Le groupe de Jean-Luc Guérin, Erco-Finances, en redressement judiciaire. 7 sociétés liquidées, 200 emplois seraient menacés

Le groupe Erco-Finances, basé à Montauban et dirigé par Jean-Luc Guérin, est en redressement judiciaire depuis ce matin. Sept des sociétés du groupe sont en liquidation, nouvel épisode d'une crise qui dure depuis le mois de février dernier. Mis en cause par ses salariés et accusé de mauvaise gestion, Jean-Luc Guérin se défend et évoque "une restructuration du groupe".
Jean-Luc Guérin, président du groupe Erco-Finances

Esitec-lab, C3EM, Génius Partner, Inovaltis et trois sous-filiales de Sedimap ont été mises en liquidation judiciaire ce matin par le Tribunal de commerce de Montauban. Toutes ces entreprises font partie des 37 sociétés du groupe Erco-Finances, créé en 2002 par Jean-Luc Guérin à Montauban. Une holding elle-même placée aujourd'hui en redressement judiciaire, de même que 3 de ses sociétés : Hémopharm, Sanimat Santé et Gélian. 200 emplois seraient concernés.

Il y a quelques semaines, Erco-Finances a annoncé que son but était de recentrer les activités sur la géolocalisation, en misant sur le fleuron du groupe, la Sedimap, qui compte 200 salariés et réalise plus de 50 % du chiffre d'affaires du groupe. Pour rappel, tout a commencé en février dernier quand plusieurs salariés n'ont pas été payés, ou avec beaucoup de retard. Le PDG évoque alors "une crise de croissance qui sera vite résolue". Les salariés n'y croient pas et accusent Jean-Luc Guérin de mauvaise gestion. "Certains salariés sont dans une situation très critique", dénonce aujourd'hui la CGT82.

Une véritable descente au enfers quand on sait qu'en 2012, le groupe a réalisé 44 M€ de chiffre d'affaires. Il y a un an et demi, son PDG annonçait une croissance de 35% par an (voir la vidéo).

Redressement judiciaire / liquidation judiciaire : ce que ça veut dire
Pour déterminer si une entreprise va être placée en redressement ou en liquidation judiciaire, le juge du tribunal de commerce se penche sur deux critères : la santé financière de la société, et ses perspectives de redémarrage de l'activité. Le groupe Erco-Finances, placé en redressement judiciaire ce matin, va pouvoir poursuivre son activité, ses dettes étant gelées afin de lui permettre de se reconstruire. En revanche, les filiales placées en liquidation judiciaire cessent leurs activités et leurs salariés vont subir des licenciements économiques. Un "relatif soulagement" pour ceux qui ne touchaient plus de salaire depuis février.

Si les sociétés concernées ne sont pas en capacité de verser les salaires en retard, il existe un système supplétif garanti par l'AGS (assurance). "Nous avons sollicité l'AGS en mai dernier pour que nos salaires soient payés, s'agace une salariée de Sanimat Santé, mais Jean-Luc Guérin n'a pas voulu car cela suppose une mise sous tutelle de ses comptes". À noter qu'une tendance jurisprudentielle se dégage en ce moment dans ce genre de situation : les salariés d'une filiale mise en liquidation judiciaire attaquent de plus en plus aux prud'hommes la holding qui détient leur société. C'est une situation dite de "co-emploi".

Quelles sont les responsabilités de Jean-Luc Guérin ?
Jean-Luc Guérin est un homme connu en Midi-Pyrénées. Le PDG d'Erco-Finances est administrateur au collège des partenaires d'Aerospace Valley, membre du comité directeur de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) et président de l'UIMM pour le Tarn-et-Garonne. Il est aussi administrateur pour le GIPI (Groupement des industries pour l'innovation). Un homme aux multiples casquettes qui agace ses détracteurs. Pour Lina De Santi, de la CGT Tarn-et-Garonne, "monsieur Guérin n'est pas un enfant. Il va devoir rendre des comptes, c'est un voyou."

"C'est un homme charismatique qui a une vraie force de persuasion, complète Émilie Tinard, salariée du groupe (aujourd'hui en rupture conventionnelle de contrat). Tout le monde sait que le groupe a une dette colossale auprès de l'URSAFF. Pour rembourser, Jean-Luc Guérin a pris sur les salaires de ses employés. Nous sommes ses derniers banquiers !"

De leur côté, ses banques lui ont semble-t-il reproché "de ne pas avoir suffisamment capitalisé ses entreprises, ce qui lui avait été conseillé il y a déjà trois ans", indique aujourd'hui une source proche du dossier.

Jean-Luc Guérin se défend

Joint il y a quelques minutes, le PDG d'Erco-Finances a tenu à donner sa version, minimisant la situation. Pour lui, le redressement judiciaire du groupe "est une bonne chose. Nous sommes dans la phase finale de restructuration du groupe. C'est un passage difficile, une petite période à gérer, et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour redresser la situation."

Jean-Luc Guérin explique ses difficultés actuelles par un problème de financement des banques. "La croissance de Sedimap (principale entreprise du groupe, NDLR) a été trop rapide, les banques ont eu peur du risque. Il se trouve que c'est Sedimap qui permettait de financer notre petite pépinière de start-up : ce sont ces entreprises-là qui se retrouvent par conséquent en liquidation judiciaire." Et d'ajouter : "Nous avons connu une croissance atypique. Ce n'est jamais facile de financer une ETI."

Sur la question des salaires non-payés, le chef d'entreprise ne recule pas. "Oui, nous avons demandé des efforts aux salariés. Les salaires seront versés", justifie-t-il. Jean-Luc Guérin réaffirme que le but est de sauver 70% des 440 emplois du groupe. "Il y aura beaucoup moins de 200 salariés touchés", selon lui.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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