Matinale d'Objectif News. Georges Colson, Fram, rejette l'idée d'une vente du groupe toulousain à court terme

Président du conseil de surveillance du groupe Fram, Georges Colson était ce 21 décembre l'invité de la Matinale organisée par Objectif News au Casino Théâtre Barrière de Toulouse. En présence de plus de 160 personnes, il a évoqué la situation de Fram, sa stratégie de développement, ses perspectives. Également président du Syndicat national des agences de voyage (SNAV) il a dénoncé la division de la profession et la création le 15 décembre d'un syndicat dissident. Georges Colson est catégorique : « Fram va bien ».

Président du conseil de surveillance du groupe Fram, Georges Colson était ce 21 décembre l'invité de la Matinale organisée par Objectif News au Casino Théâtre Barrière de Toulouse. En présence de plus de 160 personnes, il a évoqué la situation de Fram, sa stratégie de développement, ses perspectives. Également président du Syndicat national des agences de voyage (SNAV) il a dénoncé la division de la profession et la création le 15 décembre d'un syndicat dissident.

Georges Colson est catégorique : « Fram va bien ». Le troisième voyagiste à forfaits français créé il y a 60 ans à Toulouse a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 373 millions pour 500 000 clients. « Il serait fou de ma part de dire que les années que nous traversons sont glorieuses » tempère néanmoins son président du conseil de surveillance. Si les professionnels du tourisme ont été relativement épargnés jusqu'en 1991, année de la première guerre du golfe, les années suivantes ont été beaucoup plus difficiles. Différents événements géopolitiques ou naturels sont en effet venus compliquer la tâche des voyagistes. Derniers en date, la grippe H1N1 et l'explosion du volcan islandais Eyjafjöll en avril 2010.

« Avril est la période la plus chargée de notre activité avec août. Imaginez les centaines de clients bloqués... » relève Georges Colson. Pour Fram qui a choisi de ne pas laisser ses passagers se débrouiller par eux- mêmes et a pris en charge tous leurs frais, le coût réel de ce dernier événement s'est élevé à 6 à 7 millions d'euros. Quarante à 50 millions d'euros ont été mobilisés par l'ensemble des voyagistes. Sans compter tous les clients potentiels qui ont pris la décision de ne pas partir. « Jamais une telle catastrophe ne s'était produite. Nous aurions pu ouvrir le parapluie du cas de force majeur et ne rien faire mais ce n'est pas notre politique » explique Georges Colson. .

En réaction à cette crise, le groupe aurait pu choisir de réduire ses frais et donc de licencier. Mais là encore, Fram revendique un management à visage humain : « l'expression plan social n'existe pas dans notre dictionnaire ». Le groupe a surmonté cet épisode en s'appuyant avant tout sur ses réserves financières réalisées durant les bonnes années. Il a également participé au mouvement général de promotions et d'avantages pour attirer le chaland. « Ce phénomène est une catastrophe, regrette Georges Colson. Pour compenser le coût de telles promotions il faut se rattraper sur les achats ou rogner sur les marges. Le consommateur perd conscience du vrai prix ».

Sur l'actualité climatique et la paralysie des principaux aéroports français, Goerges Colson n'a pu s'empêcher de réagir fortement : « Ce n'est pas dans mes habitudes de tirer sur l'ambulance, mais cette fois-ci on peut se demander si on apprend quelque chose des péripéties climatiques qui arrivent en France. Parfois on est trop précautionneux, comme pour le H1N1 et d'autres fois on construit des aéroports de plus en plus luxueux, aux nombreuses prestations sans prévoir suffisamment de liquide de dégivrage ... ce n'est pas sérieux. » Pour l'homme fort de Fram, des investissements d'ampleur sont à prévoir, et rapidement, pour mettre les aéroports à niveau. Un point de vue que Claude Terrazzoni, président de l'Union des aéroports français ne partage pas totalement : « les conditions que nous vivons sont exceptionnelles. Pas un pays au monde ne peut assurer une activité à 100 % en temps de neige, même au Canada. Le vrai problème est de réussir à ne pas amener les populations aux aéroports si elles doivent y rester bloquées. » « Comment, avec tous les moyens de communication dont on dispose, n'arrive-t-on pas à faire comme les anglais et à empêcher les voyageurs de venir jusqu'aux aéroport lorsqu'ils sont fermés ? Il y a là encore quelque chose à faire », appuie Georges Colson.

