L'entreprise écossaise Mégabus a lancé cet été une ligne de car "low cost" Toulouse-Barcelone

Toulouse-Barcelone en cinq heures vingt pour moins de 30 euros : c'est ce que propose la société écossaise Stagecoah. Sa division Megabus.com (des cars à deux étages) part à l'assaut du marché français. Sa cible : les jeunes prêts à passer des heures en bus pour payer moins cher. La société en profite pour lancer un appel à l'Autorité de la concurrence pour déréguler le marché français du transport de passagers, jugé trop contraignant.
Megabus.com a lancé sa nouvelle ligne Londres-Paris-Toulouse-Barcelone


Difficile de rater les bus à deux étages de Mégabus.com : des voyages "à partir de 1€" s'y affichent en couleurs criardes. "C'est le concept qui nous a fait connaître et qui fait notre succès", assume Stéphanie Rivet, directrice commerciale de la société britannique. Au début de l'été la jeune femme a présenté à Toulouse la ligne de car Londres-Paris-Toulouse-Barcelone, qui a été lancée le 7 juillet dernier : une liaison quotidienne, dans les deux sens, "à partir de 1€". En réalité, la moyenne de prix des billets vendues est de 10€ "et reste toujours inférieure à 35 euros", affirme la directrice commerciale. Les prix évoluent en fonction de la demande. Une concurrence sérieuse pour la ligne de train Toulouse-Barcelone qui a ouvert en décembre dernier. D'ailleurs, "une majorité des billets déjà vendus sur le site Megabus.com concernent le tronçon Toulouse-Barcelone".

La clientèle visée est bien ciblée : les étudiants désargentés, prêts à passer plusieurs heures dans le bus pour payer moins cher leur transport (25 % de la clientèle). "Mais aussi les séniors, les familles, et certains chefs de petites entreprises qui veulent réduire ce poste de dépense", affirme Stéphanie Rivet.
La formule a du succès. Stagecoach, concurrent direct d'Eurolines et IDbus en Europe, gère une flotte de 13.500 bus, tram, trains et cars. Avec 5 millions de passagers par an en Europe et le double aux États-Unis, la société a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 3,75 milliards d'euros.

Rentabilité
Avec des prix aussi bas, pour être rentable, il faut remplir les bus au maximum. "C'est la rentabilité par le volume", assume Stéphanie Rivet. Ainsi, la compagnie estime qu'il faudrait transporter 30.000 passagers / an sur la ligne Toulouse-Barcelone pour rentabiliser les trajets. "Nous pensons être rentables d'ici 6 à 8 mois, estime la directrice commerciale. Et si un bus est plein, on en rajoute un !" Principal poste de dépense pour l'entreprise : l'essence, et les salaires des chauffeurs de bus. Les véhicules de 78 places "sont neufs, équipés du wifi, de la clim et de toilettes". En réalité, les bus reliant Toulouse et Barcelone ne sont pas encore équipés du Wi-fi.

Un marché français trop contraignant

Toulouse, ville choisie "pour son dynamisme et sa jeunesse", n'est qu'une porte d'entrée sur le marché français pour Stagecoach et sa division Megabus.com. Mais la législation française plante une épine dans le pied du transporteur : "Nous aimerions pouvoir réaliser des trajets domestiques en France mais la réglementation française nous en empêche", explique Andrew Lévy, directeur juridique. En effet, la loi française impose qu'au moins 50 % des passagers des lignes internationales traversent une frontière, ce qui ne pose pas de problème pour ceux effectuant le Londres-Paris ou le Toulouse-Barcelone, mais qui rend impossible la montée ou la descente de passagers entre Paris et Toulouse. Cela s'appelle la règle du "cabotage". "Nous appelons à une dérégulation du marché français, et nous avons bon espoir de faire bouger la législation", affirme Andrew Lévy, bien décidé à faire rouler ses bus à deux étages sur l'ensemble du territoire français. L'Autorité de la concurrence française se dit favorable à cette dérégulation du marché.

Sophie Arutunian
© photo Lydie Lecarpentier

En savoir plus :

Dimanche dernier, 10 août, les passagers d'un autocar Megabus se sont retrouvés bloqués sur une aire d'autoroute entre Barcelone et Toulouse, à environ 80 km de la cité catalane. Contrôlé et arrêté par la police espagnole aux alentours de 17h, le conducteur du bus était, semble-t-il, en possession de la carte de conduite d'un autre chauffeur. De plus, il n'avait pas de remplaçant alors que le car, reliant Paris et Londres, devait effectuer un trajet de plus de 20 heures. Les passagers, qui ont tenté sans succès de joindre la compagnie écossaise, ont dû rentrer chez eux par leurs propres moyens. Certains ont pu rentrer en stop ou se sont logés dans un hôtel voisin tandis que d'autres n'ont eu d'autre solution que de passer la nuit dans le bus. La compagnie se serait engagée à rembourser le trajet à tous ses clients et à les dédommager pour les frais engagés. Certains passagers envisagent de déposer une plainte contre Megabus.

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