Ouverture cet après-midi à Toulouse du procès de la catastrophe de l'usine AZF : 31 morts, 2.500 blessés

Le procès de la plus grande catastrophe industrielle en France s'est ouvert cet après-midi à 15h15 à la salle municipale Jean Mermoz de Toulouse, transformée en salle d'audience. Dès le début de cette audience historique, la Cour a examiné les cas de 2 morts survenues peu de temps de temps après l'explosion. Les deux décès ont été joints au dossier, ce qui porte à 31, le nombre des victimes de la catastrophe.

Les débats, qui devraient durer 4 mois, sont dirigés par le président Thomas Le Monnyer.

Dès l'ouverture du procès, un homme a été assailli par les flashes des photographes et les caméras de télévision. Serge Biechlin, directeur de l'usine au moment des faits, est impassible. Il comparait notamment pour « homicides involontaires ». A la demande du président, il est venu décliner son identité à la barre du Tribunal : « Serge Biechlin, profession, ingénieur ». A ses côtés, sur le banc des accusés, il y a Daniel Grasset, représentant de SA Grande Paroisse, prévenue en tant que personne morale. Total, qui gèrait cette filiale, a déjà versé 2 milliards d'euros aux sinistrés. Total est assisté, dans ce procès hors normes, par l'avocat parisien, Me Daniel Soulez-Larrivière. Cet après-midi, l'audience a permis à la Cour de recenser les témoins, experts et les nombreuses parties civiles. Elles sont 1813 au total. Parmi elles, on trouve les représentants des 3 collectivités locales : Pierre Cohen, maire de Toulouse, Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute-Garonne et Martin Malvy, président du Conseil régional. « Avec ce procès, j'attends le moment de vérité » explique Pierre Izard. « J'espère que ce procès apportera l'apaisement aux Toulousains » ajoute Pierre Cohen. Martin Malvy, lui, s'interroge : « il faut tirer les leçons de cette catastrophe, que va-t-on faire de tous les sites industriels implantés au milieu des grandes villes ? ». Plus loin, Frédéric Arrou ou Gérard Ratier, les représentants de deux collectifs de victimes sont soulagés : « le procès commence enfin. On va entrer dans le vif du sujet ». Dans une autre partie de la grande salle, Jacques Mignard, représentant des salariés affirme de son côté : « j'attends toute la vérité de ces 4 mois d'audience ». Selon les 658 pages du rapport final du collège d'experts désignés par la Justice : « la cause de l'explosion est accidentelle et elle est liée à un processus chimique entre deux produits (le nitrate d'amonium et du dichloisocyanurique) fabriqués sur le site du procès ».
Le président Thomas le Monnyer a émis un vœu à l'ouverture des débats, celui-ci : « il faut un débat loyal et contradictoire. Le Tribunal ressent l'émotion intense qui vous étreint tous ». Le procès reprend mercredi après-midi avec l'examen de la citation directe du groupe Total et de son ancien pdg Thierry Desmarest. C'est Simon Cohen qui entrera dans le vif du sujet aux côtés de 6 citoyens. Ces derniers veulent voir l'ancien patron du groupe industriel sur le banc des accusés.

En savoir plus :

Le président Thomas le Monnyer a communiqué hier à l'audience le calendrier (prévisionnel) des grands moments de ce procès exceptionnel.

- Mercredi 25 février : examen de la citation directe du groupe Total
- La semaine prochaine : rappel des faits (l'explosion) et parole aux victimes
- Mi-mars : débats autour des différentes enquêtes. Des témoins hors normes pourraient être entendus par la Cour. parmi eux, il pourrait y avoir Jacques Chirac ("même si l'article 67 de la Constitution lui interdit de témoigner, il pourrait venir "à titre personnel"), Lionel Jospin, l'ancien procureur Bréard, l'ancien préfet Fournier ou le juge d'instruction Perriquet
- Début mai : discussion autour de la thèse de l'accusation
- Fin mai : plaidoiries des parties civiles, de la défense et réquisitoire des deux représentants de l'accusation.
- Mi-novembre : délibéré de ce procès qui devrait durer 4 mois

En photo : (en haut, de droite à gauche), Me Daniel Soulez-Larivière, avocat du groupe Total et Serge Biechlin, le directeur de l'usine AZF au moment de la catastrophe. (En bas, au centre), Thomas Le Monnyer, le président du Tribunal correctionnel est assisté de 4 magistrats professionnels (Rémi Benoit)

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