Les salariés des sites Sanofi-Aventis de Toulouse et Labège ont inauguré officieusement le 12 janvier le B16, nouveau bâtiment situé route d'Espagne. Ils ont manifesté leurs craintes quant à l'avenir de leurs emplois mis en péril, selon eux, par le projet Transforming initié par la direction du groupe.

Il flottait comme un parfum de révolte le 12 janvier au siège toulousain de l'entreprise Sanofi-Aventis. Choqués par la suppression annoncée d'une centaine de postes d'ici le mois d'avril, les employés, à l'appel des syndicats CGT, CFDT, CGT-FO, CFE-CGC et Sud Chimie, avaient décidé de se mobiliser autour d'une action éminemment symbolique constituée par l'inauguration officieuse d'un nouveau bâtiment, le B16.

« C'est une cérémonie initiée par les salariés pour les salariés car ce sont eux les créateurs de richesse, a déclaré en préambule, Laurent Besson-Imbert, représentant de Sud auprès de l'intersyndicale. C'est donc à eux que revient le droit d'inaugurer ce bâtiment, symbole d'une époque où notre entreprise envisageait un autre futur pour sa recherche. On s'opposera, du reste, à une autre inauguration car on considère que c'est celle-ci qui est légitime ».

Une « rébellion » qui traduit l'exaspération de salariés bouleversés depuis le changement de direction début 2009 : « Le nouveau directeur général, M.Viehbacher, a lancé un projet Transforming visant à économiser 2 milliards d'euros de frais de fonctionnement, l'objectif étant de maintenir l'augmentation de bénéfices, poursuit-il. Pour y parvenir, il a été décidé d'économiser 770 millions d'euros sur les 4,5 milliards consacrés à la recherche, ce qui équivaut à une baisse de 17% des frais de recherche et une suppression de 20% des effectifs. Avec 8 milliards d'euros de bénéfices, l'emploi n'a pas à être sacrifié ! C'est inadmissible ».

Une annonce qui a fait l'effet d'un coup de tonnerre, alors qu'un schéma directeur, rédigé par l'ancienne direction, prévoyait, au contraire, une montée en puissance du site toulousain à l'horizon 2011-2012 : « Le nombre de salariés devait atteindre le millier. C'est, ni plus ni moins, qu'un plan de restructuration déguisé sous le prétexte de favoriser le départ à la retraite des gens à 55 ans » ajoute un syndicaliste.

Déplorant l'externalisation de la recherche et la délocalisation vers les pays émergents à bas coûts, l'intersyndicale tire la sonnette d'alarme en prévision de nouvelles annonces du même ordre : « On sait, malheureusement, que c'est cuit pour ce coup-ci mais on veut absolument se préparer pour la 2è vague. N'ayant plus de garanties d'activité à moyen terme, on se demande où va s'arrêter notre direction qui considère que les dividences l'emportent sur les programmes de recherche » avertit Robert Gensac, de la CGT.

C'est aussi un sentiment de tristesse qui animait les manifestants à l'heure d'inaugurer un bâtiment que certains ne veulent pas voir comme le cimetière de leurs illusions : « Le B16 est à la fois le symbole de notre combat et aussi l'espoir en l'avenir. Mais aujourd'hui, nous avons l'impression que nos valeurs sont bafouées. Nous n'acceptons pas, en outre, que Sanofi-Aventis abandonne des compétences médicales reconnues mondialement. Notre vœu est de continuer à travailler pour un groupe fort qui compte dans le milieu de la recherche » conclut l'intersyndicale.

Contacté par téléphone, le directeur de l'établissement Jacques Janssens a déclaré que « les moyens d'expression des organisations syndicales leur appartenaient à partir du moment où cela se faisait dans le respect et le dialogue social qui est une tradition chez Sanofi-Aventis ».