Airbus dans la matinée, ATR en début d'après-midi : Thierry Mariani, secrétaire d'État chargé des Transports et Uldis Augulis, ministre des Transports de Lettonie, étaient à Toulouse ce lundi. Signe de futurs contrats ? C'est encore prématuré, il s'agit ici plutôt d'une première prise de contact. « D'ici 2016, notre compagnie nationale devra entièrement renouveler sa flotte de 24 avions, explique Uldis Augulis. Nous cherchons donc différentes options, dont Airbus ou le constructeur de turbopropulseurs ATR notamment. » « C'est un plaisir de montrer ce qui se fait de mieux en France », a souligné Thierry Mariani. Ils ont notamment assisté à une démonstration en vol sur simulateur des locaux d'ATR à Blagnac.

Filippo Bagnato, président exécutif de l'avionneur, a confirmé « des discussions avec la Lettonie » mais qu'il était encore bien trop tôt pour parler d'offres ou de négociations. Il a profité de l'occasion pour rappeler l'excellente santé de l'entreprise. « En avril, ATR comptait déjà 38 commandes et 10 options. Sur l'année 2010, nous avions réalisé 80 commandes et 30 options. Il y a encore du travail d'ici le Salon du Bourget en juin, je pense qu'il y aura des commandes additionnelles et quelques belles surprises... » Lesquelles ? Là-dessus, Filippo Bagnato est resté inflexible : rien ne filtrera avant les annonces officielles. Il a en revanche confirmé la hausse d'activité de son entreprise : « Nous avons décidé d'augmenter les cadences. » De 53 à 54 appareils produits annuellement, l'avionneur prévoit de monter « à 70 unités au minimum en 2012. ATR va changer de taille ! » Le chiffre d'affaires devrait dans le même temps passer de 1,4 à 1,8 milliard de dollars. Une cinquantaine d'embauches devraient être réalisées dans le courant de l'année, sans compter celles qui auront lieu chez ses sous-traitants. Quand aux certification des derniers-nés d'ATR, elles approchent à grands pas. Celle du 72-600 pourrait intervenir d'un jour à l'autre, celle de 42-600 interviendra vraisemblablement au 3e trimestre alors que la campagne d'essais en vol se poursuit.

Interrogé sur la ligne à grande vitesse Paris-Toulouse et sur les propos tenus par le nouveau préfet de Région, qui a affirmé il y a quelques jours que d'autres projets pourraient passer avant celui du Sud-Ouest faute de financement, Thierry Mariani a souligné que « l'ensemble des élus locaux, notamment des Conseils régionaux de Midi-Pyrénées et d'Aquitaine, ont été exemplaires en montrant leur sens de l'intérêt général. Seule la région Poitou-Charentes présidée par Ségolène Royal refuse, c'est pourtant elle qui bénéficierait du plus d'emplois induits. Peut-on arrêter un projet à cause d'une seule personne ? » Pas un mot en revanche sur les conseils généraux qui ne veulent pas participer.

Actualité oblige, Thierry Mariani n'a pas non plus coupé à une question sur Dominique Strauss-Kahn. Le ministre a fait court et concis, évoquant « la présomption d'innocence. Il faut attendre que la justice dise qui a raison et qui a tort. Je préfère aujourd'hui montrer ce que la France sait faire en matière d'aéronautique. Mais j'aurai aimé que certains comme Eric Woerth aient bénéficié de la même décence ».

Mikaël Lozano

En photo : Uldis Augulis, ministre des Transports letton, Thierry Mariani, secrétaire d'État aux Transports et Filippo Bagnato, président exécutif d'ATR (© Rémi Benoit)