Concurrence d'entreprises étrangères à Toulouse, le Bâtiment dénonce 20 chantiers hors-la-loi

Dans un contexte économique préoccupant (trésoreries exsangues, gel des commandes publiques et destructions d'emplois), la Fédération française du bâtiment dénonce la fraude et demande un plan de relance.
Un chantier en cours à Toulouse

À la veille d'une journée de mobilisation nationale dans le secteur du bâtiment, les représentants régionaux de la profession jettent un pavé dans la mare. Ils l'affirment : sur les chantiers en cours à Toulouse, une vingtaine est réalisée par des entreprises qui ne payent pas leurs charges !

Dans leur collimateur en effet, des entreprises - et parfois des majors - qui rafleraient des marchés grâce à des prix bas, en sous-traitant à des entreprises étrangères ne payant pas leurs charges en France. Un état de fait qui concernerait aussi bien les chantiers de logements collectifs que particuliers. "L'Europe autorise la concurrence entre entreprises et nous n'avons rien à y redire, mais à condition que ces entreprises étrangères qui travaillent en France payent des charges, au même titre que nous", pointe Bruno Dumas le président de la FFB en Midi-Pyrénées. En Haute-Garonne, une commission de travail vient d'être mise en place sur le sujet avec la Direccte dans un but précis : multiplier les contrôles cette année.

1.270 emplois perdus en Midi-Pyrénées en 2012
Ces revendications arrivent dans un contexte plus que dégradé dans le secteur du bâtiment. Les chefs d'entreprise se disent dépités par une crise qui dure depuis 2008. "La profession a enregistré une baisse d'activité de 1,2 % en 2012 avec 15.000 emplois détruits, décrit Bruno Dumas. En Midi-Pyrénées (hors Aveyron), c'est 3 % de l'effectif salarié qui a disparu soit 1.270 postes." Un mauvais résultat, mais un peu moins noir que ce qui avait été annoncé : les professionnels tablaient en effet sur une baisse de -1,9 % et 35.000 emplois détruits au niveau national.

Peu optimistes, ils estiment néanmoins que ce qui ne s'est pas encore produit, est désormais inéluctable. "Nous tablons cette année sur la perte de 7.000 emplois en Midi-Pyrénées, 40.000 au niveau national et quand on sait que le bâtiment représente 7 à 8 % du PIB, cela provoquera une baisse de 0,3 % du PIB qu'il faudra compenser ailleurs", indique Bruno Dumas.

Investissements publics au point mort

De mauvais résultats qui ont plusieurs explications selon la Fédération française du bâtiment. Tout d'abord, une baisse significative des investissements des collectivités locales. "Depuis la disparition de la banque Dexia, les collectivités ne parviennent plus à faire financer leurs projets. Seules les grosses agglomérations qui se financent directement sur les marchés y parviennent", décrit Jean-Luc Dazeas, le président de la FFB du Gers. Son département est particulièrement touché par le phénomène. "Le Gers n'a plus de chantier, nous avons perdu 400 salariés en 2012 soit 10 % des effectifs et les permis de construire concernant les logements individuels sont en baisse de 27 %. Nous perdrons des entreprises avant l'été", assure-t-il.

Autre explication, l'impact négatif du raccourcissement des délais de paiement aux fournisseurs (45 jours) sur des trésoreries déjà exsangues. "Les caisses sont vides. Que l'État mette en place un plan de relance au plus vite, même s'il est de courte durée, mais que l'on nous donne du travail !" a insisté Jean-Paul Castel le président de la FFB du Tarn-et-Garonne.

Enfin, tous protestent contre les mesures fiscales qui visent le secteur et en particulier la hausse de 5,5 % à 7 % de la TVA sur les travaux d'entretien et de rénovation, annoncée à 10 % au 1er janvier 2014. Demain, des rencontres avec les préfets sont prévues dans toute la France, pour faire part de ces revendications, sous un seul mot d'ordre "trop c'est trop !". Un slogan qui traduit parfaitement une profession au bord de la crise de nerfs.

Béatrice Girard
©
Rémi Benoit

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