Les résultats commerciaux d'Airbus pour 2008 ont été annoncés ce matin au Delivery Center d'Airbus, à Colomiers (31). L'avionneur européen, filiale d'EADS, qui s'attend à une année 2009 « horrible » pour ses clients a enregistré 777 commandes nettes en 2008, pour un montant estimé à 100 milliards de dollars US. Airbus confirme sa position de n°1 devant Boeing et espère 300 à 400 commandes en 2009.

Cette année, il faudra s'attendre, a prévenu Tom Enders, a enregistrer moins de commandes que de livraisons. Non sans humour, le président d'Airbus, a sorti une boule de cristal lors de la conférence de presse annuelle quand il a été question de faire des prévisions pour 2009. Voulant montrer l'absence de visibilité due à la crise du transport aérien (crise du crédit, hausse du prix des carburants, récession aux Etats-Unis), il a cependant fait le pari «d'enregistrer entre 300 et 400 commandes cette année. » Ce serait nettement moins que les 777 commandes réalisées en 2008. Ce total qui permet à l'avionneur de devancer Boeing (662 commandes annoncées par le groupe américain le 8 janvier ) est lui-même en recul par rapport aux 1.341 commandes de l'année 2007.

Concernant, l'A380 « neuf appareils ont été commandés en 2008, a expliqué John Leahy, directeur commercial d'Airbus. En 2009, nous pensons recevoir une dizaine de commandes. » Tom Enders a estimé que 2008 avait été l'année de la consolidation du programme et du début de la Wave 2 de l'A380, la phase industrielle de la production de l'appareil. De façon plus anecdotique, Tom Enders a confirmé qu'Airbus propose actuellement « l'A380 à Barak Obama pour Air Force One. »

Pour ce qui concerne les livraisons, elles ont atteint le « nombre record de 483 en 2008. 30 de plus qu'en 2007 qui avait déjà été une année record, a expliqué Tom Enders. Depuis 2002 l'augmentation du nombre de livraisons est constante. Fin 2008, nous avons réussi le pari de livrer 12 A380 même si cela n'a pas été chose facile. Pour 2009, nous tenons à faire des prévisions réalistes. Notre plan est de livrer 18 A380 en 2009. » L'objectif initial de 21 A380 ne sera donc pas tenu.

Face à l'ensemble de la presse aéronautique mondiale et devant les journalistes de la presse régionale, la direction d'Airbus réunie au grand complet est longuement revenue sur l'avenir de l'A400M. « Lorsque vous entendez qu'Airbus veut tuer ce programme, sachez bien que c'est stupide et faux. Nous voulons poursuivre ce programme mais pas avec l'organisation contractuelle actuelle, c'est mission impossible. Ce serait même irresponsable. Nous voulons revoir le calendrier, l'organisation du programme et son financement » avec les Etats. Signé en 2003 entre EADS et l'Occar (un groupement de sept pays européens) le contrat de 20 milliards d'euros prévoit la livraison de 180 appareils dont 50 pour la France.

Le grand rendez-vous annuel d'Airbus a cependant été dominé par la perspective de la crise. Face à ce que John Leahy appelle une «récession mondiale très grave, Airbus est prêt. Les banques doivent à nouveau prêter et il y aura une augmentation des crédits en 2009. Déjà en 2008, nous avons vu une augmentation dans l'activité de leasing, ce qui permet aux compagnies de ne pas avoir à gérer le financement de leurs commandes. » Fabrice Brégier, directeur général d'Airbus a évoqué la façon dont pourrait réagir Airbus à une réduction du carnet de commandes. « Les employés sont 47.600 au 1er janvier auxquels il faut ajouter 25.000 contrats temporaires. Cela signifie que nous avons une certaine souplesse au cas où la situation empirerait dans les prochains mois. » Le n°2 d'Airbus a également affirmé que le plan de restructuration a dépassé les objectifs pour la deuxième année consécutive, et permis de réaliser des économies de 1,3 milliards d'euros. Ces économies dépassent plus de la moitié des objectifs pour 2010 et Power 8+ permettra de réaliser 650 millions d'euros d'économies supplémentaires d'ici à 2012. Tom Enders a de son côté remercié « les délégués syndicaux pour leurs critiques constructives. »

En photo : Fabrice Brégier (chief operating officer), Tom Enders (president and CEO) et John Leahy (chief operating officer, customers) face à une boule de cristal, symbole des incertitudes du marché aéronautique en 2009. (Photo Rémi Benoit)