AZF, l'émotion avant les délibérations du procès

350 personnes, dont de nombreux élus locaux, associations et familles de victimes, se sont rassemblées ce matin pour commémorer le 11e anniversaire de la catastrophe d'AZF. A trois jours des délibérations du procès en appel, cette cérémonie était chargée d'émotion.
La cérémonie s'est déroulée devant le nouveau mémorial en l'honneur des victimes d'AZF

350 personnes, dont de nombreux élus locaux, associations et familles de victimes, se sont rassemblées ce matin pour commémorer le 11e anniversaire de la catastrophe d'AZF. A trois jours des délibérations du procès en appel, cette cérémonie était chargée d'émotion.

Les affrontements sur la responsabilité de l'industriel Total ont laissé place à l'émotion ce matin sur l'ancien site d'AZF. Près de 350 personnes se sont rassemblées afin de rendre hommage aux victimes de la catastrophe. Pour la première fois, Pierre Cohen a assisté à deux cérémonies à un quart d'heure d'intervalle. En effet, l'association "Mémoire et solidarité" a rendu hommage à 10 heures aux victimes devant sa propre stèle, où figurent les noms des 21 salariés de l'usine morts dans l'explosion. "Notre recherche de vérité est sans limite et ne s'arrêtera pas après le procès", a insisté Jacques Mignard, président de l'association.

La deuxième cérémonie a eu lieu quelques mètres plus loin à 10 h17, heure exacte de l'explosion de l'usine de produits chimiques. La sirène a alors retenti. Les noms des 31 victimes du 21 septembre 2011 ont alors été énoncés, avant que chaque association et élus locaux ne dépose une gerbe devant le mémorial, suivi d'une minute de silence.

Recueillement des élus locaux

Le maire de Toulouse Pierre Cohen et le président du Conseil général Pierre Izard étaient au premier rang lors des dépôts de gerbe. A leurs côtés, le préfet de la Haute-Garonne et de Midi-Pyrénées Henri-Michel Comet, la première vice-présidente du Conseil régional de Midi-Pyrénées Nicole Belloubet, l'ancien maire UMP Jean-Luc Moudenc, le député de la 9e circonscription de Haute-Garonne Christophe Borgel, la députée SRC de la 4e circonscription de la Haute-Garonne Martine Martinel et le sénateur de la Haute-Garonne Jean-Jacques Mirassou, participaient eux aussi à la cérémonie. « Il est important de renouveler les mêmes efforts que pour les 10 ans » a insisté Pierre Cohen. Il y avait tout de même des absents. L'association « les sinistrés du 21 septembre » a choisi de se retrouver comme l'an passé sur le rond-point du 21 septembre.

La cérémonie du 11e anniversaire a eu lieu devant l'œuvre réalisée par le plasticien toulousain Gilles Conan et un laboratoire belge d'urbanisme et d'architecture. 296 tubes en inox disposés en cercles concentriques symbolisent le cratère, vestige de l'explosion. L'inauguration devra encore attendre quelques mois. « On ne va pas mettre de l'huile sur le feu. Le procès est un moment qui ravive la souffrance des toulousains » a expliqué le maire de Toulouse.

La mémoire vivace

La ville compte se doter « d'autres ambitions en mémoire de cette catastrophe ». « Je suis fier de l'Oncopole. C'est une des très bonnes idées de mon prédécesseur Philippe Douste-Blazy. La lutte contre le cancer est une thématique à la hauteur de la souffrance laissée par la catastrophe », relève Pierre Cohen. Toutefois, l'ombre de Sanofi plane sur cette journée. Irrité par ce conflit, le maire souhaite privilégier l 'osmose entre la recherche, le besoin des patients et des entreprises. A terme, il souhaite transformer ce lieu en un campus de lutte contre le cancer. « Trois projets immobiliers sont en cours », ajoute-t-il. Deux locaux devraient voir le jour sur l'ancien site d'AZF, dont un destiné aux associations. « Il accueillera des expositions photos » ajoute Pierre Cohen. Une manière de rappeler l'histoire de ce lieu, « mémoire de la catastrophe ».

La justice en ligne de mire

« Il faut que justice se fasse », poursuit Pierre Cohen. Les avocates des parties civiles étaient également présentes pour honorer la mémoire des victimes. Agnès Casero, avocate du comité de défense des victimes AZF explique qu'« il n'y a pas d'économie sans éthique ». Selon elle, « Total se bat aujourd'hui pour son image, pas pour son argent ». Quant à Stella Bisseuil, l'avocate des victimes, elle éprouve beaucoup d'anxiété sur l'aboutissement de ces 11 ans de combat. « J'espère que la décision de condamnation viendra clôturer les fantasmes. C'est une affaire sérieuse, mais le dossier a été complexifié » assure-t-elle. Plus qu'une simple condamnation, elle attend du procès « une explication afin de comprendre les points faibles de ce type d'usine ». La Cour d'Appel de Toulouse rendra son jugement lundi 24 septembre.

Sandra Cazenave

Crédit photo : SC

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.