Comité stratégique aéronautique : le ministère de l'Industrie calme le jeu

{réactualisation} Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a cherché à calmer les esprits, ce mercredi 15 septembre, assurant que le comité stratégique aéronautique ne serait pas implanté physiquement, ni à Bordeaux ni ailleurs. Une déclaration étonnante puisque même les acteurs les plus proches du dossier évoquaient ce matin une défaite pour Toulouse au détriment de sa rivale d'Aquitaine.Hier, l'annonce de l'installation du Comité stratégique aéronautique à Bordeaux a mis le feu aux poudres en Midi-Pyrénées.

{réactualisation} Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a cherché à calmer les esprits, ce mercredi 15 septembre, assurant que le comité stratégique aéronautique ne serait pas implanté physiquement, ni à Bordeaux ni ailleurs. Une déclaration étonnante puisque même les acteurs les plus proches du dossier évoquaient ce matin une défaite pour Toulouse au détriment de sa rivale d'Aquitaine.

Hier, l'annonce de l'installation du Comité stratégique aéronautique à Bordeaux a mis le feu aux poudres en Midi-Pyrénées. Ce comité sera chargé de superviser au plan national l'ensemble de la filière. Jean-Louis Chauzy s'est fendu d'un communiqué virulent aussitôt après s'être entretenu avec son homologue bordelais, qui lui a communiqué l'information. Contacté en début de soirée, Jean-Louis Chauzy ne décolérait pas : « Ce sont de mauvaises manières. Quand on est républicain, on se doit de les dénoncer. Ce n'est pas comme cela que l'on va sauver l'industrie aéronautique. Toulouse en est la capitale mondiale. C'est aussi le siège du pôle de compétitivité à vocation mondiale Aerospace Valley, sans parler de l'Institut de Recherche Technologique au service de l'innovation en
aéronautique, espace, et systèmes embarqués. (IRT ndlr) qui est éligible au Grand Emprunt. C'est une annonce surprenante et affligeante pour la
métropole toulousaine et la région Midi-Pyrénées. »

Dénonçant un choix politique « mauvais », le président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées s'est dit attendre « avec impatience les réactions des principaux acteurs des deux régions : « J'attends avec gourmandise le débat qui suivra l'assemblée générale d'Aerospace Valley, en présence des responsables des communautés d'agglomérations de Toulouse et Bordeaux, le 23 septembre à Toulouse, et dont le thème porte sur « le rôle des collectivités locales dans l'industrie aéronautique »... »

« Cette décision, si elle est confirmée, est inadmissible car elle relèverait d'un strict choix politique, a condamné de son côté Martin Malvy, président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, hier dans la soirée. Il ne s'agit pas pour moi d'allumer une guerre quelconque entre Aquitaine et Midi-Pyrénées, qui serait la plus mal venue, et risquerait de porter atteinte au pôle de compétitivité mondial que nous avons voulu. Mais il y a en France huit régions de l'aéronautique. Les deux premières sont Midi-Pyrénées et l'Ile-de-France. Toulouse représente 60% de l'activité aéronautique du Sud Ouest. Elle est le siège du pôle. C'est à Toulouse que ce comité stratégique issu des Assises de l'Industrie devait être implanté, comme nous l'avions souhaité sans toutefois que son contenu soit connu, poursuit Martin Malvy. C'était la logique même. Il aurait pu l'être à Paris pour l'intégralité de la filière aéronautique ce qui n'aurait soulevé aucune contestation. Choisir Bordeaux sans concertation aucune, je le dis avec fermeté par contre, relève d'un mauvais coup dirigé contre Toulouse. J'en appelle au président de la République pour rectifier le tir. Ce n'est pas comme cela que l'on construit une politique industrielle pour la France. »

