L’autoroute Toulouse-Castres devrait voir le jour

En projet depuis de nombreuses années, une infrastructure autoroutière sous concession devrait bien être construite entre Toulouse et Castres. En déplacement jeudi 17 mai dans la Ville rose, la ministre des Transports Élisabeth Borne a confirmé aux élus tarnais venus à sa rencontre sa volonté de voir aboutir ce projet le plus rapidement possible. La déclaration d’utilité publique devrait être publiée dans les prochaines semaines.
L'autoroute Toulouse-Castres devrait être mis en service dans les années 2020.
L'autoroute Toulouse-Castres devrait être mis en service dans les années 2020. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

À quand une autoroute reliant Toulouse à Castres ? La réponse de l'État est imminente. Lors de sa visite jeudi 17 mai à Toulouse, la ministre des Transports, Élisabeth Borne a rencontré à la mi-journée à la préfecture de Toulouse une délégation favorable à ce projet, composée d'élus tarnais, des co-financeurs du projet et de représentants des Laboratoires Pierre Fabre implantés à Castres. Une réunion durant laquelle la ministre a assuré que l'autoroute se fera dans les meilleurs délais possibles.

"Lors de cet échange, j'ai confirmé que j'ai transmis le dossier de déclaration d'utilité publique au Conseil d'État il y a quelques jours et que cette déclaration d'utilité publique sera signée au mois de juillet. Après cela, on devra choisir un concessionnaire. Cette autoroute fait vraiment partie de mes priorités parce qu'elle illustre très bien la situation d'un certain nombre de territoires qui sont en difficultés car ils n'ont pas une bonne desserte routière vers une métropole", a déclaré l'ancienne présidente de la RAPT au journal régional de France 3 jeudi 17 mai.

Reste tout de même la question de la date des travaux de réalisation de cette liaison autoroutière entre Toulouse et Castres. Et pour la définir, la ministre des Transports devra trancher d'ici la fin du mois de mai entre les trois scénarios proposés par le rapport Duron établit par le Conseil d'orientation des infrastructures. Celui-ci devait proposer au gouvernement les infrastructures routières et ferroviaires qu'il juge prioritaires tout en y insérant des hypothèses de financement. Rendu en février dernier, le rapport Duron préconise une réalisation entre 2023 et 2027 dans le scénario 1 contre 2018 à 2022 dans les scénarios 2 et 3. La date retenue apparaîtra dans la loi des Mobilités qui sera présentée prochainement par Élisabeth Borne.

Lire aussi : Rencontres du gouvernement : le calendrier de la LGV Bordeaux-Toulouse présenté fin mai ?

Toulouse-Castres en 45 minutes

Quel que soit l'arbitrage choisit par le gouvernement, cette décision signifiera le coup de sifflet final d'un débat qui entoure ce projet depuis plus de dix ans désormais. Pendant ce temps, les Laboratoires Pierre Fabre, l'hôpital de Castres-Mazamet et d'autres entreprises pour ne citer qu'eux, peinent à se développer et à recruter des collaborateurs, selon les partisans de l'autoroute.

"La ville de Castres perd des habitants et le bassin sud-tarnais s'appauvrit économiquement parlant, on ne peut pas continuer ainsi. Aujourd'hui, en France, nous sommes la seule agglomération de plus de 100 000 habitants qui n'est pas reliée à une grande métropole par une infrastructure à moins d'une heure de route et nous sommes le seul club du Top 14 (élite du rugby français, ndlr) qui n'est relié à une autoroute. Cette nouvelle infrastructure va permettre de conserver l'emploi dans notre territoire et de le développer sur le plan économique", explique Guy Bousquet, le président de Via81, une association qui réunit citoyens, chefs d'entreprises, syndicats de salariés et professions libérales favorables au projet d'autoroute.

Actuellement, les deux villes sont reliées par la route nationale 126 avec un trajet qui peut aller s'effectuer en 1 heure voire 1 heure et quinze minutes selon les conditions de route. Mais ce temps de trajet devrait s'allonger avec la limitation à 80 km/h sur certaines sections routières à partir du 1er juillet 2018. Tandis qu'avec la future autoroute, un trajet de 45 minutes est espéré.

"Il y a un véritable enjeu de désenclavement du département du Tarn avec ce projet. Parallèlement à cela, on veut améliorer la liaison Albi-Castres pour avoir un triangle d'infrastructures routières efficaces entre Toulouse, Albi et Castres. Dans le budget 2018 du Département du Tarn, j'ai fait voter un plan de 20 millions d'euros sur quatre ans pour engager des améliorations d'infrastructures routières entre ces deux dernières", explique Christophe Ramond, le président du Conseil départemental du Tarn.

Pour ce qui est du projet d'autoroute, le Département du Tarn est prêt à mettre sur la table 31 millions d'euros, la Région Occitanie 59 millions d'euros, la communauté d'agglomération Castres-Mazamet 20 millions et l'État 115 millions d'euros selon le rapport Duron. Ce qui fait un total de 225 millions d'euros alors que la dernière estimation du projet réalisée en octobre 2016 évalue l'ensemble des travaux à 459 millions d'euros. Mais d'autres acteurs pourraient bien apporter leur pierre à l'édifice comme le concessionnaire qui sera choisit par l'État.

Un projet alternatif non étudié ?

Néanmoins, des citoyens réunis dans le collectif RN126 et certains maires de communes se disent contre le projet et avancent plusieurs points pour défendre leur point de vue.

"Cette autoroute va nous prendre de l'emprise foncière, va engendrer des nuisances sonores pour des habitants et surtout, c'est un projet qui va coûter trop cher à l'État qui n'en a pas les moyens. Nous avons donc proposé un projet alternatif qui consiste à des aménagements sur la RN 126 en supprimant les gros carrefours les plus dangereux afin de rouler un peu plus vite. À travers nos députés, nous avons demandé à être reçu par le gouvernement pour présenter ce projet alternatif mais cela n'a jamais abouti", dénonce Patrick Plicque, le maire de Verfeuil, opposé au projet.

Les opposants au projet ont toujours proposé ce second projet ou l'aménagement d'une deux fois deux voies gratuites. Avec cet argument de la gratuité, ils espéraient sensibiliser la majorité de l'opinion publique à leur cause, un aller-retour Toulouse-Castres par autoroute étant estimé à 15 euros. Mais l'enquête publique qui a eu lieu fin 2016, à l'issue de laquelle les commissaires ont émis un avis favorable au projet, a révélé le contraire. À travers les 8 751 contributions recensées par les commissaires de l'enquête, ces derniers avaient précisément indiqué dans leur rapport que les avis favorables au projet étaient majoritaires.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.