Réchauffement climatique : les 5 Toulousains qui vont compter à la COP21

Ils sont climatologues, océanographes, économistes ou paléontologues. Point commun : leurs travaux montrent l'impact de l'homme sur le réchauffement climatique. À 6 mois de l'ouverture de la 21e conférence internationale sur le climat à Paris, tour d'horizon des personnalités toulousaines dont les travaux vont compter pour cette COP21.
En haut: Geneviève Azam et Francis Duranthon. En bas : Serge Planton, Catherine Jeandel et Pierre-Yves le Traon. Crédits: DR et Rémi Benoit.

SERGE PLANTON, LE CLIMATOLOGUE DU GIEC

serge planton

  • Son CV : Serge Planton fait partie des contributeurs du dernier rapport du Giec dont les conclusions vont constituer la base des négociations sur la climat de la conférence de Paris. Polytechnicien diplômé de l'École nationale de la météorologie, ce climatologue a intégré Météo France au début des années 1980. Au sein de cet institut, il supervise le groupe de recherches climatiques du Centre national de recherches météorologiques (CNRM).
  • Sa spécialité : Les modèles climatiques. Serge Planton est un expert en modèles climatiques. Et les conclusions du dernier rapport du Giec auquel il a participé sont alarmantes : "Dans le scénario le plus probable (estimé à 2/3 chances de se réaliser), la température devrait augmenter en moyenne de 2,6°C à 4,8°C sur la Terre. 3°C de plus, cela revient à la différence de température gagnée depuis le dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans ! ", relate Serge Planton. Comment éviter ce scénario catastrophe ? "Selon les données du Giec, pour parvenir à une stabilisation de la température à + 2°C, il faudrait que le pic d'émission soit en 2020 et qu'à partir de là elles diminuent très fortement. Ainsi, pour obtenir cette stabilisation, il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 50 % d'ici à 2050", préconise le climatologue.
  • Sa COP 21 : Serge Planton va participer à l'opération le Train du climat, en octobre. Le Toulousain sera également à Paris pendant la conférence sur le climat pour participer à des ateliers de sensibilisation le grand public à la question.

L'interview de Serge Planton est également à retrouver sur notre site.

Geneviève Azam, la négociatrice écolo

genevieve azam

  • Son CV : Maître de conférences en économie à l'université Toulouse 2, Geneviève Azam a rejoint à sa création en 1998 Attac, l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne. Elle est aujourd'hui membre du conseil scientifique de la structure.
  • Sa spécialité : les négociations sur le climat. Depuis 2008, Geneviève Azam participe à toutes les négociations sur le climat en tant que conciliatrice. Et elle ne cache son inquiétude à l'approche de l'échéance : "Aujourd'hui, je ne trahis rien en disant que peu d'ONG estiment qu'il peut y avoir un accord en décembre à la conférence de Paris. Ce qui est en train de se profiler est très grave. Vraisemblablement, nous n'aurons pas un texte à la hauteur des enjeux. D'ailleurs, le gouvernement français fait davantage profil bas depuis quelques semaines. Il est possible qu'il y ait une déclaration à l'issue de la conférence qui stipule un accord contraignant mais s'il n'y a pas de textes d'application qui en font un accord international ratifié, cela n'a aucune valeur".
  • Sa COP21 : Geneviève Azam compte suivre de l'intérieur les négociations. Lors de la COP21, je serai aussi à l'extérieur, puisque Attac participe à la coalition COP21, qui regroupe 120 associations et syndicats. Cette coalition va tenter de faire pression sur les pays participants à la conférence. L'idée c'est aussi de mobiliser au-delà de l'événement en créant une dynamique au sein de la société autour de la question climatique".

Lire aussi sur notre site l'interview de Geneviève Azam.

