Alcatel-Lucent : chez les salariés toulousains, la contre-attaque s'organise

Tandis que leurs collègues des autres sites français manifestaient à Paris, les salariés toulousains de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent organisaient hier 15 octobre un débrayage de 10h30 à 14 heures. Objectif : manifester leur mécontentement après l'annonce de la fermeture de leur site en 2014 (lire notre article). Le point sur leur mobilisation avec Gilles Rouyer, délégué CFDT du site de Colomiers.
La fermeture du site de Colomiers est prévue pour 2014

Tandis que leurs collègues des autres sites français manifestaient à Paris, les salariés toulousains de l'équipementier télécoms Alcatel-Lucent organisaient hier 15 octobre un débrayage de 10h30 à 14 heures. Objectif : manifester leur mécontentement après l'annonce de la fermeture de leur site en 2014 (lire notre article). Le point sur leur mobilisation avec Gilles Rouyer, délégué CFDT du site de Colomiers.

Pourquoi avoir choisi d'organiser un simple débrayage au lieu d'une action plus "spectaculaire" à Paris aux côtés de vos collègues des autres sites ?
Tout c'est décidé très vite, et logistiquement, monter à Paris était trop compliqué à organiser. Néanmoins, à notre manière, nous avons souhaité manifester notre opposition au plan "Shift", présenté par la direction du groupe (le 8 octobre dernier, NDLR). Nous sommes parvenus à mobiliser hier environ 75 personnes, ce qui représente la quasi-totalité des salariés présents sur le site ce jour-là. Nous pensons que notre message a été entendu.

Y compris auprès des politiques ?
Pendant le débrayage, nous avons eu la visite de plusieurs élus locaux. Monique Iborra (députée de la sixième circonscription de la Haute-Garonne, NDLR) et Bernard Sicard, le maire de Colomiers, sont venus discuter avec les salariés du site. Ils nous ont apporté leur soutien. Nous avons d'ailleurs décidé d'organiser une réunion le 5 novembre prochain, en mettant autour de la table les décideurs économiques et politiques locaux. Des représentants de l'État, des collectivités locales, mais aussi de Pôle Emploi, de la Direccte, du Ceser, de l'UIMM et de Midi-Pyrénées Expansion devraient être présents. C'est une action que nous mettons en place parallèlement aux négociations qui seront menées avec la direction du groupe.

Quel est aujourd'hui le sentiment prédominant chez les salariés du site ?
Je pense que tout le monde a compris que l'épreuve allait être très difficile à vivre. Notre site va fermer et quasiment personne n'acceptera d'aller travailler en région parisienne, comme cela est semble-t-il proposé par le groupe. D'ailleurs, une vingtaine de salariés du site est déjà issue d'une mobilité "inverse". Ils sont venus de Paris ou de Bretagne pour s'installer ici et n'ont aucune envie d'effectuer le chemin retour. Nous avons même le cas incroyable d'un salarié installé à Toulouse depuis septembre dernier, qui travaillait précédemment dans le site Alcatel-Lucent de Villarceau, celui-là même où la direction nous propose aujourd'hui d'aller travailler ! C'est complètement fou... D'autres cas sont tout aussi dramatiques, comme ces couples dont les deux conjoints travaillent sur notre site.

Le groupe Alcatel-Lucent semble décidé à privilégier le reclassement, à la fois interne et externe, des salariés du site toulousain...
C'est ce qu'il semblerait, en effet. D'ailleurs, dans le cadre du précédent plan du groupe, six d'entre nous ont déjà été transférés le 14 octobre au sein d'une entreprise toulousaine. Mais ce transfert était prévu. Il rentre dans le cadre de l'externalisation de l'une de nos activités. Il reste donc désormais entre 92 et 95 salariés au sein de notre site. Avec le croisement des différents plans sociaux, il n'est même pas possible de connaître exactement notre effectif...

Comment envisagez-vous l'avenir de votre activité à Toulouse ?

Le site va fermer, c'est un fait. Notre combat, aujourd'hui, consiste à convaincre la direction de mettre en place de nouveaux modes de travail ici, à Toulouse. C'est faisable, l'expérience nous le prouve. Depuis quelques années, 90 % des salariés du site s'organisent en effet déjà en télétravail, un ou deux jours par semaine. Ce système peut donc fonctionner, à condition de prévoir une plate-forme légère permettant de réunir les équipes lorsque cela s'avère nécessaire. Conserver un noyau dur de salariés à Toulouse permettrait de répondre présent lorsque l'activité du groupe connaîtra une embellie. Nous savons cependant que pour la direction, l'objectif est de regrouper les compétences. Fermer des sites leur permettra aussi de se séparer d'un certain nombre de salariés...

Où en sont vos discutions avec le groupe ?
Pour le moment, nous attendons d'obtenir davantage d'informations sur le déploiement du plan "Shift". Nous devrions en savoir plus lors du comité central d'entreprise, qui se tiendra les 24 et 25 octobre prochains. Les négociations devraient intervenir ensuite. En attendant, nous restons fortement mobilisés.

Propos recueillis par Alexandre Léoty
© photo Rémi Benoit

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