Reza, une expo photo XXL

A partir du 12 septembre prochain et pendant un mois, Toulouse rend hommage au célèbre photographe iranien à travers une exposition sur les berges de la Garonne avec 25 photos en très grand format. En parallèle, une série d'ateliers et de rencontres pédagogiques sont organisés à la Reynerie.

Agé de 60 ans, grand et mince, Reza cache un visage taillé à la serpe sous un large chapeau marron. Dès qu'il l'enlève, on découvre un regard puissant animé d'une passion qui n'a pas changé depuis ses débuts de photographe en Iran sous le régime du Shah. « J'étais alors architecte et j'ai assisté à une répression brutale d'une manifestation étudiante. En l'espace de 3 heures, j'ai compris que mon destin allait changer, que je devais témoigner de ce qui se passait ». C'est grâce à lui que le monde découvre les premières images de la République islamique ainsi que les seules photos de la prise d'otages de l'Ambassade américaine.

Il devient rapidement un artiste militant

Trois années passées dans les geôles iraniennes seront pour lui un véritable apprentissage : il y rencontre les plus grands intellectuels du pays, les cinéastes les plus talentueux et des responsables de partis politiques incarcérés. En 81, il quitte son pays et choisit de s'installer à Paris. C'est l'époque des Grands Reporters et pendant trois décennies Reza sillonne l'Europe, l'Afrique et l'Asie comme témoin des événements les plus marquants à travers une vision acérée, précise et pleine d'humanité. Mais cela ne suffit pas à cet homme qui sait que l'image peut aussi être un outil capable de créer des liens entre les peuples. Si l'humanitaire l'a tenté un moment, il préfère aujourd'hui être au plus proche des gens pour apporter l'éducation au sein même des maisons. En créant en 2001 l'ONG Aïna, il choisit d'éduquer les femmes des pays pauvres ou en guerre aux métiers des médias, une forme alternative à l'éducation classique souvent difficile à instaurer dans les pays musulmans. « Ce sont elles, même s'il faut plusieurs générations, qui peuvent apporter l'espoir et la fin des combats ». Particulièrement impliqué en Afghanistan, il a permis la création du premier magazine et de la première radio à destination des femmes et produits par elles.

Exposition en très grand format

Amoureux de la Ville rose, c'est naturellement que Reza y a trouvé l'endroit idéal pour mêler ses deux préoccupations. Le long de la Garonne, entre le Pont Saint Pierre et le quai de Tounis, plus d'une vingtaine de photos connues ou inédites en très grand format seront exposées : « J'invite les Toulousains à un face à face direct, une revue de l'humanité, un miroir qui reflète des questions et des sentiments ».

Une exposition qui sera doublée, tout au long de l'année scolaire 2012/2013, par la formation d'une cinquantaine de jeunes de la Reynerie. Un choix qui ne doit rien au hasard : « Une Maison de l'Image appelée sans doute à devenir la plus grande de France va y voir le jour. Il est donc logique de former les jeunes de ce quartier à ce type de média ». Et grâce à cette initiation, Reza va faire passer le fil de la paix auprès des familles et des amis de ces adolescents. Une façon de construire en France même un lien entre les différences d'éducation, de milieu et d'origine.

www.rezaphotography.org

Stéphanie de Balorre

© photo Ali Khaligh

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