90.000 manifestants : nouvelle forte mobilisation dans les rues de Toulouse

Les syndicats espéraient égaler voire dépasser la mobilisation record du 29 janvier dernier. Pari gagné : l'intersyndicale annonçait entre 80.000 et 100.000 manifestants en début d'après-midi, réclamant de nouvelles mesures en faveur des salariés. Le climat social particulièrement lourd ces derniers jours, avec des annonces de suppressions d'emplois en cascade au niveau national, a sans doute joué son rôle.

A forte mobilisation, parcours exceptionnel. Les manifestants sont partis de Compans-Caffarelli à 14h30 pour emprunter les grands boulevards toulousains. Un itinéraire réservé aux manifestations de grande ampleur. Au micro, les membres des syndicats organisateurs se relaient. A 15h, ils annoncent « 20.000 personnes de plus que lors de la dernière journée de mobilisation : il y a entre 80.000 et 100.000 manifestants aujourd'hui. » La bataille des chiffres fait rage : certains penchent pour 110.00 manifestants, alors que la police avance le chiffre de 41.000. Relayées par le mégaphone, les revendications s'enchaînent : interruption des expulsions des locataires, augmentation du SMIC à 1.500 euros net partout en Europe, arrêt des suppressions de postes dans le public comme dans le privé. Certains réclament « un service public bancaire d'accès au crédit ». L'Institut national de la statistique (INSEE), la Poste... le public est descendu dans la rue en masse, mais le privé n'est pas en reste. Les handicapés de « Ni pauvres ni soumis » ont rejoint le défilé. Jean-Luc Mélenchon, tête de liste du Front de gauche pour la circonscription du Grand Sud Ouest aux européennes, aussi.

En tête de cortège, les salariés de Molex sont fidèles au rendez-vous, « parce qu'on en a assez d'être menés en bateau ! », expliquent-ils. Leur usine devrait fermer ses portes en juin prochain mais les mesures de réindustrialisation du bassin d'emploi de Villemur-sur-Tarn restent floues. D'autres employés de la filière auto sont à leurs côtés. « La mobilisation est satisfaisante, note Jean Mauriès, secrétaire général de la CFDT métallurgie Midi-Pyrénées. Cela prouve que les salariés se sentent concernés. Le secteur de la métallurgie est particulièrement touché par la crise, pratiquement toutes les entreprises ont recours au chômage partiel. On espère faire reculer le gouvernement et surtout mettre les patrons face à leurs responsabilités. Les salariés paient les pots cassés de la crise, mais ils n'en sont pas responsables. »

Des salariés de l'aéronautique sont aussi dans la rue. « Cette mobilisation est une bonne chose, affirme Charles, salarié d'Air France. Mais il faut que les syndicats adoptent une plate-forme de revendication commune. A Air France, le nombre de postes a diminué de 3% l'an dernier, cette année sera sans doute identique. La crise a bon dos ! Avec tous les contrats de sous-traitance conclus, on externalise simplement le plan social. » René Laurenzi est membre du syndicat FO à Airbus Central Entity, le siège du groupe. Avec d'autres cadres, il se montre « inquiet. La tendance est mitigée, même si le groupe a annoncé de bons résultats en 2008. Il n'y a pas de danger immédiat mais il ne faudrait pas que les annulations et reports de commandes se poursuivent. »

Un peu plus loin, Christophe Marre, représentant du personnel cheminot à la CGT, annonce « 60% de cheminots grévistes en Midi-Pyrénées ce matin. C'est plus que lors de la journée de mobilisation du 29 janvier. Les gens prennent conscience de la situation. Nous cheminots, nous réclamons l'arrêt des suppressions de postes, 2.600 en 2009. Des trains sont supprimés tous les jours faute de personnel, il faut rétablir ce service public ! Nous réclamons aussi une vrai politique d'investissement, notamment en direction du fret. »


Le gros du cortège est composé de personnels de l'éducation et d'étudiants. « La mobilisation est au moins égale, sinon plus forte que celle du 29 janvier, affirme Laurent Cadreils, secrétaire général du syndicat enseignant SNUIPP 31. Dans le premier degré, on compte 3 enseignants sur 4 en grève. Nous savons que le gouvernement ne va pas forcément céder, mais nous voulons réaffirmer nos revendications. Le ministère de l'Education doit revenir sur les 13.000 suppressions de postes annoncés pour la rentrée 2009. Nous réclamons également le retrait du nouveau système de formation qui condamne les IUFM. Ce qui pousse les enseignants à se mobiliser, c'est l'impression que le gouvernement s'est engagé dans une logique de libéralisation de l'école, qui devient une marchandise. » Quelques pas plus loin, les étudiants mènent la danse au son des tambours. Le blocus des facultés tient toujours. Il est 16h : la queue de la manifestation prend tout juste le départ, devant le métro Compans-Caffarelli. Les premiers sont loin, bien loin.

En savoir plus :

- Les transports toulousains ont été diversement affectés par la grève, qui a débuté dès mercredi soir. L'aéroport a annoncé 19 vols annulés au départ de Toulouse (dont 16 à destination d'Orly) et 18 vols à l'arrivée à Toulouse (dont 15 en provenance d'Orly). De son côté, Tisséo a fait part d'un trafic métro normal et indiquait de possibles perturbations en fin de journées. 95% des bus roulaient aujourd'hui.

- Le gouvernement a exclu de nouvelles mesures anti-crise et mis en valeur les initiatives déjà prises à la suite du sommet social du 18 février. François Fillon devrait toutefois s'exprimer ce soir.

En photo : La mobilisation était plus forte que celle du 29 janvier dernier selon les syndicats.

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