Aéronautique : Aerolia, six mois d'existence et un appétit mondial

Aerolia vient de participer à son premier Salon du Bourget. Un événement pour la nouvelle filiale d'EADS dédiée aux aérostructures et implantée à Toulouse. Fondée il y a moins de 6 mois, l'entreprise développe une triple stratégie. Elle investit en France pour ses contrats Airbus, vise de nouveaux marchés et crée une filiale low cost en Tunisie.À 500 mètres de la rocade Arc-en-Ciel et à quelques centaines de mètres des usines d'assemblage d'Airbus, Christian Cornille reçoit ses visiteurs dans un vaste bureau au 5e étage d'Aerolia.

Aerolia vient de participer à son premier Salon du Bourget. Un événement pour la nouvelle filiale d'EADS dédiée aux aérostructures et implantée à Toulouse. Fondée il y a moins de 6 mois, l'entreprise développe une triple stratégie. Elle investit en France pour ses contrats Airbus, vise de nouveaux marchés et crée une filiale low cost en Tunisie.

À 500 mètres de la rocade Arc-en-Ciel et à quelques centaines de mètres des usines d'assemblage d'Airbus, Christian Cornille reçoit ses visiteurs dans un vaste bureau au 5e étage d'Aerolia. Une pièce où il ne fait généralement que passer, happé par un agenda délirant à la hauteur de la mission qu'il mène depuis 6 mois. Le 5 janvier, Christian Cornille, 45 ans, a pris la présidence de la nouvelle filiale d'EADS spécialisée dans les aérostructures et les pointes avant des avions.

Filiale en CDD
La nouvelle société a été créée suite à l'échec au printemps 2008 de la cession au groupe Latécoère des usines de Méaulte (80) et de Saint-Nazaire-Ville (44). Christian Cornille a suivi de très près ce projet de cession (le projet Zéphyr) puisqu'il était lui-même chargé, au nom d'Airbus, de mener les négociations avec les acquéreurs potentiels, Spirit à une époque, Latécoère ensuite. « Airbus a estimé que Latécoère ne présentait pas toutes les garanties financières pour que l'opération se passe bien. Le groupe a été écarté et faute de repreneur privé, EADS s'est résolu à continuer à financer cette activité en la filialisant. » La stratégie de désinvestissement est cependant maintenue et, à terme, EADS cèdera Aerolia. Dans le sillage de Power 8 (le plan de réduction des coûts), Tom Enders et Fabrice Brégier n°1, et 2 d'Airbus, sont en effet déterminés à concentrer l'activité de l'entreprise sur l'assemblage final d'avions. Airbus veut être architecte et intégrateur et non plus spécialiste des détails. « Les besoins financiers pour lancer de nouveaux avions sont tellement importants en R&D et en investissement industriel (10 milliards d'euros pour l'A350), explique Christian Cornille, qu'Airbus doit partager les coûts de développement des futurs programmes. » Un jour ou l'autre Aerolia sera vendue.

6 mois, 120 recrutements
« Dans les mois qui ont précédé la naissance d'Aerolia, il y a eu beaucoup d'inquiétudes, reconnaît Philippe Quibel, délégué CFTC de l'entreprise. La crainte de la revente transparaît toujours mais de façon très marginale. Nous sommes plutôt désormais dans un climat de confiance avec des investissements en cours en France et des embauches. » Depuis janvier, 120 recrutements ont été opérés essentiellement dans les bureaux d'études toulousains. Un chiffre qui exclu les 1 850 transferts réalisés entre Airbus et Aerolia. Depuis janvier, les recrutements ont été majoritairement opérés sur le programme A350 XWB. Aerolia est en effet responsable de l'ensemble des work package (lot complet) de la pointe avant du futur appareil. La première livraison d'un A350 est prévue pour 2013 et le chronomètre est lancé. Le 27 avril, Christian Cornille et Fabrice Brégier, directeur général délégué d'Airbus et président du conseil d'adminitration d'Aerolia ont posé, à Méaulte, la première pierre de la future unité de composites.
Un investissement de 220 millions d'euros. La ligne de production qui devra être opérationnelle au dernier trimestre 2010 sera installée au sein même de l'usine picarde. Elle s'étendra sur 18 000 m2 et abritera 3 zones spécifiques au composite. Les panneaux fabriqués et assemblés à Méaulte seront livrés à Saint-Nazaire Gron avant d'être transférés sur la "final assembly line" en cours de construction à Saint-Martin du Touch (31).

Objectif Boeing
Pour Aerolia, l'A350 est un objectif majeur, un défi technologique et une façon de s'imposer sur le marché. « Nous avons l'opportunité, explique Christian Cornille, de démontrer à l'ensemble du marché que l'entreprise est capable de concevoir, de réaliser, d'industrialiser et de fabriquer l'ensemble de la pointe avant d'un Airbus. »
Ensuite, sans doute à partir de 2011, Aerolia pourra sortir la suite de son jeu et partir à l'assaut de Boeing. Actuellement dépendante d'Airbus à 98 %, la filiale d'EADS devra diversifier son carnet de commandes. De même que Spirit, filiale de Boeing, prend des marchés chez Airbus, Aerolia devra viser le constructeur américain et tous les autres constructeurs aéronautiques. Christian Cornille sait que ce sera long car il faut se faire connaître et imposer la marque Aerolia. D'où l'importance d'un rendez-vous comme le Salon aéronautique du Bourget où la filiale d'EADS a exposé sur son stand de 100 m2 un tronçon d'A320 ainsi qu'une maquette de la future unité composite de Méaulte.
« Nous déployons une grande activité commerciale, poursuit Christian Cornille. Depuis janvier, nous sommes allés voir Dassault, Bombardier, Eurocopter, Embraer. Nous avons aussi répondu à des appels d'offres qui ne faisaient pas partie du périmètre initial d'activité et obtenu une première victoire commerciale en remportant le marché des tuyauteries et des conduits de l'A350 XWB. »

Un esprit start-up ?

Depuis la création d'Aerolia, tout est allé très vite. « Nous avons un peu le sentiment de vivre la création d'une start-up, reconnaît Philippe Quibel, délégué CFTC de l'entreprise. Les gens sont très motivés. Socialement, les salariés transférés n'ont rien perdu et on peut dire aussi que le dialogue avec la direction est bon. Christian Cornille est quelqu'un qui sait faire passer les messages et il a une gestion humaine des problématiques. »
Conséquences de ce management, la création de la filiale low cost en Tunisie (lire ci-dessous) passe presque comme une lettre à la poste. Lors du comité d'entreprise la CGT, FO et CFDT avaient voté contre mais la CGC et la CFTC s'étaient abstenues. « Nous avons opté pour une position de réserve, précise Philippe Quibel, pour ne pas sanctionner d'entrée de jeu notre direction. » Les salariés sont conscients que dans un marché en pleine recomposition, Aerolia est engagé dans une course de vitesse. « Nous sommes obligés d'être offensifs » insiste Christian Cornille qui, avant de repartir en rendez-vous, cite le livre de chevet de son management « Qui a piqué mon fromage ? », ou comment se mettre en mouvement sous peine de mourir...

En savoir plus :

- www.aerolia.com

En photo : la nouvelle filiale d'EADS dédiée aux aérostructures est basée à Toulouse.

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