Freescale attend la fermeture de son unité de production toulousaine

Deux ans jour pour jour après l'annonce de la fermeture du site de production toulousain de Freescale (821 emplois) et de la branche téléphonie (236 salariés), une trentaine de salariés ont débrayé, vendredi 22 avril. Ils réclament plus d'informations sur le calendrier. Le directeur du site annonce de son côté que plus de 500 personnes ont des solutions de reclassement et confirme que la production s'arrêtera en fin d'année.


Triste anniversaire. Vendredi 22 avril, une trentaine de salariés de Freescale Semiconductor Toulouse avaient improvisé devant leur usine un pique-nique de fortune, battus par les vents. Deux ans très exactement après l'annonce par le géant américain de l'arrêt du site de production toulousain (821 postes supprimés) et de l'unité téléphonie mobile (236 salariés). À terme, seuls 500 emplois (cadres et ingénierie) seront préservés sur site.

Désabusé, Didier Zerbib (CGT) veut « rappeler qu'on est toujours là, au même point, deux ans après. Et on n'en sait pas plus que ce qu'indique le plan de sauvegarde de l'emploi, à savoir une fermeture du site de production fin 2011, sans avoir de date. Les licenciements devaient débuter à partir du 1er mai, maintenant on parle du 1er octobre. On a du mal à s'y retrouver et beaucoup de rumeurs malsaines accentuent cette situation, causant arrêts maladie, dépressions... » Le directeur du site toulousain, Denis Blanc, se dit « pas en mesure de fixer une date précise pour la fermeture du site de production. Mais nous tiendrons notre engagement : l'arrêt de la production est prévu pour la fin de l'année et les premières notifications de licenciement n'auront pas lieu avant octobre. »

Concernant les reclassements, pour Didier Zerbib on est loin du compte : « C'est simple : les deux cabinets de recrutement, Colliers et Akya, ont contacté 2.600 entreprises par mails, ils ont reçu sept demandes d'information et zéro projets proposés. À ce jour, 133 personnes sont parties, 80 pour un CDI, les autres pour un CDD ou pour créer leur entreprise. » Denis Blanc avance d'autres chiffres, qui englobe les deux PSE (production et téléphonie) : « Sur le millier de personnes concernées, plus de 500 ont trouvé des solutions définitives : 420 en CDI, plus de 90 en formation longue. Vendredi, plus d'une centaine d'offres valides de postes étaient affichées dans nos murs pour les opérateurs du site de production. Mais dans le même temps, près de 200 salariés ne sont toujours pas allés voir le cabinet de reclassement interne mis en place il y a plusieurs mois. » Denis Blanc met également en exergue « les passerelles tissées avec d'autres grands comptes, Tisséo, le CHU et Airbus par exemple. Concernant l'avionneur, qui recrute, plus de 60 salariés de notre site de production sont positionnées sur des postes. »

Pas de poursuite de la production en 2012

Denis Blanc évoquait en septembre 2009 une « approche à la fois très claire et très spécifique : nous ambitionnons un CDI pour tous les employés licenciés ». Aujourd'hui, reste encore la moitié du personnel à reclasser en quelques mois : « Je confirme nos propos de l'époque, mais nous n'avions jamais dit que tous retrouveraient un poste dès la fermeture, précise le directeur du site. Nous accompagnerons tous les salariés jusqu'à l'été 2012. Le cabinet de reclassement restera ensuite à leur écoute s'ils le souhaitent. »

Aux syndicats, qui constatent « de nombreuses personnes revenues de formation sans rien », le directeur du site rétorque que « certains salariés ont bénéficié d'enveloppes allant jusqu'à 14.000€ pour leur formation. Nous privilégions ce qui débouche sur du concret. Après, il y a peut-être un ou deux cas où cela n'a pas marché. »

La fermeture définitive du site jumeau de Freescale Toulouse, à Sendaï, après la catastrophe japonaise, n'occasionnera aucun transfert de la production vers Toulouse. Denis Blanc exclut totalement cette piste, « pas du tout envisagée. L'arrêt de l'usine de Sendaï était programmée et avait été annoncée en même temps que celle de Toulouse. » Quant à un potentiel repreneur, difficile d'en savoir plus : « Nous avons toujours indiqué être ouverts à des propositions de reprises de pans d'activités, comme cela a été le cas avec Intel qui a embauché 49 anciens salariés de Freescale. Des discussions ont lieu avec des partenaires, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. » Même chose pour l'avenir des bâtiments : « Tant que ces discussions n'ont pas abouti, c'est prématuré d'arrêter une décision. »

Dans l'immédiat, l'intersyndicale n'exclut pas de futurs mouvements de protestation. Mais rien n'est moins sûr : « Ce n'est pas facile de mobiliser, convient Didier Zerbib. Beaucoup de salariés sont résignés et attendent enfin une communication de la direction. »

Mikaël Lozano

En photo : une trentaine de salariés, répondant à l'appel de l'intersyndicale, ont débrayé pendant quelques heures vendredi 22 avril (© Rémi Benoit)

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