Croissance verte : "Le Grenelle permettra de générer 450 milliards d'euros d'activité économique en 12 ans"

Entretien avec Jérôme Llobet, animateur « production et consommation responsable » à l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) Midi-Pyrénées. Il présentait ce 18 septembre les perspectives de développement du green business lors d'un débat organisé par la Maison de l'Environnement à Toulouse.La notion de « croissance verte » est-elle une nouveauté ?

Entretien avec Jérôme Llobet, animateur « production et consommation responsable » à l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) Midi-Pyrénées. Il présentait ce 18 septembre les perspectives de développement du green business lors d'un débat organisé par la Maison de l'Environnement à Toulouse.

La notion de « croissance verte » est-elle une nouveauté ?
Non, mais le grand public s'est rendu compte qu'il s'agissait d'un business conséquent. Ce n'est plus uniquement l'affaire de personnes de bonne volonté. Tout le monde a compris que de nouveaux marchés s'ouvraient. A titre d'exemple, les investissements consacrés aux économies d'énergie sont aujourd'hui croissants. Ainsi, la dépense moyenne par ménage est passée entre 2005 et 2007 de 3 200 € à 4 200 €.

Le Grenelle de l'environnement a-t-il joué le rôle de Plan de relance avant l'heure ?
Ses nouvelles dispositions légales conduiront fortement à l'essor de la croissance verte. Dans ce contexte de crise, les 15 grands programmes du Grenelle participeront de manière substantielle à la relance de l'économie. Une étude réalisée en décembre 2008 par le Boston Consulting Group sur l'impact du portefeuille du Grenelle avance le chiffre de 450 milliards d'euros d'activité économique générée sur 12 ans, financés à hauteur d'environ 170 milliards d'euros par l'Etat et les collectivités territoriales.

Les études de l'Ademe vont-elles dans le même sens ?
La maîtrise de l'énergie et le développement des énergies renouvelables représentent aujourd'hui un marché de 33 milliards d'euros et 220 000 emplois en France. Les études menées par l'Ademe montrent que les perspectives d'évolution sur la base des objectifs du Grenelle de l'environnement permettent d'envisager un doublement de ce marché et des emplois afférents pour atteindre 70 milliards d'euros et 440 000 emplois en 2012. Ainsi, la réalisation de ces objectifs aurait un effet positif pour l'économie, +2 points de PIB en 2020, même en tenant compte des coûts de mise en œuvre partagés entre les citoyens, les acteurs économiques et l'Etat. L'impact positif des économies d'énergie sur la balance extérieure favoriserait la croissance et renouerait avec l'ambition d'une moindre dépendance énergétique de la France. Le développement du transport ferroviaire, des travaux de maîtrise de l'énergie dans le bâtiment et la production de biocarburants dépasseraient très largement les pertes économiques et d'emploi dans la branche énergie.

Quelles sont les filières à suivre ?
Essentiellement le bâtiment, les transports et les énergies renouvelables. Ce chiffre de 450 milliards s'applique également aux secteurs de l'agriculture, des déchets, de la biodiversité, de la recherche et des préventions des risques.

Combien d'emplois seront générés par cette croissance verte ?
On estime à 600.000 emplois créés grâce aux retombées du Grenelle d'ici 2020 dans les nouveaux métiers et dans les secteurs reconvertis à la croissance verte. Le Boston Consulting Group a ainsi été évalué que l'amélioration des performances techniques dans le bâtiment représentait un potentiel de 300.000 emplois, les évolutions liées aux modes de transports 249.000 emplois. Les études économiques conduites par l'ADEME estiment ainsi que le Plan bâtiment du Grenelle de l'environnement engendrera, d'ici 2013, 170.000 emplois directs dans le bâtiment et 80.000 emplois indirects chez ses fournisseurs.

Que manque-t-il pour encore gonfler ces chiffres ?
On constate un décrochage entre la croissance exponentielle du business et le nombre d'emplois. Le secteur industriel fait encore trop appel à des technologies importées. Il doit procéder à une mutation et élargir sa gamme, les emplois suivront et les prix baisseront. Les grands groupes initient la tendance, la pression « green » se répercutera automatiquement chez leurs sous-traitants.

Comment se place Midi-Pyrénées dans ce contexte ?
Nous ne disposons pas d'indicateurs assez précis pour le juger, mais la région se place sans aucun doute parmi les plus actives de la filière énergies renouvelables. Ses atouts sont nombreux : 3e forêt de France, fort potentiel hydraulique, éolien et photovoltaïque.

En savoir plus :
- La Maison de l'Environnement de Toulouse organisait ce 18 septembre un petit-déjeuner débat sur « la croissance verte, une des réponses à la crise économique ». Il est possible de revivre les interventions sur www.maison-environnement-midipyrenees.fr
- www.ademe.fr

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