Mine de Salau : la réouverture des travaux inquiète les opposants

La société des Mines du Salat, a annoncé le 15 avril avoir reçu l'autorisation de reprendre les travaux de mise en sécurité de la mine de Salau, en Ariège. Fermement opposés au projet, des habitants s'inquiètent de cette décision qu'ils jugent dangereuse pour les personnes, mais également pour l'environnement et le tourisme.
Les opposants à la réouverture des mines de Salau craignent la contamination à l'amiante et la pollution de l'environnement. (Crédits : Apollo Minerals)
Les opposants à la réouverture des mines de Salau craignent la contamination à l'amiante et la pollution de l'environnement. (Crédits : Apollo Minerals) (Crédits : Reuters)

La société des Mines du Salat, filiale de la compagnie minière australienne Apollo Minerals, a annoncé le 15 avril avoir été autorisée par arrêté préfectoral à réinstaller les services miniers dans la mine d'or et de tungstène de Salau (Ariège), fermée depuis 30 ans. Ainsi, l'entreprise peut désormais terminer les travaux de mise en sécurité débutés en septembre 2018, une action qui devrait durer un mois.

Néanmoins, cette réouverture éventuelle inquiète les opposants, notamment les militants du Comité Écologique Ariégeois (CEA). Depuis plusieurs années, le secrétaire général du comité, Marcel Ricordeau, fait partie de ceux qui se battent pour démontrer la dangerosité de l'amiante présente dans les mines sur la santé des habitants et des employés.

"Nous savons que l'ancienne exploitation a provoqué des maladies dues à l'amiante, comme des cancers du poumon. Elles ont eu pour conséquences des décès prématurés. C'est prouvé, il y a eu des avis de médecins, d'infirmières, etc. La partie adverse qui soutient le projet depuis le début minimise cet événement qui est tout à fait historique. C'est inquiétant que la présence avérée de l'amiante ne soit pas reconnue par Apollo et son expertise", explique Marcel Ricordeau.

En effet, la présence d'amiante n'est pas une réalité aux yeux de l'industriel.  "Je suis entré dans la mine avec deux experts. Je ne l'aurais jamais fait si j'avais pensé qu'il y avait des risques d'amiante !", assurait à La Tribune le 23 octobre Hugo Schumann, le directeur exécutif d'Apollo Minerals.

Pollution de l'environnement

Au-delà de la contamination des personnes, les opposants craignent la pollution de la rivière du Salat, qui s'écoule tout près. Jugée "catastrophe écologique" par le maire de Couflens Henry Rchl, la réouverture des mines et le stockage des déchets industriels qui en découlerait pourrait engendrer une  "catastrophe au niveau de la pollution du sol et des eaux", selon Marcel Ricordeau.

La société des Mines du Salat, quant à elle, a décidé d'améliorer la ventilation naturelle des mines pour soutenir les activités d'exploration de ces dernières, De plus, l'entreprise s'est également engagée à évaluer les risques potentiels sur l'environnement et les personnes une fois les travaux de mise en sécurité de la mine terminés.

"Nous allons livrer le ventilateur sur le site et commencerons les travaux nécessaires afin que la mine soit en bon état de fonctionnement. C'est indispensable pour l'évaluation des risques sanitaires et environnementaux de nos prochains programmes de forage et d'échantillonnage", ajoute Hugo Schumann.

Risques pour le tourisme

"Comment Salau s'est remise après la fermeture de la mine ? En partant sur autre chose, à savoir le tourisme très raisonné", estime Marcel Ricordeau. Grâce à la richesse de la faune et la flore de la vallée du Haut-Salat (loutres, truites sauvages réputées, randonnées, etc), qui se trouve au coeur du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises, les villages voisins de la mine ont développé un tourisme accès sur la nature. Un tourisme qui pourrait être mis à mal avec la réouverture des mines.

"Nous avons entretenu sept circuits de randonnées, ouvert plusieurs gîtes communaux. Le tourisme avait commencé à se développer mais les gens ne viendront plus une fois que les rivières seront polluées par des rejets de produits chimiques et qu'ils sentiront les odeurs de l'usine de traitement. Nous sommes prêts à nous battre jusqu'au bout pour la vallée", déclarait Henri Richl à la Tribune en octobre dernier.

Cependant, certains habitants et commerçants des alentours, favorables à la réouverture de la mine, voient en elle une opportunité de développer le tourisme industriel.

 La création d'emploi

L'un des arguments principaux d'Apollo Minerals pour valoriser les bienfaits de la reprise d'activité de la mine de Salau est "l'opportunité de créer des emplois dans la vallée qui est confrontée à beaucoup de chômage", selon son directeur exécutif. Un argument qui n'a que peu de valeur aux yeux du secrétaire général du CEA.

"Avant que le permis soit attribué, il a été question de 750 emplois voire plus. Maintenant nous sommes à 46 emplois, ça a été dit à France Inter. Il y aura quand même des gens chargés de placer les explosifs, ou des électriciens. Mais en terme d'emplois, c'est très peu. Il y aura donc surtout des ingénieurs et ce ne seront pas les gens de la vallée", souligne Marcel Ricordeau.

Selon Hugo Schumann, la réouverture de la mine de Salau serait "une opportunité pour la France de créer une ressource indépendante de tungstène alors que la Chine détient actuellement 80% du marché". De plus, ce dernier affirme que le chiffre d'affaires de la mine pourrait potentiellement s'élever à "24 millions d'euros par an".

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Commentaire 1
à écrit le 17/05/2019 à 19:59
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Membre de l'association PPERMS qui défend le projet de recherche de la mine. Serait t-il possible de pouvoir exprimer notre position dans vos colonnes. Merci de votre réponse.

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