Europe Ecologie-Les Verts : à Toulouse le premier débat ouvre la bataille des primaires

Les quatre candidats aux primaires d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) se sont confrontés le 7 juin à la Halle aux Grains à Toulouse, devant 400 militants. Eva Joly, Stéphane Lhomme et Henri Stoll se sont positionnés avec force à gauche, face à un Nicolas Hulot plus mesuré.

Les quatre candidats aux primaires d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) se sont confrontés le 7 juin à la Halle aux Grains à Toulouse, devant 400 militants. Eva Joly, Stéphane Lhomme et Henri Stoll se sont positionnés avec force à gauche, face à un Nicolas Hulot plus mesuré.

« Plus de 25 000 personnes se sont déjà inscrites pour participer aux primaires », a annoncé Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts en préambule du débat, avant de laisser la parole aux quatre candidats sur la scène de la Halle aux Grains. Face aux deux personnalités médiatiques Eva Joly et Nicolas Hulot, deux militants moins connus. Tout d'abord Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire du nucléaire, très actif en Gironde contre le gaz de schiste, l'autoroute A65 et les politiques « anti-sociales » menées par le maire de Bordeaux Alain Juppé. Un homme adepte de l'écologie de combat, en particulier contre les multinationales polluantes et « exploitant les salariés ».

Le quatrième candidat est Henri Stoll, maire écologiste de Kaysersberg depuis 17 ans, une commune alsacienne de 3000 habitants qui a remporté en 2007 le championnat de France des énergies renouvelables. Arborant une originale cravate en bois mais garanti « sans langue de bois », Henri Stoll, personnage haut en couleur et plein d'humour, s'est positionné comme un homme de terrain.

Polémique Borloo

Animé par deux journalistes, le débat a débuté sur le rapprochement avec Jean-Louis Borloo évoqué le 4 juin par Nicolas Hulot. « J'ai écouté cette hypothèse puis je l'ai écartée à cause de différences irréductibles », a expliqué ce dernier avant d'ajouter : « Est-ce que l'écologie n'est pas un peu plus que la gauche? Pour moi, c'est presque une troisième dimension. » Tout au long du débat, l'ancien animateur d'Ushuaïa a souligné la nécessité de s'adresser aux électeurs encore réservés par rapport à Europe Ecologie-Les Verts mais qui aspiraient à un changement de modèle.

Davantage conscients que cette soirée était adressée aux militants du parti, les trois autres candidats ont clairement affirmé leur position à gauche. « Des alliances sont impossibles avec des personnes qui n'ont pas critiqué le gouvernement », a martelé Eva Joly, affirmant ainsi sa différence stratégique avec Nicolas Hulot.

Sur la question du nucléaire, Stéphane Lhomme est le plus sévère. Il préconise une sortie en dix ans, tandis que la députée européenne table sur vingt ans et exige l'arrêt de la construction du réacteur EPR. Henri Stoll a de son côté souligné son expérience en tant que maire écologiste dans l'efficacité des mesures vertes sur le terrain : amélioration de l'isolation des habitations, interdiction de la consommation électrique dans les HLM...

Mesures concrètes d'Eva Joly

Si Nicolas Hulot a fait preuve, dans ses réponses, de pédagogie et d'ouverture, il est resté plutôt vague sur des mesures concrètes qu'il porterait. A l'inverse, Eva Joly a énuméré plusieurs actions à mener : instauration d'une 6è République et droit de vote pour tous les résidents en France même les étrangers, création d'un tribunal pénal écologique pour lutter contre « l'impunité des sociétés responsables de catastrophes » (AZF, Erika...), obligation de garantie de cinq ans sur tous les appareils électroménagers pour lutter contre le tout-jetable. « Mon programme est le plus révolutionnaire depuis la Libération », a affirmé la candidate.

Après avoir évoqué d'autres thèmes (droit des homosexuels, lutte contre le chômage, désarmement nucléaire, exemplarité des hommes et femmes politiques) qui ont rencontré un consensus parmi les candidats, chacun a conclu sur ses propres qualités. Après avoir souhaité que le vent de protestation porté les jeunes Espagnols traverse les Pyrénées, Stéphane Lhomme a déclaré, s'il devient président, vouloir prendre Eva Joly comme premier ministre et conseillerait à Nicolas Hulot de prendre des vacances dans un village au sud de l'Argentine... « Sarkozy a réussi à être élu président, qu'est-ce qu'il a de plus que moi? » a de son côté lancé avec malice Henri Stoll. Nicolas Hulot a de nouveau souligné l'importance de ne pas avoir de « posture idéologique ou dogmatique » et de « faire appel à l'intelligence » des électeurs. Les derniers mots, prononcés par Eva Joly, ont été applaudis par les 400 auditeurs : «Nous espérons que Nicolas Sarkozy, de retour à Neuilly, pourra bénéficier d'une mesure de notre programme : le congé parental ! »

Réactions

A l'issue de ce débat, Gérard Onesta, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées, a salué la diversité et l'atypisme des candidats qui ont débattu en faisant montre d'un certain respect. « Je choisis Eva Joly, a-t-il déclaré, qui a une stature morale, d'une intégrité absolue, même si effectivement elle maîtrise moins bien la communication que Nicolas Hulot. » Pour certains militants présents, l'idéal serait l'instauration d'un ticket comme aux Etats-Unis, « pour réunir l'analyse très technique d'Eva et la capacité de Nicolas à parler à tout le monde ».

Deux autres débats auront lieu le 9 juin à Paris et le 15 juin à Lille. Les adhérents d'EELV pourront voter pour leur candidat préféré du 15 au 24 juin. Les résultats des primaires seront connus le 29 juin.

Agnès Baritou

En photo : Stéphane Lhomme, Eva Joly, Henri Stoll et Nicolas Hulot : les quatre candidats d'Europe Ecologie-Les Verts ont débattu à Toulouse (crédit photo : Rémi Benoit)

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