Dominique Bur, préfet de Région, Martin Malvy, président du Conseil Régional Midi-Pyrénées, Jean-Claude Luche, président du Conseil Général de l'Aveyron et Danièle Polve-Montmasson, préfète de l'Aveyron, signeront le mardi 5 janvier cette convention concernant la mise à 2x2 voies de la RN88 entre Albi et Rodez. Un aménagement qui entre dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de modernisation des itinéraires du réseau routier national. Cette convention fixe par écrit les engagements de chacun des partenaires. L'aménagement sera financé par l'État (140 M€) et les collectivités régionales et départementales. Ces dernières apporteront 120 M€ dont 49,5 M€ pour le Conseil Général de l'Aveyron et 70 M€ pour la Région, qui a accepté de participer financièrement en contrepartie d'un soutien accru de l'État au Plan Rail. A noter : pour commencer les travaux, les collectivités devront faire l'avance pour le compte de l'Etat, qui n'entrera en piste qu'en 2012. « Ce sont au total 307,5 M€, dont 215 M€ en Aveyron et 92,5 M€ dans le Tarn qui, entre l'État, la Région et le département, seront affectés à la RN 88 dans les 5 années », indique-t-on au Conseil Régional.

Côté Aveyronnais, les travaux débuteront dès l'été 2010 entre Tanus et La Mothe. Suivra la section La Mothe - Les Molinières et le contournement de Baraqueville. Dans le Tarn, les travaux sur la portion Tanus - Croix-de-Mille (6 km restant à aménager en 2x2 voies, 45 M€) s'étaleront entre 2010 et 2012. 40 M€ seront consacrés à la rocade d'Albi pour son doublement entre les échangeurs de Castres et de Millau. La 2x2 voies finale reliant Rodez à Toulouse devrait être achevée en 2015.

Le feu vert a été donné par les conseillers généraux de l'Aveyron, qui ont donné à l'unanimité le 18 décembre dernier l'autorisation au président du Conseil Général Jean-Claude Luche de signer la convention. « Un geste fort en direction des Aveyronnais et des acteurs économiques du département », juge ce dernier. Le doublement de l'axe routier est jugé vital par beaucoup, tant pour le développement économique qu'en terme de sécurité des usagers (258 accidents dont 63 morts sur cet axe entre 1998 et 2008).

Avec cette convention, « le Père Noël arrive enfin, estime dans un communiqué Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social régional. Classé en 1993 Grande Liaison d'Aménagement du Territoire, l'axe Toulouse-Lyon appelé la route des petites capitales a pris 15 ans de retard pour la partie midi-pyrénéenne. Les gels successifs des crédits de l'Etat dans le volet routier des contrats de plan depuis 1995, puis la décision de compétence exclusive de l'Etat pour les routes nationales, ont sorti les routes du contrat de projet 2007-2013. » Pour le président du CESR, « les infrastructures routières sont porteuses de développement économique et de l'attractivité des territoires traversés. » Mais il s'interroge : « Le projet de loi sur la réforme des collectivités prévoit de retirer la clause de compétence générale à la région et aux conseils généraux... En conséquence les collectivités devront-elles demain stopper les financements sur les compétences de l'Etat ? Que devient le contournement de Rodez et le raccordement en 2X2 voies de Rodez à Séverac-le-Château pour rejoindre l'A75 ? »

Sur leur blog, les Verts de l'Aveyron, après avoir appelé les conseillers généraux à voter contre le projet le 18 décembre, se disent « favorables à des aménagements sur la RN 88 pour la sécurité des usagers, ainsi que pour la sécurité et la tranquillité des riverains, pas pour augmenter le flux de véhicules en transit, notamment de camions. (...) Nous répétons que ce doublement aurait des conséquences économiques négligeables pour notre département, si ce n'est d'attirer des entreprises locales déjà présentes dans une bande de 60 à 70 km de part et d'autre de la RN 88, et d'accentuer encore plus l'écart économique entre le centre, notamment le Ruthénois et certaines petites villes et zones rurales de l'Aveyron. »

Une étude publiée en 2009 de l'Observatoire régional des trafics routiers, s'intéressant au tracé de la RN 88 dans la Haute-Garonne, le Tarn et l'Aveyron, montrait une hausse du trafic entre 2003 et 2007. Entre Toulouse et Albi, le trafic atteint 19 000 véhicules/jour avec des poussées à 30-40 000 dans la proche banlieue toulousaine et une croissance annuelle des trafics supérieurs à 3 %. Entre Albi et Rodez, on compte 6 à 7 000 véhicules/jour avec un taux de croissance, en moyenne, de 2 % par an.

En photo : la mise à 2x2 voies de la RN88, entre Albi et Rodez, entre dans le cadre du Programme de modernisation des itinéraires du réseau routier national. (photo © Rémi Benoit)