Stéphane Gruet, architecte, AERA : "300 logements en cours à Toulouse selon le mode de construction de l'habitat participatif"

Le fondateur et administrateur du Centre méridional de l'architecture, directeur de l'AERA* et philosophe Stéphane Gruet décrit sa démarche de conseil auprès des décideurs toulousains en matière de construction et d'aménagement urbain. Il explique sa vision de l'habitat participatif (**). A Toulouse, 300 logements participatifs sont en cours selon ce mode de construction.
Stéphane Gruet, directeur de l'Actions études et recherches sur l'architecture, l'habitat et la ville

Comment accompagnez-vous collectivités et décideurs toulousains en matière de politique de la ville au sein de l'AERA ?
Nous ne sommes pas un bureau d'études, mais une association qui apporte sa réflexion sur les problématiques d'architecture et d'aménagement urbain. Nous intervenons à l'occasion de débats publics pour promouvoir notamment un mode d'habitat participatif qui privilégie des circuits courts. Il s'agit de mettre les usagers et les ménages en amont de la conception de leur logement.
Lorsque les aménageurs le souhaitent, nous sommes aussi dans l'opérationnel pour favoriser et orienter certaines parcelles de ZAC vers un processus participatif. C'est le cas à la Cartoucherie et à Vidailhan-sud. Nous faisons par ailleurs de l'assistance à maîtrise d'ouvrage auprès d'opérateurs de logements sociaux essentiellement, et un travail d'accompagnement pour les accédants sur des opérations particulières. Enfin nous accompagnons les architectes pour développer ce genre de projets.

Ce procédé d'habitat participatif prend du temps et coûte cher, n'est ce pas un frein à son développement ?

Cet accompagnement représente entre 2 et 3 % de coûts supplémentaires, mais il est largement pondéré par un moindre coût de commercialisation. Enfin, il faut bien comprendre que nous ne faisons pas de conception participative, mais simplement de la programmation participative. Il s'agit donc d'élaborer en amont une stratégie technique puis de soumettre à chaque famille plans et maquettes d'appartements. Nous faisons ensemble des modifications dans la limite du réalisable. Lors d'une ultime étape, nous renvoyons le projet aux architectes qui le mettent en musique. C'est donc du sur-mesure, mais dans un certain cadre.
En ce moment à Toulouse et dans l'agglomération 300 logements sont en cours selon ce mode de construction, uniquement avec des opérateurs publics. Nous notons néanmoins que les promoteurs privés s'intéressent à ce procédé car ils sentent bien que les attentes en la matière évoluent. Nous travaillons d'ailleurs sur une opération mixte public-privée à Bayonne.

Quel regard portez-vous sur les nombreuses ZAC en cours de création et livraison à Toulouse ?

Je considère que ces ZAC sont des outils utiles pour l'aménagement du foncier à grande échelle. Mais je ne crois pas que la mixité sociale, culturelle, fonctionnelle, etc. puisse se planifier d'en haut à ces échelles : la mixité ne se décrète pas. Il faut, bien sûr, fixer des objectifs d'intérêt public, mais pour susciter ces mixités qui font la ville, il faut favoriser l'implication d'acteurs nombreux et divers à plus petite échelle et aller beaucoup plus loin, notamment en développant les programmes d'habitats participatifs. Pour répondre à la complexité de la vie sociale, il faut travailler avec elle. L'urbanité est à ce prix.

Propos recueillis par Béatrice Girard
© photo DR

(*) AERA : Actions études et recherches sur l'architecture, l'habitat et la ville.
(**) L'habitat participatif regroupe plusieurs types d'initiatives : autopromotion, coopératives d'habitants...

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