Une conférence sur le contexte économique régional était organisée il y a quelques jours à Toulouse. A la tribune les représentants des promoteurs immobiliers, de la Fédération française du bâtiment (FFB), de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) , des notaires, des agents immobiliers et des banques se sont succédés pour livrer leurs analyses de la situation au premier trimestre 2012.

Verdict ? L'industrie toulousaine se porte toujours bien mais l'immobilier commence à pâtir de la crise. "Notre région connaît une forte croissance et nous avons même lancé un Grenelle de l'emploi pour embaucher 9 000 personnes d'ici 2 ans" a rappelé Frédérique Jézégabel, la déléguée générale UIMM de Midi-Pyrénées. "Nos entreprises recrutent et c'est un appel fort pour les personnes qui s'installent dans la région."

Une dynamique insuffisante

Il n'empêche, la « bulle toulousaine » tirée par une activité industrielle, hyper dynamique, ne suffit plus à faire résister les marchés du bâtiment et de la construction. Patrick Saint Agne, PDG de Saint Agne promotion et représentant de la FPI a confirmé de mauvais chiffres. " Tout allait bien en 2011, mais nous sommes bien plus réservés sur les perspectives de 2012 ", a-t-il déclaré. En effet, le premier trimestre 2012 s'est soldé par - 59 % de commercialisation de logements neufs dans Toulouse et - 44 % dans l'agglomération toulousaine.

Même analyse pour Jean-Armand Fabre, secrétaire général Midi-Pyrénées de la Fédération Française du Bâtiment. " Nous enregistrons une baisse des mises en chantier de 44 % au 1er trimestre 2012 par rapport à 2011, dans la région. La commande publique est inexistante et les particuliers boudent l'achat de logements neufs pour l'instant ", indique-t-il. Selon lui, les raisons de s'alarmer sont réelles car, dans bon nombre d'entreprises du secteur, les caisses sont vides. " Lors de la crise de 2009, les entreprises du bâtiment ont fait le choix de puiser dans leur trésorerie et d'envoyer leurs salariés en formation plutôt que de licencier. Mais aujourd'hui elles n'ont plus de trésorerie et un carnet de commande à 5 mois, ce qui est peu. "

Les départements ruraux touchés

En dehors de l'agglomération toulousaine, toujours dynamique, les départements ruraux souffrent déjà. L'Aveyron par exemple a perdu 1 805 emplois dans le secteur du bâtiment depuis août 2011, et dans le Tarn-et -Garonne huit entreprises du secteur sont en liquidation judiciaire. Dans les banques de réseaux, l'activité des crédits immobiliers n'échappe pas à cette tendance. " L'activité crédit a été réduite d'1/3 ce premier trimestre par rapport à 2011 ", analyse Mikaël Le Gall, responsable du développement commercial Sud Ouest BNPParibas. Une activité crédit réduite d'un tiers que le spécialiste explique par la baisse des investissements locatifs et la fuite des primo-accédants.

Seule note d'espoir dans ce marché dégradé, des taux de crédit immobilier qui restent stables et toujours plus bas que la moyenne à Toulouse, avec un taux moyen de 3,90 % sur 20 ans.

Béatrice Girard

© Photo Rémi Benoit