Financement de la LGV : les déclarations du nouveau préfet font des vagues

Le nouveau préfet de Midi-Pyrénées, Henri-Michel Comet, rappelait le 3 mai dernier que d'autres projets de lignes à grande vitesse pourraient passer avant la LGV Sud-Ouest si le financement du tronçon Tours-Bordeaux n'était pas bouclé. Ses propos ont fait fortement réagir les élus de tous bords.

Le nouveau préfet de Midi-Pyrénées, Henri-Michel Comet, rappelait le 3 mai dernier que d'autres projets de lignes à grande vitesse pourraient passer avant la LGV Sud-Ouest si le financement du tronçon Tours-Bordeaux n'était pas bouclé. Ses propos ont fait fortement réagir les élus de tous bords. « Menace inacceptable » à l'encontre des collectivités pour les uns, annonce dénonçant le « comportement irresponsables de barons locaux » pour d'autres : le débat fait rage.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les propos du nouveau préfet de Haute-Garonne et de Midi-Pyrénées, lors de sa présentation officielle devant la presse, ne sont pas passés inaperçus. Henri-Michel Comet avait affirmé ne pas exclure l'ajournement du projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse, au profit d'autres projets de lignes à grande vitesse, si d'aventure le financement du tronçon préalable Tours - Bordeaux n'était pas bouclé. Ajoutant que l'information n'est pas nouvelle et qu'il ne faisait que relayer les interrogations gouvernementales. (lire ici)

Depuis, c'est le tollé au niveau régional, tous bords politiques confondus. Ce sont les écologistes qui ont dégainé les premiers. Europe Écologie - les Verts estime qu' « Henri-Michel Comet menace que d'autres projets LGV deviennent prioritaires. Nous aimerions avoir plus de précisions. Quelles collectivités territoriales sont-elles prêtes à accepter des tels partenariats publics-privés et une ingénierie financière scandaleuse telle qu'elle est proposée pour le projet LGV Sud Europe Atlantique ? » Au nom du parti écologiste, François Simon poursuit : « L'histoire donne ici raison à Europe Écologie, qui depuis le début a toujours annoncé que ce projet ne pouvait être financé avec une telle mise à contribution des collectivités territoriales. Aujourd'hui, l'État qui a la pleine compétence sur le développement des grands projets structurants, tente de rendre responsables les collectivités territoriales de l'abandon probable de la LGV. (...) Les élus Europe-Ecologie au Conseil Régional Midi-Pyrénées appellent l'ensemble des collectivités à se mobiliser pour le financement du réaménagement des lignes existantes. (...) »

"Faute lourde"

Martin Malvy, président du Conseil régional, Pierre Izard, président du Conseil général de Haute-Garonne et Pierre Cohen, président du Grand Toulouse, ont réagi dans un communiqué commun : « Que le Gouvernement fasse pression sur les collectivités qui n'ont pas encore décidé de participer au financement de la LGV, on peut le comprendre. Nous avons pris, en ce qui nous concerne, nos responsabilités. Le Conseil régional Midi-Pyrénées, le Conseil général de la Haute-Garonne et le Grand Toulouse, notamment, ont voté l'engagement financier qui leur avait été demandé. Nous avons accepté, convaincus que ce serait une faute lourde pour le développement économique et l'emploi à Toulouse et en Midi-Pyrénées que de laisser la 4e ville de France et la plus grande des régions à l'écart du réseau national et européen des lignes à grande vitesse. Que le gouvernement menace, par contre, de reporter à plus tard le lancement du projet n'est pas acceptable puisqu'il aurait dû assumer seul la charge de son financement. »

Députée-maire UMP de Montauban, Brigitte Barèges a elle aussi fait entendre sa voix : « Malheureusement, c'était prévisible, l'État commence à se lasser de la perte de temps que font courir certaines collectivités au projet de ligne à grande vitesse du Sud-Ouest. (...) L'État ne peut pas se permettre de faire passer en priorité la ligne Sud-Ouest si le comportement irresponsable de barons locaux lui fait perdre des années en discussions stériles. (...) » Une pique adressée à l'endroit de Jean-Michel Baylet, président du Conseil général de Tarn-et-Garonne, collectivité qui a refusé toute contribution financière, estimant les garanties de passage par le département insuffisantes. Le groupe d'opposition au Conseil régional « Osons Midi-Pyrénées » dénonce lui « une inacceptable prise en otage » de la LGV et jugent « les présidents des conseils généraux de gauche de Midi-Pyrénées coupables. Enlisés dans leurs calculs politiciens, ils sont en train de saboter un projet de 13 milliards d'euros qui va concerner pas seulement une dizaine de départements et 5 régions mais surtout des millions de personnes. »

Mikaël Lozano

En photo : la ligne LGV doit mettre Toulouse à trois heures de Paris (© Rémi Benoit)

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