Sciences Po Toulouse accueille autour de 30 % d'étudiants boursiers dans ses promotions.

Inscrite dans un programme « Égalité des chances », la convention entre l'ENA et Sciences Po Toulouse veut intervenir sur trois points, comme l'explique Bernard Boucault : « Nous voulons assurer une meilleure préparation aux concours, et augmenter les chances de réussite pour tous. Ensuite, nous voulons faire connaître l'ENA aux étudiants, à travers des conférences et des rencontres. Ensuite, le volet le plus important concerne la diversification du recrutement. Le concours externe de l'ENA s'adresse notamment aux diplômés de Sciences Po, mais ils sont nombreux, à cause de moyens limités et d'un manque d'information, à pratiquer une forme d'autocensure : il faut les convaincre que l'ENA est accessible. »

A Sciences-Po Toulouse, des formations spéciales existent déjà pour des élèves sélectionnés, afin les aiguiller dans leur préparation aux concours de la fonction publique. « Nous allons renforcer ce parcours, continue Bernard Boucault. Les élèves choisis pour le dispositif pourront, à côté de leur cursus Sciences Po habituel, découvrir le milieu administratif, rencontrer des anciens de l'ENA, et bénéficier de ressources en ligne pour préparer le concours externe. Il faut en connaître les codes, et avoir quelques clés pour le préparer au mieux. Pour cela, la formation doit être équilibrée entre universitaires et praticiens. »

Les étudiants seront choisis pour le programme à la fin de la première année de Sciences Po, sur des critères sociaux et après un entretien de motivation. Tout en voulant « respecter le principe d'égalité républicaine », les deux écoles espèrent ainsi élargir l'origine sociale des prétendants à l'entrée à l'ENA. « Aujourd'hui, le concours externe est dominé par les étudiants de Sciences Po Paris. Nous voulons démocratiser le concours, tout en maintenant un niveau d'exigence élevé. »

Jusqu'à présent, Sciences Po Toulouse a eu des difficultés à proposer une préparation efficace aux concours administratifs. « La difficulté était de faire venir des formateurs, de jeunes fonctionnaires, notamment de Paris, car cela coûte très cher, précise Laure Ortiz. Toulouse souffre notamment d'un problème de densité démographique et de desserte. Je suis donc extrêmement reconnaissante à l'ENA d'établir ce partenariat avec nous. »

La convention signée entre les deux parties évoque la participation de l'ENA dans les campagnes d'information organisées à Toulouse. L'école parisienne prendra en charge une partie de la rémunération des jeunes diplômés lorsqu'ils viendront intervenir à Sciences Po Toulouse. L'ENA mettra aussi en place un portail Internet pour offrir des ressources en ligne aux candidats aux concours.

« 40 % des orientations professionnelles en sortie de l'IEP Toulouse concernent la fonction publique, conclut Laure Ortiz. Il est de notre devoir de tirer les élèves vers les concours les plus difficiles, notamment dans l'administration. Historiquement, les IEP ont été créés pour cela ! »

Clément Sirdey

En savoir plus :
- www.sciencespo-toulouse.fr
- www.ena.fr

En photo : Bernard Boucault, directeur de l'ENA et Laure Ortiz, directrice de Sciences Po Toulouse (photo : Clément Sirdey)