Alain Dinin, PDG de Nexity : "L'objectif de construire 500.000 logements par an est positif mais irréaliste"

Alain Dinin, PDG de Nexity, réagit à la création du dispositif Duflot d'incitation fiscale à l'investissement immobilier dans le neuf. De passage à Toulouse, il approuve une partie de la politique actuelle du logement et évoque ses ambitions dans la Ville rose. Que pensez-vous de la politique du logement du gouvernement ?
Alain Dinin, PDG de Nexity

Alain Dinin, PDG de Nexity, réagit à la création du dispositif Duflot d'incitation fiscale à l'investissement immobilier dans le neuf. De passage à Toulouse, il approuve une partie de la politique actuelle du logement et évoque ses ambitions dans la Ville rose.

Que pensez-vous de la politique du logement du gouvernement ?

Je suis persuadé qu'il y a aujourd'hui un consensus sur la production de logements. La France manque d'un million de logements et je me félicite que le logement soit aussi considéré comme un acteur majeur de l'économie. J'ai d'ailleurs découvert en Cécile Duflot quelqu'un de beaucoup plus pragmatique et moins dogmatique que je ne l'imaginais. Urbaniste et diplômée de l'Essec, c'est une ministre du Logement qui sait de quoi elle parle.

Que pensez-vous de la création du dispositif Duflot d'incitation fiscale ?
C'est moins bien que le Scellier mais c'est mieux que rien ! Il assurera 3,5% de rendement. Il y a 6 ans, c'est un rendement qui aurait fait rire tout le monde, ce n'est plus le cas maintenant... J'ai bien en tête par ailleurs que le dispositif Scellier coûtait 1 milliard d'euros par an à l'Etat et que le Duflot coûtera 300 000 euros...

Quel est votre avis sur le changement de zonage prévu par la loi ?
Je pense qu'il faut recentrer la politique du logement sur 35 villes en France. Il faut avoir le courage de dire que le zonage du dispositif Scellier était une grosse bêtise. Car c'est ainsi que dans des villes comme Montauban, les maires ont fait s'effondrer le marché avec des logements en défiscalisation qui n'ont pas trouvé d'acquéreurs. Le dispositif est recentré sur les zones où la demande de logement est forte, c'est positif.

Le nombre de logements réservés aux accédants à la propriété ne devra pas être inférieur à 20%. Qu'en pensez-vous ?

Je n'ai pas de problème avec le logement social mais je crains les effets pervers car cela veut dire que pendant un certain temps on ne produira que du logement social. J'aurais préféré une politique également favorable à l'accession libre. Je pense que le logement est un sujet éminemment local et qu'une décision nationale n'a pas toujours de sens au niveau local.

L'objectif de construire 500 000 logements par an vous paraît-il positif ?
Positif oui mais absolument irréaliste à l'heure actuelle. En 2013, seuls 300 000 logements devraient être mis en chantier, loin des 500 000 souhaités par François Hollande. Je pense qu'il faut mettre en place un plan d'intérêt national. Je demande au gouvernement de nous mettre tous autour d'une table, promoteurs, banques, collectivités, organismes HLM, et je parie que nous trouverons un terrain d'entente. Nous y avons tous intérêt.

Quelles sont vos pistes de réflexion ?
L'une des solutions, et je crois qu'elle est partagée par l'équipe de François Hollande est d'inciter l'épargne collective. Il faut permettre aux institutionnels, notamment les compagnies d'assurance-vie de revenir sur le marché du logement. Ils avaient quitté le secteur il y a une trentaine d'année, attirés par les niveaux de rentabilité plus élevés que leur promettaient les marchés financiers. Pour inciter les compagnies d'assurances, nous proposons que la gestion locative soit assurée par une société HLM. Par ailleurs, nous avons le souci de nous adapter aux revenus des Français. Nexity peut ainsi proposer des logements à coûts réduits, des R+3 sans ascenseurs et sans parking. Cela peut être une solution pour s'adapter au marché.

Comment se situe Nexity à Toulouse ?
Actuellement nous sommes absents des grandes opérations. Nous ne sommes plus présents en tant qu'aménageur depuis le changement de maire. Je comprends d'ailleurs la volonté de la municipalité d'organiser une véritable politique urbaine. C'est vrai que dans le passé, les promoteurs ont pu construire là où il ne fallait pas les produits qu'il ne fallait pas. Aujourd'hui, Nexity a 2,5% du marché à Toulouse mais nous voulons regagner le terrain perdu. Nous voulons nous positionner fortement à Toulouse.

Propos recueillis par Emmanuelle Durand-Rodriguez

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