La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, était cet après-midi à Toulouse. Elle a passé en revue les effectifs de la nouvelle Compagnie de sécurisation, forte de 92 policiers. Ils seront chargés de lutter contre la petite et moyenne délinquance et les violences urbaines. La ministre a annoncé une baisse générale de la délinquance à Toulouse, avant d'aller rencontrer les membres des Unités territoriales de quartier à Bellefontaine. En fin de journée, un forum réunissant forces de police et habitants l'attendait à Castelginest.

Silence dans les rangs, taillés au cordeau. Dans la cour de l'Hôtel de police, policiers et élus écoutent religieusement Michèle Alliot-Marie. Il est à peine 14h, la ministre de l'Intérieur vient de faire son apparition. Premier passage en revue des forces de police et des élus, sans un mot. Puis la ministre, tailleur strict, gantée de noir, rejoint le pupitre et se lance dans un discours d'une dizaine de minutes. Clair, direct. De bons points sont distribués. « A Toulouse, l'évolution des chiffres de la délinquance m'a conduit à renforcer le dispositif de sécurité, explique-t-elle. Depuis deux ans, des efforts ont été faits, et je tiens à en féliciter les forces de sécurité. La délinquance a baissé de 7,66%. Ce sont 4.167 faits de moins. La délinquance de proximité a chuté quant à elle de 33,2%, soit 4.392 faits de moins. » La ministre poursuit par les données les plus récentes : « Sur les deux premiers mois de l'année 2009, la délinquance générale a baissé de 4,5%, celle de proximité de 6,2%, les violences aux personnes d'1,4%. Ces résultats sont bons. Ils peuvent encore être améliorés. J'ai décidé de mettre en œuvre une stratégie de renforcement de la protection des Français, en particulier dans les quartiers sensibles. »

Michèle Alliot-Marie en vient alors à l'objectif de sa visite : installer la nouvelle Compagnie de sécurisation. Celle de Toulouse est la 2e à voir le jour, après celle de Seine-Saint-Denis. Elle compte 92 policiers, bientôt 100. Tous ont suivi une formation spéciale pendant trois semaines à l'Ecole nationale de police de Nîmes. Leur mission : lutter contre la petite et moyenne délinquance et les violences urbaines dans tout le département, notamment dans les quartiers sensibles. « Votre arrivée ne s'effectue pas au détriment des effectifs déjà présents dans la circonscription de Toulouse, a rappelé la ministre. Ils sont aujourd'hui 1.415. Pour mémoire, ils étaient 1.343 en 2004. » La nouvelle compagnie dispose de 31 véhicules et motos. Provisoirement installée à l'Hôtel de police, elle prendra ses quartiers au 2e semestre dans un bâtiment rénové près du canal latéral de la Garonne.

« A Toulouse comme ailleurs, la création de la Compagnie de sécurisation a été précédée de l'installation de trois Unités territoriales de quartiers (UTEQ) », reprend Michèle Alliot-Marie. Ces dernières comptent 90 hommes et ont pour mission « d'assurer une présence quotidienne, dissuasive et visible, en tenue. » Beaucoup se sont demandé si ces UTEQ n'étaient pas une résurgence de l'ancienne Police de proximité, supprimée il y a 6 ans. La ministre a mis les choses au clair : le seul point commun sera la proximité, justement. « Il ne s'agit pas de faire du partenariat social. Les membres des UTEQ sont des policiers, au service de la protection de nos concitoyens. Laissons aux travailleurs sociaux le soin d'accomplir eux-mêmes leur tâche difficile. Ils le font remarquablement. » La circonscription de Toulouse bénéficie de 3 UTEQ. « Elles ont déjà obtenu des résultats significatifs, assure la ministre. Dans deux quartiers, Empalot et Reynerie-Bellefontaine, la délinquance de proximité a enregistré une baisse de plus de 30%, y compris les vols avec violence. A Bagatelle, la situation a été stabilisée, avec une diminution de 3,5% de la délinquance de proximité. »

Michèle Alliot-Marie passe ensuite à des réflexions d'ordre plus général. « L'urgence aujourd'hui, c'est la lutte contre les violences volontaires aux personnes. Le phénomène des bandes violentes est une donnée nouvelle et importante. Le Président de la République a accepté des mesures fortes, je les mettrai en œuvre. » Parmi ses annonces : le recours étendu à la vidéoprotection, la création d'un « délit d'appartenance à un groupement poursuivant le but de commettre des atteintes volontaires » et d'une police d'agglomération sous commandement unifié.

Son discours achevé, Michèle Alliot-Marie passe une nouvelle fois en revue les effectifs de la Compagnie de sécurisation. Avec un sourire et un petit mot pour chacun cette fois. Des sourires apparaissent dans les rangs, vite ravalés quand la ministre s'approche. Cette dernière a ensuite pris la direction de Bellefontaine pour rencontrer les fonctionnaires de l'UTEQ, les commerçants et habitants du quartier. Son périple devait ensuite la conduire au commissariat de police, puis à Castelginest pour le forum « Vos libertés, votre sécurité : parlons-en ensemble. » L'une des toutes premières réunions tenues en France, destinée à favoriser le rapprochement entre la police et la population. En juin, des assises nationales permettront de tirer des enseignements de ces rencontres.

En savoir plus :

- Au niveau national, 2 Compagnies de sécurisation (CS) et 8 Unités territoriales de quartiers (UTEQ) sont opérationnelles. L'objectif du gouvernement est d'installer 27 nouvelles UTEQ et 9 compagnies supplémentaires d'ici la fin de l'année.

En photo : La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a passé en revue les effectifs de la Compagnie de sécurisation.