Prison Saint-Michel : la mairie refuse de payer le prix annoncé

Que va-t-il advenir de la prison Saint Michel ? Les 2 hectares du site, en plein centre-ville toulousain, à deux pas d'une station de métro, attisent les convoitises et font enfler les rumeurs. Le lieu, dont une partie vient d'être inscrite au Patrimoine historique, a été estimé à 11,3 millions d'euros par les Domaines. Une somme jugée démesurée par le maire de Toulouse Pierre Cohen. La prison Saint-Michel sera-t-elle la proie des promoteurs immobiliers ?

Que va-t-il advenir de la prison Saint Michel ? Les 2 hectares du site, en plein centre-ville toulousain, à deux pas d'une station de métro, attisent les convoitises et font enfler les rumeurs. Le lieu, dont une partie vient d'être inscrite au Patrimoine historique, a été estimé à 11,3 millions d'euros par les Domaines. Une somme jugée démesurée par le maire de Toulouse Pierre Cohen.

La prison Saint-Michel sera-t-elle la proie des promoteurs immobiliers ? C'est en tout cas la crainte exprimée par de nombreux élus et citoyens, et relayée par la presse, locale comme nationale. Propriété du ministère de la Justice, la prison Saint-Michel a cessé toute activité en octobre 2009 avec le transfèrement des derniers détenus. Elle fait l'objet depuis de toutes les attentions, au regard de sa localisation idéale, à deux pas du centre-ville et à proximité d'une bouche de métro, ainsi que de sa superficie : plus de 15 000 m2 répartis sur 2 ha de terrains.

L'inscription au Patrimoine historique, annoncée par le préfet vendredi 28 janvier, d'une partie de la prison (le castelet, la cour des fusillés et les bâtiments qui l'entourent) n'a apparemment pas rassuré tous les élus, ni les associations qui souhaitent voir réhabiliter la prison. Pour Dominique Bur, préfet de Région, la polémique n'a pourtant pas lieu d'être : « Si la Ville considère que la prison est un élément fondamental de son patrimoine, je suis prêt à la lui vendre. Je suis d'ailleurs tenu de lui vendre ce bien si elle le souhaite, elle est prioritaire. » Mais c'est au niveau du prix que le bât blesse cette fois. Alors que la prison était apparemment évaluée à 750 000 € en 2002, cette somme atteint aujourd'hui les 11,3 millions d'euros. « Nous ferons tout pour acheter la prison Saint-Michel mais pas à ce prix. Il y a huit ans, on parlait de 750 000€. Dans ce laps de temps, le foncier n'a pas pris autant, conteste Pierre Cohen, maire de Toulouse. Sauf si, dans la tête du préfet, la prison a pris une valeur de promotion immobilière. » Une accusation réfutée par Dominique Bur qui, ce lundi matin, lors d'une conférence de presse à la préfecture, défiait quiconque de trouver traces de contacts entre la préfecture et des promoteurs immobiliers. Il annonçait également que l'Etat n'avait aucun projet pour l'ensemble.

40 M€ pour la réhabilitation

Que va-t-il alors advenir de la prison ? Le bâtiment très délabré nécessiterait jusqu'à 40 millions d'euros pour sa réhabilitation, en plus des 11,3 M€ de rachat. A la préfecture, on souhaite organiser une mission à Lyon avec la mairie de Toulouse pour prendre exemple sur les projets de réhabilitation des deux prisons lyonnaises Saint-Paul et Saint-Joseph. Du côté de la mairie, on reconnaît qu'il n'existe semble-t-il aucune « délibération qui fasse acte de projet de la ville de Toulouse pour la prison ». Pierre Cohen rappelle néanmoins qu'un projet culturel existait bel et bien dans l'acte de candidature de Toulouse 2013, capitale européenne. « Pour nous, le projet autour de la prison Saint-Michel, ne peut pas être à vocation de promotion immobilière » explique-t-il. D'où son refus de payer le prix annoncé par les Domaines. Un prix incompatible avec un projet d'intérêt public et général. « Si nous ne faisons pas de bénéfices sur cette opération, il n'y a pas de raisons que nous payions un tel prix ».

Aucun calendrier n'est prévu sur ce dossier à la préfecture qui confirme néanmoins sa volonté de ne pas voir le site se transformer en friche. Aucun projet n'étant dans les cartons du côté de l'État, le préfet devra se retourner vers le ministère de la Justice, propriétaire du site, si la municipalité ne fait pas jouer son droit de préemption.

Le préfet de Région s'est par ailleurs engagé à céder contre l'euro symbolique la partie de la prison inscrite au Patrimoine historique, soit environ 10 % du site. « C'est un bon début d'approche mais ce n'est pas suffisant », commente Pierre Cohen qui attend dorénavant une lettre officielle de la préfecture sur le sujet.

De son côté Jean-Luc Moudenc, ancien maire de Toulouse et élu d'opposition, voit dans ce classement partiel « la bonne mesure puisqu'elle garantit la pérennité du patrimoine tout en autorisant les adaptations nécessaires à une reconversion future. Ainsi se trouve définitivement exclue la funeste hypothèse d'une démolition et d'une promotion immobilière, et ce pour la totalité du site et de ses bâtiments, y compris la partie non inscrite. »

Marie Grivot

En photo :La prison Saint Michel (© Rémi Benoit)

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