Sous-traitance aéronautique et spatiale : l'industrie continue de souffrir

L'Insee a rendu publique vendredi 17 décembre, sa dernière enquête annuelle réalisée auprès des 1 440 fournisseurs, sous-traitants et prestataires de services des secteurs aéronautique et spatial implantés en Aquitaine et Midi-Pyrénées. Si la situation s'améliore pour les entreprises de services, l'industrie peine à redresser la tête.

Comment les établissements liés à l'aéronautique et au spatial en Midi-Pyrénées et Aquitaine ont-ils traversé les turbulences de 2009 ? Quelles sont leurs perspectives en 2010 et plus largement en 2011 ? C'est à ces questions que l'enquête publiée vendredi 17 décembre par l'Insee tente de répondre.

L'étude porte sur 1 440 fournisseurs, sous-traitants et prestataires de services présents sur les deux régions, dont 840 en Midi-Pyrénées et 600 en Aquitaine. Principalement situés sur les agglomérations toulousaine (55 % des emplois) et bordelaise (18 %), ils emploient pour leur grande majorité moins de 50 salariés, pour un total de 78 000 salariés. Un chiffre en hausse de 1,5 %, notamment grâce au secteur des services, tandis que l'emploi dans l'industrie recule de 2,4 %. Autre spécificité, une quarantaine d'établissements concentre 60 % de l'activité.

« 2009 n'a pas été une année brillante », rappelle Jean-Philippe Grouthier, directeur régional de l'Insee en Midi-Pyrénées. Un constat qui se traduit par des conséquences en cascade sur la chaîne de sous-traitance. Si côté spatial, les nouvelles sont positives avec un croissance de l'activité de 8 %, les commandes aéronautiques reculent de 2,1 %. « Ces dernières sont d'une valeur treize fois supérieure à celles du secteur spatial », tempère néanmoins Bertrand Ballet, chargé d'études pour l'Insee Midi-Pyrénées.

Parmi les secteurs les plus touchés, on retrouve sans surprise les établissements industriels liés à l'aéronautique qui affichent une baisse de leur activité de 5,5 %. « Le chiffre d'affaires est en recul de 8 %, relève Bertrand Ballet. Ceux qui ont le plus souffert sont en bout de chaîne d'approvisionnement. Les sous-traitants spécialisés ou à ceux proposant une offre globale ont su tirer leur épingle du jeu. » Contrairement aux petits établissements, les plus grands ont réussi à amortir le choc soit en faisant moins appel à l'intérim, soit en augmentant le recours au chômage partiel. Seul point positif pour le secteur, la bonne tenue de la maintenance aéronautique. Une situation malheureusement conjoncturelle qui tient avant tout au contrat de la Sabena à Bordeaux portant sur les modifications de l'avion présidentiel.

D'autres secteurs résistent quant à eux mieux à la crise. L'activité des services est ainsi en progression de 8 %. Une conséquence notamment de la filialisation en 2009 d'Aerolia par Airbus ainsi que de l'implantation en Midi-Pyrénées de Kuenhe + Nagel, choisi par Airbus comme partenaire de rang 1. C'est la branche ingénierie, dont l'activité est en hausse de 10 %, qui capte les deux tiers des commandes adressées à ce secteur. Un autre élément a de surcroît amorti la crise pour plusieurs entreprises : le doublement des commandes liées à l'armement.

"Bouffer la trésorerie"

Côté stratégie, la crise n'a pas bouleversé l'ordre des priorités des entreprises. La recherche de nouveaux clients hors secteurs aéronautique et spatial a toutefois significativement augmenté, traduisant une volonté des établissements de diversifier leurs marchés. L'intégration de nouvelles technologies et compétences perd du terrain surtout dans l'industrie tandis que les enjeux en matière de structuration financière interpellent les dirigeants. On notera également un recours croissant à la sous-traitance étrangère, surtout en Midi-Pyrénées. L'Asie est tout particulièrement visée, devant le Maghreb. Les difficultés de recrutement restent quant à elles toujours présentes, notamment pour les cadres dans l'ingénierie.

Interrogés par l'Insee sur leurs perspectives 2010, les chefs d'entreprise du grand sud-ouest témoignent d'une stabilisation partielle des commandes mais d'une activité qui reste à un niveau faible. Comme en 2009, l'activité est plus dégradée en Aquitaine qu'en Midi-Pyrénées. 57 % des établissements aquitains annoncent ainsi une baisse des commandes. Si la situation s'améliore doucement pour le secteur des services, la détérioration est tout particulièrement perceptible dans l'industrie et plus sensible en Aquitaine qu'en Midi-Pyrénées. Les carnets de commande à SIX mois continuent par ailleurs à se dégrader et devraient atteindre un niveau plus bas qu'en 2003. Au printemps 2010, seuls les fabricants de produits informatiques, électroniques et optiques s'estimaient satisfaits de leurs carnets de commandes, tandis que les entreprises de la branche métallurgie étaient les plus inquiètes.

Les prévisions en matière d'emploi se redressent quant à elles nettement, plus rapidement en Midi-Pyrénées qu'en Aquitaine. Le recours à l'intérim suit la même voie. Les chefs d'entreprise se montrent aussi plus optimistes en ce qui concerne leurs investissements et la R&D, notamment dans les sociétés d'ingénierie.

Des améliorations qui n'empêchent pourtant pas Jean-Louis Robardey, fondateur de Sogeclair, entreprise spécialisée dans la conception et le développement de produits industriels de haute technologie, de tirer la sonnette d'alarme : « Sur Midi-Pyrénées, une bonne cinquantaine d'entreprises sont en très grande précarité financière. La crise leur a fait bouffer leur trésorerie. C'est maintenant que les défaillances d'entreprise risquent d'arriver ».

Marie Grivot

- En savoir plus :
www.insee.fr/mp

En photo : Midi-Pyrénées tire globalement mieux son épingle du jeu que l'Aquitaine (© Rémi Benoit)

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