Crise agricole : manifestation prévue vendredi à l'appel de la FDSEA

Les agriculteurs vont manifester vendredi 16 octobre dans les rues de Toulouse. Leurs revendications : ne pas payer d'annuités et de cotisations sociales pendant un an et obtenir le remboursement de la taxe foncière sur le non bâti.

« On n'avait pas vécu une crise d'une telle ampleur depuis 30 ans. Ce sont tous les secteurs qui sont concernés, et pas seulement la filière du lait » prévient Yvon Parayre, président de la chambre d'agriculture de la Haute-Garonne et du syndicat FDSEA. Le constat est grave : tous les paysans vendent en dessous du prix de revient. Une situation qui exige une réaction rapide des pouvoirs publics et une réponse concrète aux revendications exprimées.

« Nous voulons une année blanche tant au niveau des annuités que des charges sociales. Nous demandons également le remboursement de la taxe foncière sur le non bâti et l'exonération de la taxe carbone » détaille Yvon Parayre qui espère que la manifestation de vendredi permettra de porter à la connaissance du grand public le malaise des campagnes. Une mobilisation à laquelle se joindront également les jeunes agriculteurs qui partagent les préoccupations de leurs aînés.

« Aujourd'hui, on travaille pour rien. C'est à cause du désengagement des Etats par rapport à la régulation des marchés que l'on est arrivé à cette situation, vilipende Lionel Laborie, le président de la section Haute-Garonne. Il est indispensable que les coûts baissent pour éviter l'asphyxie et permettre à nos exploitations de passer ce cap difficile. » Une urgence qui justifie que tous les agriculteurs répondent présents à la manifestation : « Il faut montrer que l'on est uni pour notre propre survie et que l'on se battra pour ne pas être sacrifié sur l'autel du libre-échange. »

Un appel au plus grand nombre qui ne sera pourtant pas suivi comme le confirme Eric Genest, porte-parole de la confédération paysanne 31 : « Contrairement à ce que l'on a pu lire dans les médias, nous ne serons pas présents à la manifestation. En tant que co-responsable de la politique agricole depuis 1960, la FNSEA est, en partie, à l'origine du problème. Nous n'avons, d'ailleurs pas été convié à ce rassemblement. » Une divergence de points de vue partagée par la coordination rurale qui regrette de ne pas avoir été consulté par la FNSEA pour l'organisation de la manifestation.

« Nous avons des différences fondamentales dans la manière d'aborder les choses puisque nous plaçons le paysan avant la filière contrairement à eux, précise d'abord Daniel Condat, président de l'organisation des producteurs de lait à la coordination rurale 31. Nous refusons, par ailleurs, d'embêter le citoyen qui n'est pas la cible de nos revendications. Ceci étant, nous serions peut-être venus si la FDSEA nous avait appelé car le problème est tel qu'il impose que l'on passe au-delà de nos divergences. » Solidaires de ce monde paysan qui souffre, c'est pourtant divisés, et donc amoindris, que les agriculteurs s'apprêtent à arpenter le bitume toulousain.

Ils pourront toutefois compter sur le soutien de Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées qui demande au gouvernement et à la Commission Européenne de mettre en place les premières mesures d'urgence et un plan de sauvetage : « Des situations très difficiles au plan financier pour les agriculteurs se multiplient, elles peuvent conduire très rapidement à des faillites, des disparitions d'exploitations et de drames personnels comme la Bretagne vient déjà de les vivre » s'inquiète-t-il en rappelant que l'agriculture constitue le premier secteur d'activités de Midi-Pyrénées avec 60 000 emplois et près de 100 000 avec l'agroalimentaire.

Martin Malvy, président de la Région, avait également, en marge du carrefour des maires, volé au secours des agriculteurs : « Le revenu moyen en Midi-Pyrénées est à 65% de la moyenne nationale. C'est dire si les effets de la crise sont dévastateurs et qu'ils mettent en jeu la pérennité même de certaines exploitations, s'est-il alarmé. Si l'Europe n'agit pas, ce sera au gouvernement de le faire, mais vite. En intervenant pour que les prêts de trésorerie soient ramenés au taux zéro pour les laitiers et demain pour d'autres secteurs, la Région est allée financièrement au maximum de ce qu'elle peut faire. Mais les prêts de trésorerie ne valent que dans l'attente d'un retour à des prix rémunérateurs. Or, ce sont les mécanismes de formation des prix qui doivent être revus sans tarder » a-t-il conclu.

La manifestation devrait provoquer d'importantes perturbations de trafic sur l'ensemble de l'agglomération toulousaine tout au long de la journée du 16 octobre.


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