Président du directoire de Fram, Georges Colson est également président du Syndicat national des agences de voyage (SNAV). C'est à ce titre qu'il a réagi lors de cette matinale sur la création d'un second syndicat de voyagistes, l'Union des Distributeurs du Voyage (UDiV), par quatre poids lourds du secteur, Carrefour Voyages, Leclerc Voyages, Nouvelles Frontières et Thomas Cook. « Ma volonté lorsque je me suis présenté à la présidence du SNAV était déjà à l'époque d'éviter que la profession se divise. Malheureusement ce sujet revient sur le tapis en fin de mon mandat. Je suis contre cette division et je ne suis pas le seul. » L'homme ne mâche pas ses mots contre les quatre dissidents : « L'UDiV c'est l'union de quelques grands distributeurs qui se trouvent plus forts que les autres et qui ne veulent pas frotter leurs esprits supérieurs de grands industriels à ceux des petites agences. C'est une erreur. » Sur les quatre fondateur de l'UDiV, seul Thomas Cook a quitté le SNAV. Georges Colson n'est d'ailleurs pas inquiet sur les conséquences de cette sécession, même s'il la regrette. « L'UDiV ne mettra pas en danger notre organisation, mais ce type d'initiative ne laisse jamais de bonnes traces. »

Interrogé sur les évolutions structurelles du secteur des voyagistes et notamment le phénomène de concentration constaté à plusieurs niveaux (on se souvient de la fusion entre Afat Voyages et Selectour, présentée par Jean-Pierre Mas lors de la matinale du 5 juin 2009) Georges Colson a rappelé que ce dernier était logique et avait pour principal avantage de permettre aux établissements de « s'unir pour aller de l'avant, de faire quelque chose de solide et de constructif ». Sur la question du numérique, le président du SNAV est catégorique : « Internet va-t-il faire disparaître l'homme ? Je dis non, il y aura toujours au coin de la rue une agence de voyage. On aura toujours besoin du regard d'un professionnel, de conseils complémentaires. À condition que nos salariés soient toujours formés. » Et de préciser concernant Fram « nous réalisons 10 % de notre activité via l'internet. Fram a investi, mais sans doute pas assez, pour son développement sur ce média. On sait aujourd'hui qu'on ne peut pas s'en passer. »

Sur la stratégie de Fram, Georges Colson revendique un positionnement « haut de gamme à des prix moyens et compétitifs ». Pour faire face à une perte de clientèle liée à la crise, le voyagiste toulousain a néanmoins acquis en 2008, la marque Plein Vent, spécialisée sur le low cost. « Notre cible, les cadres moyens, les professions libérales sont les plus touchés par la crise. Nous n'avons pas voulu pratiquer des prix qui mettent en danger l'entreprise » explique Georges Colson.

Après avoir investi 25 M€ dans un hôtel à Marrakech et 11M€ dans un village nature Souston. le groupe a l'ambition de conquérir de nouvelles parts de marché. « L'entreprise est saine malgré la perte de clientèle, appuie Georges Colson, et nous avons les moyens de nos ambitions. Certains opérateurs comme TUI ou Thomas Cook voudraient prendre 80 % du marché comme en Angleterre ou aux Pays Bas. Tous les opérateurs de ces pays sont devenus les obligés de ces grands groupes et ce n'est pas une bonne chose. Nous voulons continuer à donner le choix à nos clients. »

Toujours sur les questions stratégiques, le président a rappelé que si Fram est courtisée depuis de longues années, « il n'y a pas le feu au lac ». « Garder son indépendance est beaucoup plus difficile aujourd'hui, reconnaît-il. C'est un sujet sur lequel toute entreprise est amenée à réfléchir : rester seul et se battre ? faire de l'expansion externe ? des joint-ventures ? ouvrir le capital ? Une entreprise n'est pas statique, Fram l'est restée depuis 60 ans, il n'y a pas d'urgence à changer ce statut. » Et de compléter : « Mon rôle est de m'occuper du développement et de l'avenir de Fram, pas des bruits de couloir. L'entreprise va bien dans une période difficile, malgré quelques problèmes dans l'actionnariat. Ma position est que moins on en parle, mieux c'est. »

À la question, enfin, de savoir s'il se représenterait à la présidence du SNAV en 2011, Georges Colson n'a ni confirmé ni infirmé. « Il s'agit d'une réflexion d'ordre professionnel, personnel et familial. Si je ne me représente pas j'espère que mon successeur mettra autant de disponibilité au service de la profession. »

Marie Grivot

- En savoir plus
www.fram.fr
www.snav.org

En photo : Joël Echevarria, Georges Colson et Emmanuelle Durand-Rodriguez (©Rémi Benoit)

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