Meublés touristiques : comment Toulouse s'évite la fièvre Airbnb

La quatrième ville de France n'échappe pas à l'essor des offres de location autour de meublés touristiques. Cependant, Toulouse, grâce à une réglementation contraignante, semble éviter l'apparition d'une fronde anti Airbnb de la part de ses habitants, contrairement à d'autres villes de France. Les détails.
Toulouse veut s'éviter une fièvre Airbnb avec l'essor des meublés touristiques.
Toulouse veut s'éviter une fièvre Airbnb avec l'essor des meublés touristiques. (Crédits : Rémi Benoit)

Manifestation anti-Airbnb à Marseille et dans le Pays basque. Quota instauré dans la cité balnéaire de Saint-Malo, mais attaqué en justice. Conflits juridiques multiples entre la Ville de Paris et la plateforme de location des meublés touristiques. En France, l'essor d'Airbnb n'est pas sans effet. La cause principale ? Les tensions actuelles sur le marché de l'accès au logement. Cependant, à Toulouse, la présence de la plateforme de location de courte durée n'a pas atteint de telles proportions.

« En France, il y a bien sûr des villes et des quartiers dénaturés par l'activité de ces plateformes de location des meublés touristiques, mais Toulouse n'est pas en tension à ce propos. Il y a certes quelques zones de friction, surtout l'été, mais c'est marginal. Nous ne voulons pas entrer dans le contentieux systématique avec les loueurs Airbnb », commente auprès de La Tribune Jean-Claude Dardelet, le vice-président de Toulouse Métropole chargé de l'attractivité, du tourisme, de l'Europe et de l'international.

Pourtant, la Ville rose n'est pas épargnée par le phénomène Airbnb. Selon les chiffres de la collectivité, 3.270 meublés touristiques ont été loués au moins une fois en 2022. C'est  trois pour-cents de plus par rapport à 2021. Au total, Toulouse Métropole comptabilise environ 5.000 biens référencés.

« Cela se stabilise...Trois quarts proposent des logements entiers, pour le reste il s'agit d'une chambre chez l'habitant. Nous pensons avoir en enregistrement 90% des loueurs à Toulouse. Maintenant, nous devons aller chercher les autres. Certaines offres sur la plateforme ont des enregistrements bidons, ou un même numéro d'enregistrement pour plusieurs logements. Nous chassons ces loueurs », partage l'élu métropolitain.

La réponse ne peut être que politique. Ce mardi 28 novembre, une commission à l'Assemblée nationale s'est réunie pour débattre de la réforme du régime fiscal avantageux dont bénéficient les meublés touristiques. Actuellement, l'abattement est de 71 % sur les revenus locatifs de ce type de biens, de 50 % pour les autres meublés, et de 30 % pour la location nue. Un accord sur un régime fiscal unique à 40% pourrait ainsi émerger et rendre moins attractive la location sur des plateformes du type Airbnb. La classification DPE pourrait aussi entrer en compte pour éviter que passoires thermiques soient proposées comme meublés touristiques.

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Toulouse chasse les gros

Face à la pression des collectivités sur le sujet envers le gouvernement, l'association des élus des grandes villes, France Urbaine, organise un séminaire d'une journée, le 4 décembre, à La Rochelle (Charente-Maritime), en partenariat avec les élus locaux dédié à la régulation de ces meublés touristiques. En plus de la législation, il sera aussi question de partager les bonnes pratiques.

À Toulouse, il a été décidé de rendre obligatoire, dès le début de l'année 2019, l'enregistrement des biens concernés auprès des services de Toulouse Métropole. C'est ainsi que la collectivité a constaté le phénomène des gros loueurs Airbnb.

« Nous n'avions pas du tout anticipé ni même imaginé cette réaction du marché. Sur les 3.700 loueurs différents à Toulouse, 450 sont des personnes morales et 15 ont plus de 10 logements. Un est même propriétaire de tous les logements d'un seul et même bâtiment : cela s'appelle un hôtel sans les désavantages puisqu'il n'y a pas de TVA sur la location des meublés touristiques. Ces pratiques doivent cesser », prévient Jean-Claude Dardelet.

Face à cela, Toulouse Métropole vient tout récemment de serrer la vis. Depuis le premier novembre 2023, elle impose aux loueurs Airbnb la compensation, à partir du troisième meublé touristique loué, au mètre carré près dans la même zone avec la mise à disposition d'un logement pour de la location pérenne. Trois zones ont ainsi été définies par la collectivité : l'hypercentre, le centre-ville de Toulouse hors hypercentre, puis la première couronne. « Nous espérons désormais un système vertueux », souffle l'élu dont l'agglomération souffre d'un manque de logements. Volontairement, les élus locaux ont attendu le passage de la coupe du monde de rugby pour faire entrer en vigueur cette règle, alors que l'événement sportif a généré 77 millions d'euros de retombées économiques directes selon Toulouse Métropole. « Pour mémoire, la Métropole s'était fixé comme objectif 38M€ de retombées directes, la différence s'explique par une durée de séjour plus longue et un panier moyen plus élevé qu'initialement prévus », souligne la collectivité.

Jean-Claude Dardelet, qui participe à des réunions de travail nationales sur la fiscalité des meublés touristiques, a également porté récemment de nouvelles délibérations au sein du conseil métropolitain ces dernières semaines. « Ces nouvelles délibérations doivent permettre de clarifier le mode opératoire des changements d'usage temporaires à caractère personnel des meublés touristiques. Nous avons aussi voulu rendre ces locations cohérentes avec d'autres réglementations comme les règlements de copropriété, le plan local d'urbanisme ou le schéma directeur du développement de l'hébergement marchand », commente le vice-président de Toulouse Métropole.

Contactée à plusieurs reprises pour commenter ces nouvelles dispositions locales, l'association des hôtes LCD (location courte durée) de Toulouse Métropole n'a pas donné suite à nos sollicitations, pour le moment. Néanmoins, sur sa page du réseau social Facebook, le collectif qualifie de « sujet brûlant » celui de « la compensation ». Ses membres doivent se réunir le 6 décembre en assemblée générale, et nul doute que les nouvelles directives toulousaines à leur propos seront au coeur des discussions.

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