C'est l'Arlésienne du monde agricole. L'annonce du gouvernement de vouloir réduire de 50% la consommation de produits phytosanitaires d'ici à 2018 soulève de nombreuses questions. Un colloque organisé par l'École Nationale Supérieure d'Agronomie de Toulouse (Ensat) ce mardi 23 février a tenté d'apporter quelques réponses. Plus de 300 personnes y ont participé.

C'est un constat partagé par la quasi-totalité des acteurs du monde agricole en France : il faut trouver des solutions pour limiter la pollution des sols. C'est dans cette optique qu'est né le plan Ecophyto 2018, adapté d'une directive européenne, et qui propose de se donner jusqu'en 2018 pour réduire de moitié l'utilisation de produits phytosanitaires, « si possible ». La possibilité d'appliquer ce plan, c'est justement ce dont les participants au colloque de l'Ensat ont discuté. Plus de 300 personnes, des représentants des différentes Chambres d'agriculture de la région aussi bien que des agriculteurs et des étudiants.

« En Midi-Pyrénées, de nombreuses initiatives ont déjà lieu pour limiter ces produits. La région est fortement impliquée », expliquait Jacques Moinard, responsable grandes cultures à la Direction Régionale de l'Alimention de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) de Midi-Pyrénées. Avant d'ajouter : « Il faut, en priorité, protéger les cultures. » Donc, trouver des moyens de ne pas faire baisser la production.

Principal enjeu pour les agriculteurs : l'argent. La baisse de l'utilisation des pesticides (dont font partie les produits phytosanitaires), en rendant les végétaux plus vulnérables, entraîne dans la plupart des cas une baisse de rendement des cultures. Pourtant, l'étude de l'INRA présentée par les élèves met en lumière que, avec jusqu'à 40% de consommation de produits en moins et en intégrant 15% d'agriculture biologique, l'agriculteur peut maintenir sa marge financière.

« Il ne faut pas perdre de vue que les agriculteurs ont déjà fait des efforts dans le domaine, explique Laurent Perdereau, agriculteur. Il ne faut pas les accabler de contraintes. Le tout est de trouver un fonctionnement écologiquement intensif, qui réduise la consommation en produits phytos tout en maintenant une production importante. »

Clément Sirdey

En savoir plus :
- www.ensat.fr

En photo : la France espère diminuer de moitié l'usage des produits phytosanitaires d'ici 2018. (© Fotolia)