C'est le pionnier dans son domaine. Le groupe GA Smart Building a été le premier à utiliser dans le BTP la méthode de la modélisation numérique des données des bâtiments qu'il conçoit, une technique déjà très usitée dans le secteur de l'aéronautique. Développé depuis six années au sein de l'entreprise fondée en 1875, le BIM (pour building information modeling, ndlr) révolutionne la façon d'aborder et d'élaborer un chantier immobilier.

"Le BIM est un jumeau numérique du bâtiment qui est construit. Cette maquette numérique contient notamment la forme des bâtiments, la nature des matériaux, différents calculs et notes qui permettent d'assurer le bon déroulement du chantier. Ce n'est pas seulement un outil, c'est aussi une manière de travailler ensemble. Le BIM permet d'anticiper les problèmes que l'on peut rencontrer sur le terrain, mais il permet également une meilleure coordination entre tous les différents intervenants, ayant tous accès à ce double numérique. Cette méthode de travail permet de réduire considérablement la durée des chantiers et donc les coûts", décrit Sébastien Matty, le président du groupe GA.

Exemplaire de building information modeling (Crédit : groupe GA).

Afin d'obtenir ce gain de temps pouvant aller de quelques semaines à plusieurs mois, le BIM est utilisé lors de toutes les étapes du projet : de la conception à la livraison, en passant par l'élaboration des pièces en usine et le montage sur site. "Pour cette raison, nous parlons de full BIM", ajoute le dirigeant. Remise également au client, cette maquette numérique conserve toute son utilité après la fin du chantier.

"Elle a trois applications. Tout d'abord, la modélisation du bâtiment peut être utile pour toutes les opérations de maintenance qui le concerne. Ensuite, elle peut servir dans le cadre de ce qu'on appelle le space management, à savoir la réorganisation de l'espace. Enfin, la maquette numérique permet un pilotage des lieux en temps réel puisqu'elle apporte des informations comme la température interne et le consommation énergétique en instantanée", explique Sébastien Matty.

Un MOOC pour partager leur savoir-faire

Le Groupe GA Smart Building dispose d'un temps d'avance sur ses concurrents grâce à cet outil. Le leader français dans la construction hors site (construction des pièces en usine avant livraison sur chantier) a pourtant pris récemment une position assez étonnante : partager ses compétences dans le BIM.

"ll y avait un choix à faire entre d'un côté rester dans son coin avec l'avance technologique dont nous disposons, soit créer une vraie communauté autour de notre groupe et du BIM afin d'avancer avec l'ensemble des acteurs sur ce sujet. Nous avons opté pour la logique de la coopération et du partage".

Ainsi, depuis mardi 16 janvier dernier, le groupe GA a lancé un MOOC (outil de formation en ligne, gratuit et accessible à tous, ndlr) autour des usages du BIM, en collaboration avec l'INSA Toulouse. Pendant quatre semaines, les inscrits ont le choix entre un parcours découverte et un autre beaucoup plus approfondi. Un bilan sera effectué à l'issue de ces quatre semaines pour déterminer si l'expérience sera renouvelée ou non. Actuellement, 4 000 personnes sont inscrites à ce MOOC "alors qu'on pensait en avoir une centaine", se réjouit Sébastien Matty. Signe d'un vrai engouement.

Ossabois, nouvelle propriété du Groupe GA

Le groupe GA Smart Building est à la fois promoteur, concepteur, constructeur, gestionnaire immobilier et il commercialise lui-même les bâtiments qu'il construit. Sa méthode de travail (full BIM, ndlr) et cette multitude de casquettes font de l'entreprise le leader national de la construction hors site, nouvelle tendance du BTP. Une position qu'il entend conserver. Pour cela, le groupe GA a repris officiellement à Bouygues Immobilier le 20 décembre 2017 l'entreprise Ossabois, spécialiste de la construction hors site de maisons en bois.

"Cette acquisition va nous permettre d'améliorer le bilan carbone de chaque opération. Nous souhaitons être exemplaire sur la performance environnementale et pas seulement énergétique. Autre raison, cette intégration nous offre la possibilité de proposer sur nos catalogues des immeubles à la fois en bois et en béton, soit 100 % bois ou 100 % béton comme c'est le cas actuellement. Enfin, grâce au positionnement de Ossabois, nous allons accélérer notre développement sur le marché résidentiel", justifie Sébastien Matty.

Pour cette nouvelle offre, les deux entreprises entendent mettre en place un bureau d'études commun à Paris ou à Toulouse. Des synergies sur les branches commerciales devraient également avoir lieu. Toutefois, cet achat, dont l'entreprise ne souhaite pas divulguer le montant, ne va engendrer aucun licenciement, ni changement de direction ou fermeture de site. La marque Ossabois va également perdurer.

300 millions d'euros de chiffre d'affaires prévus en 2018

Au total, le Groupe GA compte désormais 675 collaborateurs (500 avant l'opération de rachat), après avoir recruté 110 salariés en 2017. Aux cinq usines de l'entreprise (dont deux à Toulouse), s'ajoutent maintenant les trois usines d'Ossabois situées dans l'Est de la France, dont le siège social se trouve entre Clermont-Ferrand et Lyon.

Le groupe GA, qui a acheté Ossabois grâce à ses fonds propres, bénéficie d'une forte croissance de son activité ces dernières années et cela devrait continuer. Après avoir réalisé un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros en 2017, le groupe table sur 275 millions pour l'année en cours, voire plus de 300 millions si on y ajoute les activités d'Ossabois.

Pour y parvenir, l'entreprise se positionne désormais sur les marchés de la santé (plateforme de chirurgie ambulatoire de la Pitié-Salpetrière), de l'hôtellerie (premier hôtel Moxy, totalement en bois, à Paris) et de la logistique. C'est elle qui est en charge de la construction de la plateforme logistique pour le géant du e-commerce Amazon à Brétigny-sur-Orge. Ce site de 142 000 mètres carrés sera la plus grosse opération de logistique en France, tout ça construit en seulement une année.