2015 : l’année de la renaissance pour le roquefort ?

La confédération du roquefort fête cette année les 90 ans de son appellation d’origine. L’occasion de faire un point sur cette filière, qui a connu une baisse systématique de ses ventes et de sa production depuis 2008. Cependant, grâce à un changement d’angle de communication et une stratégie à l’export très performante, la confédération arrive depuis 2014 à stabiliser ses ventes. Une augmentation de 5 % a même été constatée sur les 4 premiers mois de 2015.
Une cave de roquefort

Au même titre que la baguette de pain, le béret ou encore le camembert, le roquefort est un symbole fort de la France. Ce dernier fête d'ailleurs en cette année 2015 les 90 ans de son appellation d'origine. En effet, dès 1925, le roquefort a été le premier produit alimentaire à recevoir ce label, garantissant une technique de fabrication bien précise. Pour Robert Glandières, le président de la confédération du roquefort, cet anniversaire est un bon moyen de rappeler à tous ce qu'est le roquefort, et quelle est son histoire :

"Le roquefort n'est pas un fromage banal, il est unique en son genre. C'est le fruit d'un vrai savoir-faire artisanal, avec un lait et une technique bien précise, qu'il ne faut en aucun cas détourner sinon on s'éloigne de la qualité de base du fromage."

Renouveler l'image du roquefort

Actuellement, en période de crise, on s'aperçoit que les méthodes de consommation évoluent chez les Français. Les consommateurs veulent tout, plus vite et moins cher. Or, "le roquefort est un produit noble et festif, qu'on ne consomme pas comme ça, explique Robert Glandières. Les consommateurs se tournent donc logiquement vers des fromages plus simples à manger, tels que le cantal ou le basque." Difficile pour le roquefort de faire face à ces changements. Conséquence, depuis 2008, les ventes chutent. Ce qui a fait réagir la confédération.

"Nous ne pouvions pas dénaturer notre produit, remarque Robert Glandières. Nous avons voulu faire prendre conscience aux consommateurs qu'on ne mange pas du roquefort qu'à Noël sur un plateau de fromage à la fin du repas, il existe une multitude de façon de le consommer."

Ce renouvellement de l'image du roquefort est actuellement le principal axe de développement pour la confédération. À l'occasion de ce 90e anniversaire de l'appellation d'origine, cette dernière va par exemple lancer un food truck de dégustation de roquefort, pour prouver que ce fromage peut être consommé de multiples façons, contrairement aux idées reçues.

Selon Robert Glandières, la stratégie adoptée est payante : "En 2014, nous avons réussi à stabiliser nos ventes, et les 4 premiers mois de 2015 sont très encourageants avec une augmentation de 5 %." À terme, les ventes devraient augmenter de 2 à 3 % cette année. Une première depuis 2008.

"L'exportation nous a permis de rester
la tête hors de l'eau"

Si les ventes s'améliorent en France cette année, Robert Glandières n'oublie pas l'exportation.

"Malgré une stratégie de communication efficace aujourd'hui en France, il ne faut pas négliger l'exportation. C'est elle qui nous a permis de rester la tête hors de l'eau pendant toutes ces années", se rappelle le président de la confédération.

En effet, 22 % de la production totale de roquefort est exportée, principalement vers l'Espagne et les voisins immédiats tels que l'Allemagne, la Belgique et l'Angleterre. Le fromage français s'exporte aussi outre-Atlantique, au Brésil et aux États-Unis.

"Nous espérons beaucoup vendre le roquefort au Japon et dans les pays de l'Amérique Latine très prochainement, envisage Robert Glandières. Avec la marque Sud Ouest France, nous avons pu nous développer à l'international avec un peu d'aide de la part de ce label reconnu à l'échelle mondiale."

Malgré le succès du produit à l'étranger, Robert Glandières garde la tête sur les épaules : "Nous n'allons pas lâcher nos marchés porteurs, que l'on connaît bien et là où le succès est au rendez vous, pour aller nous aventurer sur des marchés inconnus."

Le roquefort : un produit très marqué culturellement

Symbole de la résistance à la malbouffe depuis que José Bové l'a brandi face aux caméras en 1999 lors du démontage d'un restaurant McDonald's de Millau (Aveyron), le roquefort s'affranchit aujourd'hui de cette image d'Épinal. "Le roquefort représente la vrai cuisine à la française, s'enorgueillit Robert Glandières. C'est un produit qui marque." Et qui peut ne pas plaire.

"Le roquefort est un produit culturellement très fort, Un pays comme la Chine, avec une culture à l'opposé de la nôtre, n'a pas du tout bien accueilli le produit et ses spécificités, reconnaît le président de la confédération du roquefort. Il faut apprendre à le déguster."

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