Crise à l'UMP, le choix de Jean-Luc Moudenc

L'UMP est au bord de l'implosion. Le dernier coup de théâtre est venu de François Fillon qui annonce ce mardi 27 novembre la création d'un groupe parlementaire. Lors du vote des militants pour la présidence de l'UMP, Jean-Luc Moudenc, n'avait pas voulu choisir entre M. Fillon et M. Copé. La crise le contraint aujourd'hui à se positionner. Unique député UMP de Haute-Garonne, il annonce qu'il ne cautionne pas la création d'un groupe parlementaire dissident et s'exprime en faveur d'un référendum pour l'organisation d'un nouveau vote. Interview.
Jean-Luc Moudenc, député de la 3e circonscription de Haute-Garonne et président de l'UMP 31

Allez-vous rejoindre le groupe parlementaire de François Fillon « Le Rassemblement UMP » ?
Malgré les amitiés que j'ai dans le nouveau groupe «Rassemblement UMP », je ne le rejoins pas. La scission n'est pas la solution à un problème qui semble relever davantage d'une question de personnes que d'un débat idéologique ou politique. De plus, je ne peux cautionner une action en justice qui porte, à l'extérieur, devant les tribunaux, nos problèmes internes.

Vous appartenez historiquement à la famille centriste. N'était-ce pas le moment d'adhérer à l'UDI de Jean-Louis Borloo ?
Je reconnais bien volontiers une évidente proximité sur le plan des idées avec l'UDI. Mais pourquoi quitterais-je le groupe UMP alors que les Centristes bénéficient d'une liberté d'expression totale ? Je préfère le pluralisme dans l'unité plutôt que la division qui fait uniquement - et toujours - le jeu de nos adversaires !

Comment jugez-vous les événements qui se déroulent actuellement au sein de votre formation politique ?
Je suis triste et en colère. Alors que les militants ont été formidables en se mobilisant en masse pour voter, le comportement de certains dirigeants est lamentable. Les deux parties doivent trouver un compromis pour préserver l'avenir de l'UMP, cela suppose que chacun fasse un pas vers l'autre... Mais les esprits sont encore trop échauffés pour que cela soit le cas aujourd'hui.

Entre Jean-François Copé et François Fillon, vous n'aviez pas indiqué votre préférence lors du vote des militants. A l'inverse du camp Fillon, reconnaissez-vous la victoire de Jean-François Copé ?
Je savais que cette compétition pouvait déraper sur un affrontement dur et personnel, et nous y sommes. C'est pourquoi, comme Alain Juppé, je n'avais pas voulu faire campagne pour l'un ou pour l'autre. Je me réjouis rétrospectivement d'avoir adopté cette attitude de prudence qui me permet, aux côtés de Laurence Arribagé, secrétaire départementale de l'UMP31, de préserver aujourd'hui en Haute-Garonne, un climat interne unitaire et apaisé.

Reconnaissez-vous la légitimité des résultats ?
J'observe que 95% des résultats ne sont contestés par personne. Je les reconnais donc. Concernant les bureaux litigieux, je pense qu'il serait plus sage d'y revoter, si les adhérents le décident. Cela éviterait que chacun, selon sa subjectivité, reconnaisse ou récuse Jean-François Copé comme président de l'UMP.

La motion « France moderne et humaniste » - que vous avez défendue - est-elle suffisamment représentée dans le camp Copé ?
Elle était soutenue tant par des partisans de Jean-François Copé que des amis de François Fillon ou des non alignés comme moi. Je remarque l'équilibre remarquable que le vote des motions a révélé : 39% pour les motions centristes « Droite sociale » et « France Moderne et Humaniste », 38% pour les motions « Droite Forte et Droite Populaire ».

Le départ des parlementaires fillonistes est-il aussi un préjudice financier pour le parti ? Le parti pourrait perdre jusqu'à 42 000 euros par élu, soit un total de 6 M€...
Il est évident qu'un tel départ a des conséquences financières lourdes. Cependant à ce jour, des députés créent à titre temporaire un nouveau groupe mais ils ne créent pas un nouveau parti. Il est impératif de trouver des solutions pour réunir les deux camps, au-delà de la simple application des statuts. Nos dirigeants le doivent à nos militants et à nos électeurs. L'idée d'un référendum auprès des adhérents leur demandant s'ils veulent revoter me semble à ce titre très pertinente et je la soutiens.

Propos recueillis par Hugues-Olivier Dumez

© Photo Rémi Benoît

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