A Toulouse, Nicolas Sarkozy défend la filière spatiale et le nucléaire

Nicolas Sarkozy était à Toulouse mardi 22 novembre à l'occasion des 50 ans du Centre national d'études spatiales(Cnes). Le président de la République a délivré un message : continuer à développer la recherche et l'innovation technologique malgré la crise. Et en a profité pour défendre le nucléaire. Certains élus de gauche ont critiqué "un discours pour rien, sans aucune annonce précise."
Nicolas Sarkozy a prononcé son discours devant 2.500 invités, dont les représentants d'une centaine d'entreprises

De l'Histoire à la réalité. L'Histoire, c'est celle d'Ariane, des satellites d'observation Spot ou des premiers lanceurs. Un demi-siècle d'aventure spatiale retracée mardi à Nicolas Sarkozy, à l'occasion de sa visite sur le site toulousain du Centre national d'études spatiales (Cnes). Une visite guidée de 50 minutes pour le chef de l'État, accompagné du ministre de la Recherche Laurent Wauquiez et menée par le Yannick d'Escatha, le président du Cnes et Marc Pircher directeur du site toulousain. Nicolas Sarkozy a par exemple pu découvrir le centre de contrôle du cargo ATV, le ravitailleur de la station spatiale internationale, ainsi que le centre des opérations du réseau, qui opère un suivi des satellites nationaux.

La réalité, c'est celle des chiffres et d'un discours d'une trentaine de minutes, prononcé devant un parterre de 2.500 invités, dont le président du Conseil régional Martin Malvy et le député-maire de Toulouse Pierre Cohen, ainsi que des représentants d'une centaine d'entreprises. Si de Gaulle avait crée le Cnes en 1961, Nicolas Sarkozy, pour les 50 ans de l'institution, est le premier président de la République à se rendre sur le centre toulousain.

Une façon pour le chef de l'Etat de mettre en avant « le capital scientifique exceptionnel » créé par le Cnes, qui « traduit toute l'importance qu'il accorde à l'industrie aérospatiale », selon Christine de Veyrac, députée UMP du Sud-ouest au Parlement européen et membre de l'intergroupe « Ciel et Espace ». Mais aussi de montrer toute sa détermination « à le préserver et à le développer » malgré la crise.

Ariane 6 et les satellites télécom comme priorités

Nicolas Sarkozy a rappelé son « choix de la croissance et de l'investissement » dans une période économiquement difficile : « La solution de facilité aurait été de réduire nos investissements, mais ç'eut été sacrifier le futur. » Des investissements qui correspondent surtout aux engagements pris à Kourou en 2008 vis-à-vis du Cnes. Et qui ont amené le lancement d'un programme d'investissement de 500 millions d'euros consacrés au secteur spatial. « Une somme qui consolidera dans la durée les compétences de Toulouse et permettra de développer les technologies spatiales et ses applications dans la vie quotidienne et donc de créer de nouveaux emplois », selon Jean-Louis Chauzy, le président du conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées, qui a réagi mardi après-midi au discours du chef de l'Etat. Une autre subvention de 100 millions d'euros concernant le développement du haut débit numérique est aussi prévue.

Le chef de l'État a rappelé que « le budget spatial (civil) de la France aura augmenté de 16 % entre 2007 et 2012 », passant de 1,4 à 1,6 milliard d'euros, « alors qu'il avait stagné jusque-là ». Insistant également sur l'effet d'entraînement de la filière : « Un euro investi dans l'espace crée près de 20 € pour le reste de l'économie. »

Dans le cadre du programme des Investissements d'avenir, le président de la République a également développé les objectifs prioritaires du Cnes pour les prochaines années : le lanceur Ariane 6, destiné à voler vers 2025 et les nouveaux satellites de communication, dont le programme de recherche de 300 millions d'euros est déjà enclenché. Des projets ambitieux qui viendront compléter ceux réalisés dernièrement ou en cours d'études : le lancement de Soyouz le 21 octobre dernier et les satellites Pléiade et Elisa.

"Un discours pour rien"

Nicolas Sarkozy n'a pas évoqué le programme européen de Surveillance Globale pour l'Environnement et la Sécurité, (GMES). Ce qu'a déploré une partie des élus de gauche. Martin Malvy, Pierre Cohen et Pierre Izard ont ainsi dénoncé «Un discours pour rien, sans aucune annonce précise. En particulier, chacun espérait que Nicolas Sarkozy annoncerait le sauvetage du programme européen GMES. Son silence sur ce point est de mauvais augure. Or ce programme est essentiel pour les laboratoires et les industriels de Toulouse.»

"Au-delà, ajoutent les élus dans un communiqué commun, comment ne pas s'inquiéter du devenir de la filière spatiale, une filière qui emploie plus de 12 000 personnes dans la région toulousaine, faisant de Midi-Pyrénées le premier bassin d'emploi spatial en Europe. L'avenir des programmes spatiaux sur lesquels travaillent nos chercheurs et nos ingénieurs est chaque année remis en question, voire définitivement menacé."

Les élus Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) de la Région, avaient, eux, carrément boycotté la venue du chef de l'Etat à Toulouse et ne sont pas rendus à son discours.

"L'Europe doit rompre avec une certaine naïveté"

Nicolas Sarkozy a aussi appelé de ses vœux une coopération européenne plus poussée. « Nous devons cesser d'ouvrir nos marchés de façon unilatérale », a-t-il ainsi déclaré, tout en se défendant de promouvoir « un quelconque protectionnisme ». L'Europe doit, selon lui, « rompre avec une certaine naïveté. »

Venu à Toulouse spécialement pour cette visite du Cnes, le président de la République ne s'est pas attardé sur d'autres sujets. Il a néanmoins conclu son discours en abordant le sujet du nucléaire, « une énergie plus propre et moins coûteuse ». Déplorant «les discours actuels remettant en cause l'idée même de progrès », il a ajouté : « Comment comprendre autrement la mise en cause de notre programme nucléaire ? », allusion à l'accord PS - Verts. « Sachez, a t-il poursuivi, que je ne laisserai pas dilapider cet héritage. »

Jean-Luc Moudenc, président de l'UMP 31 a également réagi à la visite de Nicolas Sarkozy qui a prononcé « un discours majeur pour la recherche et l'industrie spatiale.Les élus socialistes locaux, Pierre Cohen, Pierre Izard et Martin Malvy ont cru bon d'affirmer qu'il s'agissait d'un « discours pour rien ». Il est fort regrettable que des postures politiques prennent le pas sur le consensus qui existait concernant les filières spatiale ou nucléaire. Les intérêts supérieurs de nos territoires doivent s'effacer devant les petites querelles politiciennes. »

Victor Matet

(photo © Rémi Benoit)

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