Éric Spitz, préfecture : "Conserver un coup d'avance dans la compétition mondiale"

Éric Spitz, secrétaire général pour les affaires régionales, auprès du préfet de Région, analyse les mutations de l'intervention de l'État dans l'économie et précise ses priorités d'action. La crise est-elle derrière nous ?

Éric Spitz, secrétaire général pour les affaires régionales, auprès du préfet de Région, analyse les mutations de l'intervention de l'État dans l'économie et précise ses priorités d'action.

La crise est-elle derrière nous ?
J'observe un certain nombre de signes positifs : le chômage partiel recule et le taux de chômage a baissé de 0,2 % pour s'établir à 9,3 % en octobre, le nombre de dossiers en médiation du crédit a chuté et la production industrielle est bien orientée. Mais il convient de rester prudent. Les conséquences de la crise ne sont pas effacées. Sur un an, le chômage de longue durée a augmenté de 23,9 % et le nombre des demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a crû de 6,8 %. Surtout, nous sommes toujours à la merci de chocs extérieurs, comme une modification brutale des taux de change, qui menaceraient cette fragile reprise.

Comment la crise a-t-elle modifié la manière dont l'État intervient dans l'économie ?
Au-delà du caractère exceptionnel du plan de relance (1,437 milliards d'euros dont 885 millions pour le soutien en trésorerie des entreprises depuis début 2009) et de l'action dans la médiation du crédit, l'État s'implique beaucoup plus dans la politique industrielle depuis 2008, même s'il ne s'en désintéressait pas auparavant. Il a ainsi pérennisé son soutien aux pôles de compétitivité en mobilisant 1,5 milliard d'euros supplémentaires sur la période 2009-2011.
L'État a aussi organisé des États Généraux de l'industrie, qui aboutiront à la création de comités de filière ou à celle d'un délégué à la médiation entre donneurs d'ordres et sous-traitants. Surtout, grâce au Grand Emprunt, il a lancé un programme d'Investissements d'avenir pour 35 milliards d'euros.

Lesquels de ces investissements d'avenir concernent la région ?
L'enseignement, la formation et la recherche constituent la priorité n° 1, avec une enveloppe de 18,9 milliards d'euros. Les acteurs de ce secteur se sont mobilisés pour présenter au Commissaire général aux Investissements, René Ricol, les dossiers susceptibles de permettre à Toulouse d'obtenir le label d'Initiative d'excellence s'ils étaient validés par les jurys internationaux. Je peux citer les projets d'Institut de recherche et de technologie, d'institut hospitalo-universitaire sur le vieillissement et la prévention de la dépendance ou la création d'une société d'accélération des transferts de technologie.
Mais la région est aussi concernée par d'autres thématiques : le soutien aux pôles de compétitivité, la modernisation de la formation, le soutien aux PME et aux entreprises innovantes, le développement de l'économie numérique ou le transport et l'urbanisme durable.

Quelles sont les priorités de l'État pour l'économie de la région ?
Il accompagne les territoires et secteurs à haut potentiel. Notre région doit conserver un coup d'avance dans la compétition mondiale, notamment dans l'innovation et la R&D. Il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que, sur certains sujets, Midi-Pyrénées et l'Aquitaine auraient intérêt à « jouer ensemble ». Par ailleurs, l'accent est mis sur l'aménagement du territoire, avec la ligne LGV ou la mise à deux fois deux voies de la liaison Toulouse-Castres.
Je n'oublie pas l'agriculture, premier employeur de la région, où l'on doit concilier la sauvegarde de l'emploi et le développement durable.
Enfin, l'Etat aide les territoires en difficulté, en soutenant par exemple la création d'un pôle céramique à Tarbes ou les efforts des industriels du textile en Ariège pour faire émerger des textiles techniques, ou encore les anciens bassins miniers de Decazeville, avec la Mécanic Vallée.


Quels sont les atouts et les faiblesses de Midi-Pyrénées ?
C'est une région dynamique qui a une image très positive et qui attire 30 000 nouveaux habitants tous les ans, souvent jeunes et bien formés. N'oublions pas également que notre région est une des plus exportatrices de France. Je relève toutefois le trop faible nombre d'entreprises à taille intermédiaire, pourtant essentielles au maillage économique d'un territoire. Soyons aussi vigilants sur la diversification, la dépendance d'une mono-industrie pouvant s'avérer risquée.

Benjamin de Capèle

En photo : Éric Spitz, 47 ans, diplômé de l'IEP de Strasbourg et de l'ENA, est Secrétaire général pour les affaires régionales (SGAR) auprès du préfet de la région Midi-Pyrénées. Originaire de Strasbourg, il a été nommé en juillet 2010. Ses précédents postes l'avaient conduit en Polynésie française, en Eure-et-Loir, en Haute-Corse et en Nouvelle-Calédonie. (© Rémi Benoit)

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