200 entreprises, 12 000 emplois dans le secteur privé, 3 000 chercheurs et un pôle de compétitivité. La santé occupe une place prépondérante en Midi-Pyrénées. Elle fait même partie des six filières prioritaires définies dans le cadre de la dernière Stratégie régionale d'innovation (SRI).

« La Région est très attentive aux problèmes de santé, qu'il s'agisse de l'offre de soins ou des problématiques d'accessibilité aux services », explique Bernard Raynaud, vice-président du Conseil régional, en charge de l'emploi, de l'innovation et du développement économique. Il l'était l'un des dix invités du petit-déjeuner débat animé mercredi 16 novembre par Emmanuelle Durand-Rodriguez, rédactrice en chef d'Objectif News, au centre Diagora, à Labège.

Parmi eux Pierre Montoriol, le président du pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé. « Avec l'Oncopôle, Toulouse va devenir un leader européen dans le secteur de la lutte contre le cancer. 1 milliard d'euros ont été investis dans la structure. Le pôle sera le seul endroit au monde à regrouper des institutions médicales, de recherche et des entreprises. Aujourd'hui, on compte au moins deux entreprises implantées dans la Région à cause du pôle. Et nous sommes en discussion actuellement pour l'implantation de laboratoires pharmaceutiques. »

La dépendance, enjeu majeur

« Cet écosystème toulousain est vital, analyse Xavier Tabary, directeur du site de Sanofi-Aventis. Les grands groupes ne peuvent plus fonctionner en autarcie. Le futur de la médecine et du monde pharmaceutique passe par un croisement des connaissances entre chercheurs, professionnels de la santé et entreprises. »

Un autre axe de développement passe par la structure même de l'environnement urbain. « La TIC Valley représente une vraie synergie dans le monde de la santé », indique Alain Serieys, premier vice-président du Sicoval chargé de l'emploi, de l'économie et de la communication.

« Si des économies sont à faire dans le domaine de la santé, d'autres peuvent se faire sur la manière de construire, explique Bernard Keller, maire de Blagnac et vice-président du Grand Toulouse chargé de l'emploi et de l'économie. A Blagnac, nous avons créé une maison intelligente et nous lançons un nouveau projet avec Promologis. Un projet qui doit servir de vitrine pour la prise en charge de personnes âgées, handicapées ou dépendantes. A terme, je pense que les collectivités auront des objectifs en termes de bâtiments et de logements connectés et adaptés aux problématiques de la dépendance et de la vieillesse.»

La dépendance est justement un des enjeux majeurs de la santé dans la Région. C'est même l'objet de la lettre de mission confiée à Jean-Pierre Madier, PDG de Magellium : « Nous travaillons à la formulation des conclusions. Il s'agit de livrer une cartographie des institutions et de pointer nos ambitions nationales et internationales dans ce secteur. »

Rendre les services plus accessibles

Ludovic Le Moan, président de Sigfox Wireless, doit, lui, présenter le 28 novembre à Grenoble une première mondiale : une nouvelle norme télécom qui trouvera des applications dans le monde de la médecine. « Il s'agit d'une solution de communication très longue portée, peu consommatrice d'énergie et beaucoup moins coûteuse que le GSM. Ce réseau va permettre de communiquer via des mobiles en réduisant par 1.000 la pollution liée aux ondes. ». C'est aussi dans l'optique de trouver des solutions à la dépendance qu'a été lancé le projet Sacha. Un consortium a été créé par le Conseil général de l'Ariège et Ariège Expansion pour développer un système intégré de géolocalisation, de contrôle d'accès et de détection de chutes pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

Un pas de plus dans le domaine de l'e-santé que tente également de franchir Julien Venne, directeur du Centre e-santé. « Aujourd'hui, les deux domaines qui se développent le plus sont la télémédecine et surtout la télésurveillance, qui permet de suivre les patients depuis leur domicile. Reste à savoir comment bien traiter ces informations et comment les exploiter. Nous prenons le pari que des équipements à domicile sont à la fois moins chers et mieux tolérés par les patients ou les personnes dépendances. Mais nous devons aujourd'hui construire un modèle économique où chacun patient, assurance maladie, mutuelles, assurances sache à quoi s'en tenir. Comment partager les coûts ? Comment les réduire aussi pour rendre l'accès aux nouveaux services plus accessibles ? Voilà les questions que nous tentons de résoudre.

Pierre Lapoujade, président de Nutritis, a de son côté exposé une autre branche en développement, celle des biotechnologies dans le domaine de la nutrition. Son projet labellisé par CBS et par Agrimip Innovation permet entre autres « d'extraire de nouvelles fibres qui modulent la flore intestinale ». Les expérimentations doivent être terminées fin 2012. La mise sur le marché devrait intervenir à partir de 2013.

Victor Matet

(© photo Rémi Benoit)