Catherine Jeandel, la pionnière de la géochimie marine

catherine jeandel

  • Son CV : Passionnée par la mer, Catherine Jeandel décroche en 1987 une thèse d'État en géochimie marine. Cette spécialité vient alors tout juste de naître et elle en devient l'une des pionnières. Pour ses travaux, elle est récompensée d'une médaille de bronze du CNRS en 1992. Catherine Jeandel est directrice de recherches au CNRS au sein du laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiale (Legos). La chercheuse participe à la coordination du programme mondial Geotraces qui vise à constituer un atlas géochimique des océans.
  • Sa spécialité : La géochimie marine."Il s'agit de comprendre des mécanismes dans les océans en utilisant les éléments chimiques qui sont naturellement présents dans les océans comme le fer. Ces éléments appelés traceurs vont nous servir de chronomètre et nous permettre de connaître la nature des courants marins : d'où viennent-ils?, à quelle vitesse un élément chute en profondeur de l'océan ?", explique Catherine Jeandel. Pour collecter ces données, les chercheurs partent en expédition par bateau et réalisent des prélèvements notamment dans l'Atlantique. S'appuyant sur les prélèvements réalisés au cours des multiples campagnes océanographiques du programme international Geotraces, un institut américain en a conclu que la concentration de mercure a triplé dans les eaux de surface de quasiment tous les océans du fait des rejets d'origine humaine. Un problème majeur car le mercure est un métal toxique qui affecte le système nerveux de l'homme.
  • Sa Cop 21: "J'ai pris un mois en octobre prochain pour participer au "Train du climat", annonce la chercheuse. Lors de cette opération organisée par un collectif de scientifiques représentant les trois groupes du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), un train va parcourir 20 villes français à la rencontre des citoyens pour les sensibiliser au dérèglement climatique.

Francis Duranthon, le paléontologue

  • Son CV : Entré au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse en 1982, Francis Duranthon devient à 21 ans le plus jeune conservateur de musée de France. Trente ans plus tard, il dirige l'établissement. Depuis 2006, il préside le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) de Midi-Pyrénées et assure des missions d'expertise géologique et paléontologique.
  • Sa spécialité : la paléontologie. Passionné par les fossiles, Francis Duranthon sait mettre son expertise de paléontologue au service du climat."Mon expérience sur le passé me permet de mesurer l'influence des variations climatiques sur les extinctions des espèces, avance-t-il. Au sein du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel, nous avons pu remarquer que certaines espèces ont migré des zones chaudes aux zones froides. Les poissons par exemple se sont déplacés des zones tropicales vers l'Atlantique. Certaines formes de végétations nous fournissent également un certain nombre d'information".
  • Sa COP 21: "J'ai déjà des obligations donc je ne serai pas à Paris, mais j'ai prévu de suivre de très près la conférence sur le climat".

À lire aussi sur notre site le portrait : "Francis Duranthon, paléontologue 2.0.".

Pierre-Yves Le Traon, l'œil sur les océans

pierre yves le traon

  • Son CV : Pierre-Yves le Traon est océanographe. Après un passage chez CLS, la société toulousaine spécialisée dans la surveillance des océans et par l'Ifremer, il est depuis 2011 directeur scientifique de Mercator Océan. Cette structure toulousaine a mis au point un portail internet gratuit qui donner accès en temps réel à l'état des océans sur l'ensemble de la surface du globe.
  • Sa spécialité : les océans. Les données collectées seront précieuses à la prochaine COP21 : "Nous faisons des prévisions en temps réel, mais également des synthèses des données sur les 30 dernières années qui peuvent intéresser les climatologues. L'océan est le facteur-clé de l'évolution du climat puisqu'il absorbe 90 % du surplus de chaleur dû aux gaz à effet de serre. La chaleur de l'océan a des répercussions sur le niveau des mers et la fonte des glaciers. D'autre part, ces effets négatifs stressent les océans et le niveau d'oxygène dans l'eau chute."
  • Sa COP21 :  "Au-delà d'un accord sur le climat, l'enjeu est de s'assurer que l'on va continuer à observer de manière aussi fine comment l'océan évolue", estime-t-il. Dans cette optique, Pierre-Yves Le Traon a contribué à la réalisation de la plateforme en ligne « Océan et Climat ». Ce site internet met à disposition du grand public des fiches pour montrer l'importance de l'océan dans la machine climatique. Les scientifiques comptent placer l'océan au cœur des discussions internationales relatives au climat.

À lire aussi : "À Toulouse, Mercator Océan surveille les océans du globe pour l'Union européenne".

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