de la défense, a qualifié la décision de la cour d'appel de « plus passionnelle que rationnelle » et a ajouté que « c'est une affaire qui ne fait que commencer ». L'usine Grande Paroisse et son directeur vont former dès ce lundi un pourvoi en cassation contre leur condamnation par la Cour d'appel de Toulouse.

"Le jugement nous donne raison d'avoir fait appel"

« C'est la victoire de la vérité ! » a fait savoir dans un communiqué Pierre Cohen, maire de Toulouse, après l'annonce de la lecture du délibéré. Il exprime ainsi son soulagement et sa satisfaction de voir aboutir onze ans de procédure suite à une catastrophe qui a meurtri la ville de Toulouse et ses habitants. « Le jugement nous donne raison d'avoir fait appel. Il établit enfin les causes de cette catastrophe et désigne des responsables. La culpabilité de Grande Paroisse va permettre aux victimes, à leur famille et à l'ensemble des Toulousains, de mettre un terme à onze années de souffrance et de pouvoir enfin entreprendre un vrai travail de deuil ».

"Quelle émotion, trois jours après la onzième commémoration du drame d'AZF, souligne de son côté Christophe Borgel, député de la 9e circonscription de Haute-Garonne. Le verdict rendu par la Cour d'appel rend enfin justice aux victimes."

La plus grande catastrophe industrielle en France

L'ancien maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, se réjouit de ce que des responsabilités pénales aient été reconnues. "Il aurait en effet était très douloureux pour les familles des victimes que la décision de première instance soit confirmée : elles y auraient vu un déni de justice." Par ailleurs, Jean-Luc Moudenc regrette qu'en ce qui concerne Total et son PDG de l'époque la Cour ne se soit pas prononcée sur leur éventuelle culpabilité pour un simple motif de procédure. "Cela est préjudiciable non seulement pour les parties civiles, qui ne connaîtront ainsi pas une vérité judiciaire à ce sujet, mais aussi pour la société et monsieur Desmarest qui ne pourront se prévaloir d'une décision les innocentant sur le fond."

De son côté, le président du Conseil général, Pierre Izard, évoque une décision importante. « Au terme d'un procès fleuve de 4 mois, la cour d'appel vient d'attribuer le caractère d'accident chimique et de reconnaitre des responsabilités dans ce qui, ne l'oublions pas, demeure en France la plus grande catastrophe industrielle. »

Au Conseil régional, Martin Malvy a pris acte des condamnations prononcées par la justice dans l'affaire AZF. « Il fallait que la justice passe, que les familles des victimes puissent s'appuyer sur un jugement clair. C'est désormais chose faite. Reste le souvenir toujours présent et douloureux d'une catastrophe dont on ne peut que souhaiter que les enseignements permettront d'éviter son renouvellement. »

Jean-Louis Chauzy : "La vérité reste à écrire"

Parmi les acteurs économiques, Jean-Louis Chauzy, président du Ceser (Conseil économique social et environnemental de la région Midi-Pyrénées), a réagi sévèrement à l'annonce de la sentence. "La vérité sur la réalité des faits qui ont provoqué l'explosion de l'usine reste à écrire et donc à rechercher. Dans un pays de droit, on ne condamne pas sans preuves, dans le doute et l'absence d'éléments probants, la présomption d'innocence s'impose", a t-il déclaré.

Et d'ajouter : "Les débats contradictoires en appel ont été plus vides de preuves que lors du procès en première instance. C'est tragique pour la justice, pouvoir régalien de l'État, c'est tragique pour toutes les victimes et leurs familles parce que le droit à la vérité quelle qu'elle soit reste une obligation. Le procès aurait dû être dépaysé, il appartiendra à la Cour de cassation de remettre la justice à l'endroit."

Hugues-Olivier Dumez

© Photo Rémi Benoit

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