Ce matin à Toulouse, une personne connaissant parfaitement le dossier évoquait des considérations « purement politiques » et notamment le poids du maire de Bordeaux Alain Juppé et de celui du président du Conseil régional, Alain Rousset. Il dénonçait un choix et une annonce faite « en catimini » demain jeudi 16 septembre à Bordeaux par le ministre de l'Industrie Christian Estrosi, en marge du 1er Salon du micro et mini drone. « Cette décision aura de très faibles conséquences sur la filière mais en terme d'image, c'est désastreux pour Toulouse. Le signal qui est envoyé, c'est que Bordeaux est désormais la capitale française de l'aéronautique ! » Jean-Louis Chauzy rendait publique, ce mercredi matin, une lettre adressée à Christian Estrosi dans laquelle il lui demandait de reconsidérer son choix.

Et pourtant, surprise ce midi : l'Agence France Presse relayait les propos d'un membre de l'entourage de Christian Estrosi, ayant requis l'anonymat, indiquant que si celui-ci se rendra bien jeudi en Aquitaine pour « installer » le nouveau comité stratégique de la filière aéronautique, ce comité ne sera pas implanté physiquement dans cette région. Le ministre n'installe pas le comité stratégique à Bordeaux, il profite de sa visite au Salon des drones (à Mérignac, près de Bordeaux) pour lancer ce comité chez EADS qu'il visite également. Ce comité a une vocation nationale et ne sera pas physiquement identifiable à une région ou à une ville donnée, les réunions de travail se tiendront à Paris, à Toulouse, à Bordeaux... »

Alors, erreur sémantique ou volte-face de dernière minute du ministère ? Le silence de ce dernier, contacté à de multiples reprises depuis mercredi soir, et les propos tenus par les proches du dossier à Toulouse, laissent plutôt pencher pour la 2e option. Finalement, le ministère a fait savoir mercredi après-midi que "jamais il n'avait été question d'implanter le Comité à Bordeaux, car il n'aura pas de représentation physique".Christian Estrosi devra s'employer, jeudi lors de son allocution, à rassurer les acteurs midi-pyrénéens de la filière. Et préciser clairement le rôle et le mode de gouvernance de ce comité. La méfiance reste de mise à en croire les acteurs régionaux. Ainsi Claude Terrazzoni, président de la CCIT, rappelle qu'il "ne s'agit pas d'une guerre entre deux métropoles mais tout simplement de l'impossibilité de comprendre une telle décision contraire à toute logique et prise sans aucune concertation. Je prend acte d'un éventuel démenti mais je reste vigilant sur les suites données à ce dossier".

Pour Martin Malvy, "si contrairement à ce qui avait été annoncé - et comme l'entourage du ministre l'a laissé entendre aujourd'hui - le choix de l'implantation du comité stratégique n'est pas arrêté, j'en prendrai acte avec satisfaction. Il ne s'agit pas d'opposer les villes et les régions entre elles, d'autant plus que Midi-Pyrénées et Aquitaine sont fortement impliquées dans le Pôle Aerospace Valley qu'elles ont voulu. Nous constituons ensemble le premier pôle européen de l'aéronautique. Nous avons donc notre mot à dire dans le devenir de la filière. Six autres Régions françaises sont concernées. Or, si le Gouvernement nous demande de participer à son développement, de cofinancer les projets de recherche et les équipements, nous n'avons été nullement consultés, ni associés à quelque stade que ce soit à l'élaboration de ce comité."

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a installé le 8 septembre onze comités stratégiques de filières, une mesure destinée à rendre plus compétitive l'industrie française face à la concurrence internationale. Ces onze comités seront chargés de superviser au plan national plusieurs filières. Sont concernées celles de l'automobile, de l'aéronautique, du ferroviaire, du naval, des technologies et services de l'information, de la chimie et des matériaux, des industries de santé, du luxe et de la création, des industries des biens de consommation et de l'équipement de la maison, de l'agro-alimentaire et agro-industries et enfin des éco-industries.

Jean Couderc

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