Molex : l'État paiera les salaires jusqu'en janvier 2011

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a réuni, le 21 octobre, le comité de suivi Molex suite à l'annonce par le groupe américain de liquider sa filiale française et de cesser de financer le plan social. Deux mesures phares ont été annoncées : la prise en compte des salaires par l'AGS jusqu'au 6 janvier 2001 et le recours déposé contre l'équipementier automobile pour insuffisance d'actifs. Des annonces insuffisantes pour Denis Parise, représentant des salariés Molex - Villemur-sur-Tarn. Inadmissible et inacceptable.

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a réuni, le 21 octobre, le comité de suivi Molex suite à l'annonce par le groupe américain de liquider sa filiale française et de cesser de financer le plan social. Deux mesures phares ont été annoncées : la prise en compte des salaires par l'AGS jusqu'au 6 janvier 2001 et le recours déposé contre l'équipementier automobile pour insuffisance d'actifs. Des annonces insuffisantes pour Denis Parise, représentant des salariés Molex - Villemur-sur-Tarn.

Inadmissible et inacceptable. C'est par ces mots que le ministre de l'industrie Christian Estrosi a qualifié le comportement de la direction de l'équipementier américain : « On a appris avec stupéfaction que la filiale française de Molex avait décidé de sa mise en situation de liquidation et donc de ne plus faire face à ses obligations. C'est inadmissible tant vis-à-vis des salariés que de l'État après les négociations très difficiles et tendues menées avec eux. »

Le ministre s'est voulu rassurant et offensif. Rassurant pour les salariés dans un premier temps : « Je ne peux pas accepter que les congés de reclassement pour septembre et octobre ne soient pas payés. En conséquence, nous nous substituerons à Molex, d'ici les premiers jours de novembre, grâce au concours de l'Association de garantie des salaires (AGS). L'État fera également l'avance nécessaire pour que l'équipe de la cellule de reclassement puisse continuer à fonctionner », a-t-il déclaré.

Offensif vis-à-vis de l'équipementier automobile américain que le ministre ne veut « pas lâcher : je veux les mettre sous pression. J'ai donc décidé de demander au liquidateur de procéder à un recours en responsabilité pour insuffisance d'actifs contre Molex devant le tribunal de commerce de Paris comme la loi le permet. » L'objectif de la manœuvre est de récupérer des actifs pour que l'entreprise puisse faire face à ses responsabilités.

Christian Estrosi songe également à d'autres mesures coercitives, plus indirectes : « Je vais demander aux groupes PSA et Renault, qui ont encore des contrats avec Molex, de mettre un terme à toute coopération si la filiale en France n'assume pas ses responsabilités ». Et de conclure d'un vœu pieux : « J'ose espérer que Molex en vienne à la raison », réfutant toutefois d'employer l'expression de « patron voyou » pour qualifier le comportement du groupe américain.

Une précaution que n'a pas prise Denis Parise, représentant des salariés Molex - Villemur-sur-Tarn, à l'heure de commenter l'intervention du ministre : « Comme on a affaire à des bandits, j'espérais que l'on aille au pénal. On attendait que Molex avance l'intégralité du plan social. Il est hors de question que ce soit la Société qui paie pour une entreprise privée. D'autant plus que les indemnités dues dépassent largement les capacités des AGS qui sont plafonnées. »

Pour Martin Malvy, président du Conseil régional, l'État n'est pas exempt de tout reproche : « On prend acte des mesures d'urgence annoncées par le ministre tout en rappelant qu'elles correspondent à ceux que je lui demande depuis deux ans par lettre. Je suis, par ailleurs surpris qu'il y autant de vide dans ses réponses, notamment sur la question des mutuelles et du paiement des indemnités après janvier. Et ce n'est pas le procès intenté à Molex, qui va durer des années, qui va résoudre le problème. » Sans oublier de rappeler que la situation serait différente si « le gouvernement n'avait pas autorisé le licenciement des salariés protégés ».

À la demande de Molex, le tribunal de commerce de Paris a nommé un mandataire ad hoc chargé de lancer la procédure de dissolution de la société. Une décision en forme de vengeance à l'action engagée aux prud'hommes par 188 salariés de son usine française de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), fermée en 2009. Ainsi, Molex décide de cesser le financement du plan social d'un montant de plus de 27 millions d'euros. « Nous avons fait le calcul, pour boucler le plan, social, Molex doit aujourd'hui quatre millions d'euros, tout compris », rappelle Denis Parise.

Une décision contestée par Molex qui indiquait, en début de semaine par la voix de sa vice-présidente Anna Rodriguez, que « le groupe a déjà payé plus de 30 millions d'euros (...) L'action des 188 anciens visant notamment à obtenir une indemnité exorbitante démontre que l'attitude conciliante de Molex n'est suivie d'aucun effet. Cette situation consternante a donc conduit la société Molex Automotive SARL à déposer son bilan auprès du tribunal de commerce. Nous sommes ouverts à un dialogue si les pouvoirs publics le demandent. (...) Mais il faudrait au préalable que les 188 plaintes soient retirées. »

Pour mémoire, seuls 83 personnes ont retrouvé du travail, dont 45 sur le site de VM Industrie à Villemur-sur-Tarn, sur les 283 salariés que comptait l'entreprise. 19 représentants du personnel sont toujours en congés de reclassement et ce jusqu'au 6 janvier.

Jean Couderc

En photo : Christian Estrosi entouré de Pierre Izard, président du Conseil général, Martin Malvy, président du Conseil régional, Jean-Claude Boudet, maire de Villemur-sur-Tarn, Brigitte Barèges, député du Tarn-et-Garonne et Dominique Bur, préfet de Région (© Rémi Benoit)

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