Il faut que les collectivités locales sachent que l'aéronautique n'est pas le seul secteur industriel en Midi-Pyrénées. »

La région Midi-Pyrénées dénombre 3.000 salariés dans l'industrie automobile et 6.000 emplois liés à l'électronique embarquée. D'où l'inquiétude grandissante dans les entreprises locales. La société Molex Automotive SARL a annoncé la fermeture de son site de Villemur-sur-Tarn en juin prochain. 283 emplois en CDI sont menacés. Cet après-midi, une partie d'entre eux ont rejoint la manifestation, qui a regroupé une centaine de personnes devant la préfecture de région. « C'est l'occasion de venir rappeler au gouvernement ses engagements, indique Guy Pavan, délégué syndical CGT Molex. Quant à nous, nous réclamons le maintien de l'activité à Villemur. Le groupe fait des bénéfices, il faut le rappeler ! Mais du côté des salariés, nous sommes dans le flou complet et nous ne savons toujours pas pourquoi le site disparaît. La direction a été condamnée par le Tribunal de commerce à produire les documents nécessaires, mais le comité d'entreprise et son cabinet d'expertise, Syndex, ne les ont toujours pas vus. »

« Avec le pacte auto, Nicolas Sarkozy a annoncé des aides de 7 milliards d'euros pour les constructeurs et 700 millions pour les sous-traitants, explique Xavier Petrachi, délégué central CGT. Mais au niveau territorial, on ne sait pas quelle sera la répartition ! En attendant, il y a des plans de départs chez Continental et chez Valéo. Chez Bosch et à la SAM, les ouvriers chôment un jour sur deux ! » Des propos confirmés par Olivier Grimoux, délégué syndical CGT : « Continental fait des bénéfices mais elle anticipe pour maintenir ses profits. Un guichet vient d'être mis en place pour 200 départs volontaires. Depuis juillet 2008, nous en sommes à 57 jours chômés. » Le groupe équipementier emploie 2.900 personnes sur trois sites en Midi-Pyrénées : Toulouse, Foix et Boussens. Un effort de solidarité a été demandé aux cadres, dont le salaire est payé à 100% en chômage partiel. Ils ont été priés de reverser une partie de leurs jours de RTT au personnel de la production, sans qu'un accord ne soit encore intervenu.

La situation n'est pas meilleure chez Bosch. « Depuis février, entre 12 et 15 jours sont chômés tous les mois pour les ouvriers, explique Charly Navarro, délégué syndical CGT. Le planning tombe au coup par coup. Les aides promises par l'Etat, nous ne savons pas qui va les toucher, ni quand. Nous attendons des réponses. » Thierry Bruni, de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), précise : « 12 jours de chômage en février, autant en mars, 8 prévus en mai... Le gouvernement a annoncé que nous serions indemnisés à hauteur de 75% de notre salaire brut lors des périodes de chômage partiel. Pour l'instant, cette mesure n'a pas été appliquée. Des aides avaient aussi été promises pour la formation des salariés. Elles non plus ne sont pas tombées. »

Le préfet de région n'étant pas disponible, les représentants syndicaux des différentes entreprises ont rencontré la sous-préfète, anne-gaëlle.baudouin-clerc. « Nous avons demandé à ce que l'Etat prenne ses responsabilités, explique Xavier Petrachi. A ce jour, les salariés ne sont toujours pas payés comme annoncé les jours de chômage partiel. Par ailleurs, nous avons obtenu l'assurance que le cabinet d'expertises Syndex participera au groupe de travail sur la revitalisation du bassin d'emplois de Villemur-sur-Tarn. Mais nous attendons d'en savoir plus. La CGT juge non viables les projets annoncés. » Aucune annonce d'importance n'est intervenue. Il faudra sans doute attendre les états généraux de la filière pour en savoir plus. La date est tombée dans la matinée : ils auront lieu le 25 mars à Toulouse et réuniront collectivités locales et acteurs du secteur.

En savoir plus :

- Le 4 mars, un groupe de travail a été lancé en préfecture de région. Sa mission : travailler sur la revitalisation du bassin d'emploi de Villemur-sur-Tarn après la fermeture de Molex. Le cabinet Business Development Agency examinera les projets de ré-industrialisation et leur apportera un soutien. La direction de Molex Automotive SARL affirme travailler parallèlement « pour recréer une activité sur le site de Villemur à l'issue du projet de cessation d'activité de l'usine Molex ».

En photo : une centaine de manifestants ont défilé devant la préfecture de région, cet après-midi. Le cortège était constitué de salariés d'entreprises en difficultés.