Alain di Crescenzo : changement de style à la CCI de Toulouse

Élu en décembre à la présidence de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, Alain di Crescenzo a présenté ses vœux ce mardi 18 janvier. Une première prise de parole officielle succédant à plusieurs visites d'entreprises dans la matinée.

Élu en décembre à la présidence de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, Alain di Crescenzo a présenté ses vœux ce mardi 18 janvier. Une première prise de parole officielle succédant à plusieurs visites d'entreprises dans la matinée. Il a passé en revue ses priorités, s'est exprimé sur l'avenir de l'aéroport Toulouse-Blagnac et pris position avant les élections à la Chambre régionale de commerce et d'industrie.

Visites d'entreprises annoncées comme « un acte fondateur », communication plus musclée : la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse prend un virage net avec l'élection de son nouveau président. Lors de ses vœux devant une quarantaine de journalistes, le nouveau président de la CCIT a promis « une gouvernance transparente et opérationnelle », « plus de réactivité et de proximité », et souhaité « intensifier la communication » autour des entreprises et des actions de la chambre consulaire. Alain di Crescenzo a évoqué les grands axes de son mandat de cinq ans, autour « de l'amélioration de la compétitivité et de l'innovation ».

Le président de la CCIT a jugé « capital de maintenir une industrie forte, qui représente 32% des emplois en Haute-Garonne. Rappelons que 2 millions d'emplois ont été perdus durant les trente dernières années. L'Allemagne a su créer le « Made in Germany », nous devons faire notre « Made in France, Made in Haute-Garonne, Made in Toulouse ». Pendant plusieurs années, la recherche en gain de productivité, le recentrage sur les cœurs de business, le tout-services, l'industrie sans usine ont fait du mal. J'espère que maintenant tous se sont aperçus que c'était la mauvaise trajectoire. Et je crois qu'aujourd'hui nous sommes entrés dans une nouvelle ère, avec le redémarrage de la croissance et la création d'emplois ». Alain di Crescenzo a aussi appelé « à pousser les industries d'avenir », citant en exemple le Plan Obama en faveur des énergies renouvelables.

Le président de la CCIT a également affirmé que la chambre serait partenaire du futur cluster NTIC, et redit sa volonté de soutenir l'innovation : « Si l'on ne finance pas le risque, les pépites de notre territoire n'écloront jamais. » Il a annoncé qu'il comptait « proposer aux votes une véritable commission services », qui n'existait pas en tant que telle à la chambre jusqu'à présent.

Soutien au président sortant de la CRCI

Interrogé sur l'aéroport de Toulouse Blagnac, dont la CCIT détient 25% des parts et l'Etat 60%, Alain di Crescenzo a reconnu qu'existaient « des signaux indiquant que l'Etat pourrait vendre ses parts. Nous serons partie prenante dans la recherche de nouveaux partenaires financiers. » Il s'est dit « d'accord avec le maintien de la piste à Francazal, sachant qu'une véritable activité peut se créer autour et que le coût d'une dépollution aurait été extraordinairement élevé ».

Enfin, concernant un volet plus politique, il a confirmé que « la Haute-Garonne ne présentera pas de candidat aux élections à la Chambre régionale de commerce et d'industrie », qui auront lieu jeudi 20 janvier, « pour conserver un équilibre alors que le département pèse déjà pour 50% de l'activité économique de Midi-Pyrénées ». Avant de glisser que les élus de la CCIT soutiendraient le candidat sortant, Didier Gardinal. Qui sera vraisemblablement le seul sur les rangs, puisque Michel Doligé (CCI du Gers) a annoncé qu'il ne se présenterait pas et que Paul-Louis Maurat (CCI de l'Ariège) devrait faire de même. Tous les trois ont passé un "grand oral" il y a plusieurs jours devant les élus de la CCIT avant que ces derniers arrêtent leur choix.

Alain di Crescenzo avait auparavant passé la matinée au contact d'entrepreneurs symboles des trois thématiques couvertes par l'organisme consulaire : le commerce, l'industrie et les services. La visite a débuté au marché Victor Hugo à 8h30. Le président et une partie de l'équipe consulaire sont passés de boutique en boutique, sans rechigner à goûter aux huîtres et autres saucissons de bon matin. L'occasion pour certains commerçants, dont la Maison Garcia, d'expliquer qu'il « ne faut pas défendre le commerce, car c'est une attitude de repli, mais plutôt nous aider à nous faire connaître encore mieux, nous et nos produits ».

« Ne pas stocker mais vendre l'innovation »

Le président a ensuite quitté Toulouse pour Labège et l'entreprise Sotip (Société de tôlerie fine de précision), présidée par Thierry Camerin. Ce dernier a présenté son activité industrielle, centrée sur la tôlerie de précision, l'usinage, la découpe et le pliage, la peinture et l'assemblage. Réalisant 9 millions d'euros de chiffre d'affaires et employant 120 personnes, Sotip Group travaille entre autres pour les grands donneurs d'ordre de l'aéronautique comme Boeing et Airbus. Elle fabrique par exemple une partie des armoires électriques du 787 Dreamliner de l'avionneur américain et produit des pièces pour l'usine de Saint-Eloi d'Airbus. « Nous nous sommes attachés à nous diversifier au maximum, a indiqué Thierry Camerin. Nous avons ainsi pu entrer en contact avec Bombardier par le biais de fournisseurs tels que Zodiac. Rejoint par Patrick Piedrafita, président d'Airbus Opérations SAS et nouvellement élu vice-président de la CCIT, ainsi que par François-Régis Valette, président du Sicoval, et son équipe, Alain di Crescenzo a insisté sur l'importance de « créer des groupements de compétences pour aller chercher de nouveaux marchés » et « de ne pas stocker l'innovation mais bien la vendre ».

La visite s'est achevée au centre Pierre Potier sur l'Oncopôle. Michel Corbarieu, président de la start-up Dendris, a dévoilé les perspectives de la société, créée il y a un an et conceptrice de nouveaux outils de diagnostics in-vitro, notamment à destination des laboratoires d'analyse, des hôpitaux. « Notre premier produit, détectant la légionellose dans les systèmes de climatisation, est en cours de labellisation et devrait être disponible courant 2011 », a expliqué Michel Cornebarieu. L'outil développé par Dendris s'appuie sur la recherche du code génétique des agents pathogènes. Une application brevetée à l'échelle de la France, de l'Europe et de l'Amérique du Nord, au carrefour de la biologie et de la chimie, issue de la recherche toulousaine. « Les marchés de la microbiologie et de l'agroalimentaire réunis représentent de 200 à 250 millions d'euros en France », selon Michel Cornebarieu, qui a déploré les difficultés à lever des fonds alors qu'aucun produit n'est encore commercialisé. « Il existe un trou dans la raquette pour les levées de 100.000 à 500.000 €, a convenu Alain di Crescenzo. La chambre consulaire doit servir de catalyseur pour le financement du risque. »

Mikaël Lozano

En photo : Alain di Crescenzo, président de la CCI de Toulouse (© Rémi Benoit)

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