Airbus : l'A400M débute ses tests en vol à Toulouse. EADS plonge dans le rouge

L'avion militaire d'Airbus, l'A400M, a atterri ce mardi 9 mars à l'aéroport de Toulouse-Blagnac afin d'y commencer une série de tests en vol. Tom Enders, le président d'Airbus, était présent pour l'occasion, ainsi que Domingo Ureña-Roso, directeur du programme Airbus Military.

L'arrivée de l'A400M coïncidait avec l'annonce, ce matin à Paris, des mauvais résultats financiers en 2009 d'EADS, maison mère d'Airbus, en raison des surcoûts liés à ce programme.

Après des mois de rebondissements, et l'annonce vendredi 5 mars d'un accord trouvé entre les pays partenaires du projet, l'A400M va enfin commencer les tests en vol qui mèneront à terme à sa commercialisation. Le programme, qui accuse un surcoût de près de 10Md€, dispose à ce jour de 184 commandes fermes, dont 50 pour la France. En Midi-Pyrénées, il mobilisera près de 1.500 personnes, entre Airbus et ses sous-traitants.

Devant un parterre de plusieurs centaines d'employés, Tom Enders a tenu à remercier tous les acteurs engagés dans le projet. « Ca n'a pas été facile. Mais cela valait le coup de se battre », a-t-il lancé, avant de saluer le président d'EADS, Louis Gallois, « pour son engagement ». Fernando Alonso, directeur des essais en vol, a de son côté tenu à rappeler qu'il allait falloir « se retrousser les manches » et que le plus gros du travail restait à fournir.

Les tests de l'A400M commenceront les jours prochains entre Toulouse et Séville, afin de tester les capacités en vol de l'appareil. Plus tard viendront les essais militaires (largage, ravitaillement), qui permettront de s'assurer que cet avion tient toutes ses promesses en matière de manœuvrabilité et d'efficacité. Ignacio Lombo, pilote sur le vol Séville-Toulouse de mardi, assure que « l'avion vole bien », et que les problèmes de moteur rencontrés lors du premier vol d'essai à Séville, en décembre dernier, ne sont qu'un lointain souvenir. « C'est un appareil très maniable, a-t-il confirmé, qui évolue à un niveau tactique supérieur à ceux existants. » La durée des tests reste pour l'heure indéterminée. Un second appareil est actuellement en test moteur à Séville et débutera ses essais en vol dans le courant du mois.

En Midi-Pyrénées, les dernières bonnes nouvelles venues du programme A400M ont créé une onde de soulagement. Martin Malvy, président du Conseil Régional, a fait part dans un communiqué d'une « grande satisfaction pour l'ensemble des fournisseurs de Midi-Pyrénées », ajoutant que « le programme d'Airbus garantit l'emploi à de nombreuses PME depuis des années ». Brigitte Barèges, tête de liste UMP aux élections régionales du mois de mars, a parlé dans un communiqué d'une « formidable nouvelle pour l'ensemble de la communauté aéronautique en Midi-Pyrénées ». De son côté, Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social Régional, a estimé qu'une autre issue à ce dossier « aurait fait désordre. EADS a bien fait de taper du poing sur la table, le programme représente tout de même 12.000 emplois en France, dont les deux tiers en Midi-Pyrénées. »

Le groupe EADS, dont fait partie Airbus, a également annoncé ce mardi matin à Paris ses résultats pour l'année 2009, par l'intermédiaire de son président Louis Gallois. L'an passé, EADS a essuyé une perte nette de 763 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,57 milliard en 2008. Il a été plombé une fois encore par les surcoûts de l'avion de transport militaire A400M, un programme en retard de plus de trois ans qui l'avait déjà fait tomber dans le rouge en 2007.
A ce titre, il a dû passer une nouvelle provision de 1,8 milliard d'euros, qui vient s'ajouter aux 2,4 milliards d'euros provisionnés précédemment. Dans l'aviation civile, la principale filiale du groupe, Airbus, a été aussi pénalisée par une charge de 240 millions d'euros sur le très gros porteur A380.

Pour 2010, EADS affiche un certain optimisme: il prévoit un chiffre d'affaires « globalement stable » après les 42,8 milliards enregistrés en 2009 et un résultat d'exploitation (Ebit) d'« environ 1 milliard ».

Airbus a par ailleurs annoncé l'augmentation de la cadence de production de l'A320, qui passera de 34 à 36 appareils mensuels à partir de décembre 2010. Airbus explique avoir pris cette décision « en raison de la demande continue pour ses appareils », et d'un « carnet de commandes record de plus de 2300 appareils de la famille A320. »

Par ailleurs, Airbus vient de renoncer à participer à l'appel d'offre portant sur la fourniture d'avions ravitailleurs pour le gouvernement américain. Son partenaire Northrop Grumman, a annoncé lundi 8 mars son retrait, estimant que « la structure de l'appel d'offres » privilégiait Boeing. « Contrairement au premier appel d'offres, que nous avions clairement gagné il y a deux ans, l'appel d'offres en cours est biaisé en faveur de l'avion plus petit et moins performant de la concurrence », a déclaré Tom Enders, patron d'Airbus, au Financial Times Deutschland. Mardi à Toulouse, il a encore ajouté que ce n'était pas une « compétition équitable »

Clément Sirdey

En savoir plus : l'A400M s'est posé aujourd'hui à Toulouse avant de débuter sa campagne d'essais en vol. (photo Rémi Benoit)

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