À Toulouse, Michel Sapin prononce un discours volontariste contre le chômage

Le ministre du Travail était à Toulouse ce jeudi 31 octobre pour vanter les effets positifs des mesures gouvernementales en faveur de l'emploi et rappeler sa volonté d'inverser la courbe du chômage. Aux côtés du maire de Toulouse Pierre Cohen et du président de Région Martin Malvy, il a notamment participé à un Forum pour l'emploi des jeunes dans le quartier populaire de la Reynerie. En marge de ce déplacement, Michel Sapin a accepté de répondre à nos questions.
Embauché en CDI par Habitat Toulouse à partir du 2 décembre, Mohammed Belguellaoui serre la main de Michel Sapin, sous les yeux du préfet de Région Henri-Michel Comet, de Pierre Cohen, Martin Malvy et Stéphane Carrassou, président d'Habitat Toulouse.

Emplois d'avenir, contrats de génération, emplois francs... Si Michel Sapin a fait le déplacement à Toulouse aujourd'hui, c'est avant tout pour défendre les mesures prises par le gouvernement Ayrault contre le chômage. Alors que le nombre de demandeurs d'emplois a atteint le chiffre de 3,29 millions en septembre, le ministre du Travail a tenu à marteler le message du gouvernement : "la courbe du chômage va s'inverser".

Midi-Pyrénées, un exemple pour les emplois d'avenir

Accompagné du maire de Toulouse Pierre Cohen, Michel Sapin s'est notamment rendu sur le Forum "le 31, on recrute à la Reynerie", co-organisé par le Conseil régional et Toulouse Métropole, et consacré à l'emploi des jeunes en Zones urbaines sensibles (Zus). S'il s'est félicité de la décélération du nombre de nouveaux demandeurs d'emploi - "200 par jour contre 1.000 à l'arrivée du gouvernement" - il a insisté sur les efforts à fournir. "Il faut aller là où il y a du chômage, et le nombre de chômeurs est beaucoup plus élevé dans les quartiers", a-t-il rappelé. "Certains quartiers comptent 40 à 50 % de chômeurs, insiste Pierre Cohen, président de Toulouse Métropole. Si on pouvait diviser par deux le nombre de chômeurs, ce serait une réussite."

Avec 3.692 emplois d'avenir signés en Midi-Pyrénées depuis leur mise en place, la région a dépassé l'objectif fixé par le gouvernement (3.600, NDLR). Un chiffre dont s'est également réjoui le président du Conseil régional Martin Malvy, qui a rappelé que "Midi-Pyrénées a pris le problème à bras le corps avec les Maisons communes emploi formation, qui ont vu le jour ici il y a dix ans. On en compte aujourd'hui vingt dans la région."

"Avec 31 100 sur le CV, on ne nous rappelle pas"
Le ministre du Travail a profité de sa visite pour signer le premier emploi franc toulousain, un nouveau dispositif visant à faciliter l'embauche en CDI des jeunes de moins de 30 ans vivant dans les Zus. "Les entreprises ont désormais la possibilité de prouver qu'elles sont contre les discriminations", assure Pierre Cohen. Dans un discours volontariste, Michel Sapin a ensuite déclaré en avoir "assez des sceptiques. Ayez un peu confiance. Ce n'est pas parce que le chômage augmente depuis des années qu'on ne peut pas faire autrement." Il s'est également félicité du succès des emplois d'avenir : "Ce ne sont pas des emplois garages mais des emplois pérennes."

Les nombreux jeunes présents sur place, visiblement dans l'attente d'une réponse, ne voient là qu'une "pièce de théâtre". "Quand on a le code postal 31100 sur son CV, on ne vous rappelle pas", nous confie l'un deux. Jamel Bouabbas, "président du peuple de la Reynerie", comme il se définit, rappelle les nombreuses promesses qu'il a entendu. "Sous le précédent gouvernement, on nous avait annoncé que des entreprises allaient s'implanter dans les quartiers (les zones franches, NDLR) pour embaucher des jeunes. Ça n'a pas été fait. Aujourd'hui, il faut que les autorités entendent le peuple", insiste Jamel, qui n'a pas hésité à interpeller le ministre à l'issue de son discours.

Au cours de sa visite dans la Ville rose, Michel Sapin a rencontré des chefs d'entreprises pour échanger sur les emplois d'avenir. Il s'est aussi rendu sur le site columérin d'Airbus, pour revenir sur la mise en place des contrats de génération.

Paul Périé

3 questions à Michel Sapin
Alors que le chômage des jeunes recule, le nombre de demandeurs d'emploi est en hausse de 5,6 % sur un an en Midi-Pyrénées. Comment l'expliquez-vous ?

Il faut regarder les chiffres sur les cinq derniers mois. Le nombre de chômeurs de moins de 25 ans est en baisse ici aussi, même si ce n'est jamais assez.* La Région et la Ville de Toulouse ont fait un gros travail en utilisant tous les outils mis à leur disposition. C'est aussi le sens de mon déplacement à Toulouse.

Vous avez récemment déclaré que le chômage ne reculerait pas tant que le chômage de longue durée ne baisserait pas. Emplois d'avenir et contrats de génération ne sont pas des réponses à ce chômage. Quelles solutions pouvez-vous apporter ?

Le chômage de longue durée est en effet une priorité. Même si ces mesures ne sont pas destinées aux chômeurs de longue durée, le gouvernement a pris des orientations. Les contrats aidés sont désormais tournés vers les personnes qui sont au chômage depuis plus d'un an, mais aussi vers les personnes de plus de 50 ans, qui doivent également être ramenées vers l'emploi. Ces catégories sont aussi très souvent touchées par le chômage de longue durée.

On compte aujourd'hui 11.000 contrats de génération en France. Pensez-vous atteindre l'objectif fixé par le gouvernement de 75.000 d'ici à fin mars 2014 ?
Ces chiffres ne sont pas tout à fait exacts, car plus de 11.000 contrats de génération ont été signés. Mais il faut aussi analyser ces chiffres. Dans les PME, ce dispositif fonctionne très bien. Dans les très grands groupes, comme Airbus, beaucoup de contrats ont été signés. La bataille que nous devons mener est celle des entreprises de taille moyenne, entre 50 et 300 salariés. Des négociations sont nécessaires. Elles peuvent se faire branche par branche ou au cas par cas. Comme les contrats d'avenir, décriés au début, les contrats de génération seront une réussite.

* - 0,6 % en juillet, - 3,6% en août, + 2,8% en septembre. La forte baisse du mois d'août s'explique par le bug SFR qui avait accentué les désinscriptions au Pôle emploi. La hausse du mois de septembre peut s'expliquer par un effet de rattrapage.

Propos recueillis par PP
© photo Rémi Benoit

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