Aéronautique : sortie de crise pour Recaero

Le groupe familial, leader de la rechange aéronautique, espère un CA de 35 M€ en 2012 après deux années difficiles et une procédure de sauvegarde engagée en 2011. Thierry Pobeau, le président de Recaero, accompagné de Nicolas Pobeau, directeur commercial, a présenté ce mercredi la stratégie et les perspectives (optimistes) de l'entreprise.
Nicolas, Thierry et Christelle Pobeau

Recaero, fondée en 1992, est spécialisée dans la fabrication de pièces de rechange, sous-ensemble, et kits de modifications à cycles courts, pièces métalliques et composites pour l'aéronautique. Ses principaux clients sont Airbus, Eurocopter, Dassault Aviation, Bombardier, Latécoère... Avec 3 sites de production (Verniolle et Mirepoix en Ariège, et Bangalore en Inde), 470 collaborateurs et 28 M€ de CA en 2011, l'entreprise familiale joue dans la cour des grands et n'a pas de concurrent équivalent sur son marché. Pourtant elle revient de loin : « L'année 2010 a été catastrophique. Les commandes ont diminué de 40% par rapport à 2008 » regrette Thierry Pobeau, le président de Recaero, qui décide malgré tout à ce moment là de maintenir la totalité des emplois en mettant en œuvre des mesures de chômage partiel. « Une véritable stratégie car ces emplois maintenus sont des ouvriers qualifiés, une ressource rare dont nous avons eu besoin au moment du redémarrage » précise sa belle-fille et directrice des ressources humaines Christelle Pobeau.
Aujourd'hui le pire semble passé puisque Recaero établit un CA prévisionnel de 35 M€ pour cette année, dont 30 M€ sur son seul site ariégeois de Verniolle.

Un marché de niche

« Nous avons tiré un enseignement de cette crise, c'est que nous devions augmenter nos prix » sourit Nicolas Pobeau, En effet l'entreprise a ré-étalonné toutes ses conditions de vente. En cause : la spécificité du service rendu. « Nous travaillons dans l'urgence pour dépanner des constructeurs, eux-mêmes sous la pression des compagnies aériennes. Si un avion est bloqué sur le tarmac à cause d'une pièce, le client est prêt à payer beaucoup plus que le seul coût de fabrication de cette pièce » précise le directeur commercial de Recaero. L'entreprise est la seule à se positionner sur le business de la rechange (avions, hélicoptères et moteurs dont la production est série est arrêtée), la production en série ne représentant qu'une faible partie de son activité.

Internationalisation

Présent en Inde depuis 2005, Recaero a installé à Bangalore en 2007 une usine de production qui compte 170 salariés. Dans ce pays « low-cost », l'usine est majoritairement chargée par des activités « série » (fabrication de pièces pour les avionneurs et pour le groupe Safran) alors que les sites de production français restent concentrés sur le métier de base, la rechange. « La création de l'unité en Inde a permis d'améliorer la visibilité du groupe » affirme Thierry Pobeau, « et pendant la crise, elle a permis de rapatrier des charges en France pour y maintenir l'activité ».
Dans les cartons : l'augmentation de l'export vers le Québec (avec Bombardier comme actuel client), avec en ligne de mire, le marché américain. « Nous travaillions avec les américains par le passé mais tout s'est arrêté après les attentats du 11 septembre 2001. L'Amérique s'est refermée sur elle-même » regrette le président du groupe pour qui la Chine n'est pas une option : « ce pays est de moins en moins compétitif ».

Formation et recrutement

Enfin, à noter que Recaero développe en partenariat avec Pôle Emploi et l'UIMM sa propre formation avec la création en 2007 de Recaero Formation qui répond aux besoins de main d'œuvre qualifiée « pas suffisamment présente sur le marché public de l'emploi » selon Christelle Pobeau. Ainsi, l'entreprise forme des tourneurs, chaudronniers, ajusteurs monteurs et opérateurs machine à commande numérique, pour ses propres besoins mais aussi pour les autres entreprises du bassin d'emploi.
En 2012, 25 personnes ont été embauchées, et une dizaine devrait encore l'être d'ici la fin de l'année.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

Recaero est détenue à 29,5% par la famille Pobeau, à 51 % par des investisseurs financiers, à 18% par EADS.

L'entreprise traite et livre 20 000 commandes par an.

Reacero développe petit à petit sa branche « composite » : une activité plutôt faible pour le moment (2,5 M€ de CA attendus en 2012) mais qui « représente l'avenir » pour le directeur commercial.

Thierry Pobeau, actuel président de Recaero, laissera en janvier prochain la place à son fils Nicolas Pobeau « pour profiter de la retraite ».


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