Alcatel-Lucent : déception des salariés toulousains après leur rencontre avec la direction

Un mois après l'annonce de la fermeture programmée de leur site en 2014, les salariés de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent à Colomiers ont rencontré ce matin des représentants de la direction France du groupe. Un entretien duquel ils sont ressortis déçus, chaque partie restant fermement campée sur ses positions. 96 emplois sont en sursis.
Une centaine de salariés s'est rassemblée ce midi devant le site de Colomiers

Un mois après l'annonce de la fermeture programmée de leur site en 2014, les salariés de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent à Colomiers ont rencontré ce matin des représentants de la direction France du groupe. Un entretien duquel ils sont ressortis déçus, chaque partie restant fermement campée sur ses positions. 96 emplois sont en sursis.

Devant le site columérin de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent, sous une pluie fine, quelques petites mains se sont relayées dès 8h30 ce matin pour préparer un barbecue et faire griller quelques châtaignes. La mine basse, ils ont attendus avec impatience que les quelque 90 salariés présents aujourd'hui sur le site ressortent de la salle de réunion. Un mois après l'annonce de la fermeture du site de Colomiers en 2014 (lire notre article), deux membres de la direction avaient en effet fait le déplacement pour rencontrer les équipes locales. Après un entretien avec le middle-management, Loïc Le Grouiec, PDG, et Sébastien Lebreton, directeur des ressources humaines d'Alcatel-Lucent France, ont répondu aux questions des salariés. Un exercice de style qui n'a donné lieu à aucun débordement, mais qui s'est fait "dans un certain brouhaha", comme le confirme Gilles Rouyer, délégué syndical CFDT du site.

"Tout le monde est très abattu"

À l'issue de la réunion, le constat est sans appel : le site de Colomiers fermera bel et bien ses portes en 2014, dans le cadre d'un vaste plan mondial prévoyant notamment la suppression de 10.000 emplois d'ici à fin 2015 et la division du nombre de sites par deux. "Tout le monde est très déçu, très abattu, confie Gilles Rouyer. Nous avons compris que c'était terminé. Le plan de la direction est un dogme qui n'a convaincu personne. Sur les 96 salariés que compte actuellement notre site, il est ainsi prévu que 70 soient mutés dans le centre de Villarceaux (à Nozay, en Ile-de-France, NDLR) et 7 à Lannion (en Bretagne, NDLR). Une vingtaine de personnes devrait donc être licenciée. Mais dans leur grande majorité, les salariés ont indiqué qu'ils n'accepteraient aucune mutation."

Un dialogue rompu ?
Après cette réunion de près de deux heures, le maintien d'un dialogue semble de plus en plus compliqué entre la direction et la CFDT, syndicat majoritaire qui, tout comme la CGT, a quitté la table des négociations nationales la semaine dernière. "Ce ne sont absolument pas des négociations, grince Grégory Martin, secrétaire général de la CFDT Midi-Pyrénées. La direction tente de nous faire avaler son plan. Elle refuse de discuter de stratégie industrielle. Elle ne veut parler que de l'accompagnement des salariés. Nous sommes très clairs : il n'y aura pas de discussion sur des suppressions d'emplois avant que nous parlions de l'avenir industriel du groupe".

Le télétravail en débats

Selon le représentant syndical, des solutions existeraient pourtant. "Le site de Colomiers est le premier centre de cyber-sécurité d'Alcatel, avec 34 experts spécialisés dans ce domaine, explique-t-il. La direction veut les rapatrier en région parisienne, où l'équipe de cyber-sécurité ne compte que huit personnes. C'est absurde. Nous souhaitons que cette activité soit maintenue ici, pourquoi pas en partie en télétravail." D'après Gilles Rouyer, cette proposition a été balayée par la direction. "Notre demande a été entendue, mais la probabilité pour que cela se fasse est très faible, regrette-t-il. La direction ne veut pas de télétravail, alors que beaucoup de salariés du site fonctionnent déjà partiellement sur ce mode. C'est absurde : on demande à des salariés toulousains qui travaillent avec des interlocuteurs du monde entier de déménager en région parisienne pour continuer à travailler avec les mêmes interlocuteurs du monde entier."

Un centre de hautes technologies ?
Face à la complexité de la situation, la CFDT entend rester force de proposition. "Pourquoi ne pas trouver les moyens de créer ici un centre d'expertise dans les hautes technologies avec Alcatel-Lucent, bien sûr, mais aussi des entreprises où l'État est actionnaire, comme EADS ? esquisse Grégory Martin. Il y a des choses à faire, mais pour cela, il faut que la direction accepte de discuter d'autre chose que de reclassement et de suppression de postes..." Les membres de la direction présents ce matin sur le site de Colomiers n'ont pas fait de déclaration. Contacté, le siège du groupe ne souhaite pas s'exprimer. Un comité central d'entreprise est prévu mi-décembre.

Alexandre Léoty
© photo AL

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