Le Premier ministre a tranché, la LGV Toulouse-Bordeaux sera mise en service au plus tard en 2030

Les arbitrages tant attendus sur l'avenir de la LGV Toulouse-Bordeaux ont été rendus aujourd'hui. Par la voix du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l'État s'engage à mettre en service cette ligne à horizon 2030, dix ans plus tard que la date initialement prévue.

Si depuis le 27 juin et la remise du rapport Duron au ministre des Transports, Frédéric Cuvilier, l'incertitude concernant le maintien ou non du projet de ligne LGV Toulouse-Bordeaux dans les priorités de la politique des transports était levée, restait encore l'inconnue de la date de sa réalisation. À l'époque, deux scénarios étaient dans la balance : la première hypothèse prévoyait de reléguer la mise en chantier de la ligne à horizon 2030-2050. Plus optimiste, la seconde prévoyait une mise en service avant 2030 à condition qu'un effort soit entrepris au niveau des ressources mobilisées. Coût envisagé du chantier : 7 Md€. C'est finalement le scénario choisi par le gouvernement.

Bordeaux-Toulouse "prioritaire"

Cet après-midi, dans le cadre des engagements de l'État pour "mobiliser l'investissement au service d'une économie compétitive et durable sur l'ensemble des territoires", le Premier ministre a donc confirmé que la voie reliant les deux capitales du Sud-Ouest est"prioritaire" et qu'elle entrerait en fonction dans une quinzaine d'années. "L'enjeu n'est pas de se lancer dans des projets pharaoniques, mais d'agir sur la mobilité quotidienne, a-t-il lancé en préambule de son discours. Concernant les grands projets, le gouvernement partage les conclusions du rapport de la commission Mobilité 21."

Plus tôt dans la journée à l'Assemblée devant les parlementaires, il avait déjà assuré que " le gouvernement a(vait) choisi le scénario le plus ambitieux présenté par la commission Duron". Une décision s'inscrivant dans la continuité des propos tenus par le chef du gouvernement il y a quelques jours, et qui semblait déjà rejoindre sur de nombreux points les conclusions du rapport Mobilité 21. La seule partie transport de ce plan représente près de 30Md€ d'investissement, un "véritable effort" tient à préciser l'ancien Maire de Nantes.

Avec ce plan "Investir pour la France" où la rénovation des infrastructures des transports n'est qu'un des quatre volets prévus (énergie, numérique, santé), l'État entend mettre à disposition des projets ambitieux une enveloppe de 10 à 12 Md€ assortie d'un emprunt, loin des 250 Md€ promis par le précédent gouvernement comme l'a rappelé le Premier ministre lors des questions d'actualité du 3 juillet: "Nous avons hérité de vos promesses de 250 Md€ d'investissements dans les transports, pas un euro n'était financé !" tout en ajoutant "ça sera des vrais euros, des vrais investissements pour l'avenir."

Division de la classe politique toulousaine

Dans le milieu politique toulousain, véritablement divisé entre les partisans de la ligne Ayrault et les défenseurs d'une alternative au tout-TGV, la prise de position du gouvernement était attendue. Dans le premier camp, on retrouve les élus socialistes au pouvoir, lesquels s'étaient félicités des recommandations du rapport de la commission Duron. En face, une coalition allant des écologistes aux associations citoyennes (l'Alternative TGV Midi-Pyrénées) qui n'ont cessé de prêcher pour une politique des transports remaniée autour de la logique environnementale. Entre les deux, l'UMP locale fait le grand écart comme ses leaders l'ont rappelé cette semaine lors d'un point presse. À la fois attachés à la LGV Toulouse-Bordeaux et critiques vis-à-vis des modalités de financement, ils appelaient de leur vœu à un "accompagnement d'un plan détaillé de financement" du projet sous peine d'y voir seulement "une annonce politicienne et préélectorale, pour séduire l'électorat toulousain, à l'approche des élections municipales de mars 2014."

Pour rappel, il y a encore deux ans de cela, élus et décideurs espéraient voir la LGV Toulouse-Bordeaux entrée en fonction dès 2020. Pour autant, si le chantier est repoussé d'une décennie, les deux villes du Sud-Ouest s'en sortent plutôt bien, étant les seules à voir leur projet de construction d'une voie ferroviaire acceptée par le gouvernement.

Jérémy Lacoste
Photo © Rémi Bénoit

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