LGV à Toulouse : Matabiau n'aura pas son quartier d'affaires

Pour l'arrivée de la LGV, attendue en 2020, Toulouse devra doubler la capacité de sa gare Matabiau. Un projet urbain va voir le jour sur une soixantaine d'hectares. L'idée d'un quartier d'affaires semble abandonnée au profit d'un espace mixte associant résidentiel, commerces, bureaux... Une orientation qui ne ravit pas tout le monde.
Un projet urbain verra le jour d'ici 2020 sur 60 hectares autour de Matabiau

Une véritable métamorphose, voilà ce qui attend la gare Matabiau et les quartiers toulousains Marengo et Raynal qui l'englobent. Le Grand Toulouse, ainsi que le Conseil régional, le Conseil général de Haute-Garonne, RFF et la SNCF, ont lancé 26 études pour un coût global de 4 millions d'euros. Stratégiquement, l'enjeu est de taille : la Ville rose doit se doter d'un quartier tirant pleinement partie de l'effet économique espéré de la LGV en 2020. « Il est encore trop tôt pour dire à quoi ressemblera cette zone, affirme Alain Garès, directeur général de la Société publique locale d'aménagement (Spla) du Grand Toulouse. La gare deviendra un véritable pôle multimodal de transports. » « Ce ne sera pas seulement un quartier d'affaires, avec des entreprises et des bureaux, complète le député-maire de Toulouse et président du Grand Toulouse Pierre Cohen. Ce sera véritablement une extension du centre-ville, avec de l'habitat, des commerces et des services, autour d'une gare transformée en pôle d'échange multimodal. Avec ce projet nous élargissons le centre de Toulouse, nous nous dotons enfin d'un centre à la dimension d'une métropole européenne ! »

Manque de concertation ?
Ce choix ne ravit pas Marc Delpoux, président de l'Observatoire toulousain de l'immobilier d'entreprise (OTIE) : « L'arrivée de la LGV justifie clairement un nouveau quartier d'affaires. Depuis 1992 et la création de Compans-Caffarelli, il n'y a plus d'offres de bureaux en centre-ville. Le succès en périphérie de la zone de Balma Gramont s'explique en partie par cette pénurie. En hyper-centre, beaucoup de sociétés sauteraient sur l'occasion, à condition de faire attention : s'il s'agit de bureaux avec vue sur le balcon d'en face et le linge qui sèche, comme au Ritay derrière Compans-Caffarelli, ça n'a aucun sens. Lille, Lyon sont au contraire de bons exemples. » Le président de l'OTIE regrette que l'organisme ne soit pas associé aux réflexions. Et estime qu'« en deçà de 200 000 m2 de bureaux, c'est du bricolage ! C'est la taille minimale d'un quartier dit d'affaires, comme Euromed à Marseille (300 000 m2 de tertiaire), Euralille (200 000 m2) ou encore Euratlantique à Bordeaux (500 000 m2).

Premiers changements en 2016
Pour concevoir son projet, Toulouse compte décrocher le statut d'opération d'intérêt national. La Ville rose ne disposera que d'une soixantaine d'hectares. « Le milieu est très contraint, reconnaît Alain Garès. Une forte densification sera nécessaire. On a pu entendre que tout le quartier serait exproprié, qu'on raserait pour recommencer. Ce n'est pas comme cela que ça va se passer. Nous nous efforcerons de préserver le caractère intimiste de Matabiau, Périole ou Raynal. »

Rien n'a encore été acté mais le grand concours d'urbanisme initialement envisagé semble mis de côté. Le Grand Toulouse a missionné un cabinet belge, EuroImmoStar, qui planche sur un schéma directeur de l'ensemble. La tendance est plutôt de lui demander de pousser plus loin ce document, avec une localisation spatiale des éléments du quartier. L'avantage : « Si l'on mettait sur pied un concours, les urbanistes commenceraient par tout remettre en cause et reprendre à zéro, sourit Alain Garès. Cela prendrait un an de plus. Mais on ne s'interdit pas de faire appel à des professionnels de renom sur différents projets. »
« Les premiers projets d'aménagement seront définis d'ici fin 2012, poursuit Pierre Cohen. Il restera ensuite de nombreuses étapes avant de passer au stade opérationnel : réorganisation de certaines fonctions ferroviaires, négociations foncières avec la SNCF et RFF, préparation des terrains... Les premiers signes visibles de transformation du quartier apparaîtront donc en 2016-2017. A cette date, on sentira également les premiers effets de la mise en service de la ligne TGV Tours - Bordeaux, qui mettra déjà Toulouse à 4 h de Paris. »

Mikaël Lozano

En savoir plus :
En 2020, la LGV devrait mettre Toulouse à 3h10 de Paris et 1h05 de Bordeaux. Élus et chefs d'entreprises espèrent d'importants impacts en matière de développement économique, d'urbanisme, de tourisme, d'immobilier... Que peut réellement espérer Midi-Pyrénées ? Quels sont les principaux projets destinés à accompagner la LGV ? Le projet peut-il être à nouveau retardé voire annulé ? Le calendrier, le tracé, les dossiers polémiques : retrouvez notre grand dossier dans le nouveau numéro d'Objectif News, en kiosque actuellement.

Photo Rémi Benoit

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