Air France a annoncé aujourd'hui la suppression de 2.500 à 3.000 postes d'ici 2011. La compagnie aérienne précise qu'il ne s'agira pas de licenciements : elle ne remplacera pas les départs naturels (CDD non renouvelés et départs à la retraite non compensés). La direction d'Air France n'a pas précisé la nature des postes concernés. Le groupe Air France - KLM devrait présenter en mai une perte d'exploitation de 200 millions d'euros pour l'exercice 2008-2009.
La nouvelle est tombée le 7 avril lors de la convention des cadres d'Air France. Elle a été rendue public aujourd'hui par un porte-parole d'Air France. 3.000 postes seront supprimés au cours des deux prochains exercices (2009-2010 puis 2010-2011). Pas de licenciements, mais pas d'indications non plus sur la nature des postes qui seront touchés. « L'ensemble des catégories de personnel sont touchées par un sureffectif », a précisé la porte-parole. La direction d'Air France va mettre en place un certain nombre de mesures pour faciliter les départs, sans toutefois avoir recours à un plan social. « Il y a des aides individualisées pour les gens qui souhaitent réaliser un projet personnel en dehors de l'entreprise. On va aussi proposer des rachats de trimestres pour les personnes très proches de l'âge de la retraite, et on incite les gens à utiliser les congés formation, des congés sabbatiques. Pour faciliter l'adaptation à une charge de travail moindre, la mobilité en interne est favorisée, et le télétravail est également encouragé. » Le passage au temps partiel est aussi envisagé, selon la CFDT.
La direction régionale Midi-Pyrénées confirme ces informations mais annonce ne pas connaître leurs conséquences sur l'emploi à Toulouse. « Il est encore un peu tôt pour définir l'impact local. Si la direction nationale annonce que des départs en retraite ne seront pas remplacés, on sera sans doute dans cette même ligne de conduite. Les CDD ne seront pas renouvelés et il n'y aura pas d'embauche ni de personnel saisonnier », note toutefois un porte-parole régional. Au cours de l'exercice 2008/2009 qui vient de se terminer, Air France avait annoncé en février avoir supprimé 1.000 à 1.200 postes, en ne remplaçant pas un certain nombre de départs en retraite, en bloquant les embauches et en mettant fin aux contrats à courte durée (intérimaires et CDD). La compagnie compte près de 74.000 salariés.
Charles Marion, délégué syndical Sud aérien à Air France Toulouse, dénonce « des mesures moins brutales que dans d'autres entreprises mais malgré tout peu transparentes. Toute l'astuce d'Air France, c'est de laisser planer le doute sur les postes qui seront supprimés. » Le syndicaliste poursuit : « En octobre 2008, pour l'exercice 2009-2010, on nous annonçait 1.100 suppressions. Pas 3.000 ! Je crains qu'à terme, l'ambition d'Air France soit de retirer son personnel des escales de province, au profit d'entreprises sous-traitantes ou grâce à des bornes d'enregistrement automatiques. »
Air France - KLM a enregistré près de 650 millions d'euros de pertes de janvier à mars. Le dernier conseil d'administration du groupe, le 26 mars dernier, a permis de faire un point. « Le résultat d'exploitation pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009 devrait être négatif de l'ordre de 200 millions d'euros », indique la direction dans un communiqué de presse. Les comptes de l'exercice 2008-2009 seront publiés le 19 mai prochain. Le directeur général du groupe, Pierre-Henri Gourgeon, s'attend à des lendemains tout aussi difficiles : « L'exercice 2009-2010 va s'ouvrir dans un contexte de crise sans précédent, avec une absence de visibilité sur l'évolution de la conjoncture économique et sur la volatilité de paramètres tels que les devises et le prix du carburant. (...) Face aux développements récents de la conjoncture, nous avons encore réduit nos capacités tant dans le secteur passagers (-3,4%) que dans le cargo (-13%). » Malgré cette baisse de capacités, le trafic a chuté de 9,4% en mars. Le groupe anticipe une baisse de 6% de son chiffre d'affaires, qu'il espère limitée par la baisse du prix du pétrole.
Par ailleurs, Air France - KLM a indiqué le 25 mars finaliser un rapprochement avec Alitalia. Le groupe devient l'actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne italienne en acquérant une part de 25% pour 323 millions d'euros.
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